TRACKS
de
John Curran
Un
film qui réunit Mia Wasikowska et Adam Driver est toujours un film
qui trouve sa place dans notre maison. Nous nous sommes donc blottis
l'un contre l'autre et nous l'avons découvert.
Tracks
est tiré du roman de Robyn Davidson qui retrace son périple à
travers le désert australien qu'elle traversa avec quatre chameaux
et un chien noir. Au milieu des années 70, avec une idée ancrée en
elle, elle débarque dans une petite ville frontalière du désert,
pour apprendre à dresser les chameaux. Après plusieurs mésaventures
et de belles rencontres dont celles d'un journaliste- photographe du
national géographique elle commence son périple.
Le
point fort de ce film est ses acteurs. Avant tout autre la
talentueuse Mia Wasikowska qui déploie tout son talent pour porter
ce film. Son jeu permet de créer des nuances à ce personnage assez
monolithique et versatile. Elle lui donne un coté humain et cohérent
avec luminosité et force.
Puis
il y a les apparitions d'Adam Driver qui rythment le film. Sa grande
silhouette ou celle de sa voiture, viennent rompre la monotonie de la
ligne d'horizon et promettent de l'humain dans cette traversée. Sa
voix qu'il modèle suivant les moments du film, tantôt rieuse et
tonitruante; tantôt chaude douce et apaisante devient rapidement le
refuge du spectateur. Même dans ces maladresses,il est touchant.
Et
ça fait du bien! Car le personnage principal est aride. Je n'arrive
pas bien à savoir si c'est le scénario et la réalisation qui
provoque ce sentiment. Car en effleurant le pourquoi elle dit vouloir faire ça; sous la forme d'une catch phrase prononcée rapidement. Et en
n'approfondissant pas ce qu'elle veut résoudre en réalisant cette
traversée. Elle revêt l'aspect d'un jeune femme qui a une lubie et
qui est capable de bouger des montagnes et de monopoliser les gens
pour ça sans leur porter aucune attention.
Ou
alors si c'est la personnalité de notre aventurière. ses choix
laissent apparaître une femme complexe.
Elle peut être adorable
avec les aborigènes qu'elle rencontre et avec qui elle partage un
bout de route; quasi séductrice voire capricieuse avec le dernier
homme «blanc» qu'elle croise dans son périple. Elle est
ambivalente avec ses animaux, sauf son chien. Sur bien des points on
s'aperçoit qu'elle a préparé son voyage de manière logistique.
Mais tout ce qui touche à leur bien être et à la manière de
prendre soins d'eux est un concept différent. Elle aime ses
chameaux, mais à sa manière. Quant à ses réactions face au
journaliste, elles sont très immatures. Ce sont jamais les mêmes;
mais le plus souvent elles sont méprisantes alors qu'il se plie en
quatre pendant tout le périple pour qu'elle puisse vivre son
aventure. Allant jusqu'à traverser une partie du désert pour
jalonner le trajet qu'elle a choisi de jerricans d'eau, car elle ne
veut
pas faire de détour pour localiser les points d'eau.
Une
chose est sure c'est que la conjonction des deux ne favorise pas
l'empathie ou même la sympathie envers elle. Mais il n'y a pas
d'antipathie non plus; on la regarde évoluer, souvent étonné de
son manque de jugeote. Le
prince de ce blog me fait remarquer en riant que je n'ai pas parlé
des animaux.Ils sont importants car ils sont le rare lien avec
l'humanité de Robyn. Spécialement son chien qui fait ressortir, son
meilleur coté. Puis comme elle est peu attachante on déplace notre
attention sur eux.
La
réalisation,on a beaucoup à dire dessus. Le voyage de Robyn est
très peu exploité. Tout est énoncé au premier degré. Elle croise
des aborigènes, au début du film la manière dont ils sont traités
est mise en exergue, mais ce film ne dénonce rien, montre vaguement
des choses qui ont un goût d'anecdote. C'est un loupé. Elle
rencontre un couple au milieu de nulle part, mais on n'aborde pas le
pourquoi ils vivent là... elle joue au scrabble. Dès les premières
minutes il y a des embryons d'idées à développer qui auraient donné
une épaisseur au film, mais ils restent là, à peine énoncés.
Rajoutez à cela
cette manie de filmer Robyn (plus ou moins)nue. Alors oui, les années
70,c'est l'age d'or des paréos et de la nudité mais je n'ai pas
vraiment trouvé d'utilité a cette prise de positions. Mais Mia est
sublime et ça ne gâche rien, c'est juste racoleur.
Je
finirai par la photographie. Je suis sûrement trop gâtée par les
films que j'ai vu, ou les images sont composées avec soins. La,c'est
le désert, ça devrait être majestueux, la lumière devrait être
éclatante. Mais non c'est simplement beau, c'est tout! N'attendez
pas une créativité à la manière de La Isla Minima, tout est
filmé à hauteur d'homme ou de chameaux. Les seules belles images,
les seules vraiment audacieuses sont celles qui représentent les
photographies qu'a fait Rick. La volonté de retrouver ses couleurs,
ses lumières, sa compositions enrichissent ces moments du film
Je
suis déçue, Tracks est le film que j'aurai aimé aimer. Mais
finalement je n'en garde que la prouesse des acteurs. Et la
découverte des photos de Rick Smolan que je vous conseille d'aller
voir et attardez vous sur celles qu'il a fait de Robyn.
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