Tracks

by - mars 23, 2017


TRACKS
de John Curran

Un film qui réunit Mia Wasikowska et Adam Driver est toujours un film qui trouve sa place dans notre maison. Nous nous sommes donc blottis l'un contre l'autre et nous l'avons découvert.

Tracks est tiré du roman de Robyn Davidson qui retrace son périple à travers le désert australien qu'elle traversa avec quatre chameaux et un chien noir. Au milieu des années 70, avec une idée ancrée en elle, elle débarque dans une petite ville frontalière du désert, pour apprendre à dresser les chameaux. Après plusieurs mésaventures et de belles rencontres dont celles d'un journaliste- photographe du national géographique elle commence son périple.

Le point fort de ce film est ses acteurs. Avant tout autre la talentueuse Mia Wasikowska qui déploie tout son talent pour porter ce film. Son jeu permet de créer des nuances à ce personnage assez monolithique et versatile. Elle lui donne un coté humain et cohérent avec luminosité et force.
Puis il y a les apparitions d'Adam Driver qui rythment le film. Sa grande silhouette ou celle de sa voiture, viennent rompre la monotonie de la ligne d'horizon et promettent de l'humain dans cette traversée. Sa voix qu'il modèle suivant les moments du film, tantôt rieuse et tonitruante; tantôt chaude douce et apaisante devient rapidement le refuge du spectateur. Même dans ces maladresses,il est touchant.

Et ça fait du bien! Car le personnage principal est aride. Je n'arrive pas bien à savoir si c'est le scénario et la réalisation qui provoque ce sentiment. Car en effleurant le pourquoi elle dit vouloir faire ça; sous la forme d'une catch phrase prononcée rapidement. Et en n'approfondissant pas ce qu'elle veut résoudre en réalisant cette traversée. Elle revêt l'aspect d'un jeune femme qui a une lubie et qui est capable de bouger des montagnes et de monopoliser les gens pour ça sans leur porter aucune attention.
Ou alors si c'est la personnalité de notre aventurière. ses choix laissent apparaître une femme complexe.

Elle peut être adorable avec les aborigènes qu'elle rencontre et avec qui elle partage un bout de route; quasi séductrice voire capricieuse avec le dernier homme «blanc» qu'elle croise dans son périple. Elle est ambivalente avec ses animaux, sauf son chien. Sur bien des points on s'aperçoit qu'elle a préparé son voyage de manière logistique. Mais tout ce qui touche à leur bien être et à la manière de prendre soins d'eux est un concept différent. Elle aime ses chameaux, mais à sa manière. Quant à ses réactions face au journaliste, elles sont très immatures. Ce sont jamais les mêmes; mais le plus souvent elles sont méprisantes alors qu'il se plie en quatre pendant tout le périple pour qu'elle puisse vivre son aventure. Allant jusqu'à traverser une partie du désert pour jalonner le trajet qu'elle a choisi de jerricans d'eau, car elle ne veut pas faire de détour pour localiser les points d'eau.
Une chose est sure c'est que la conjonction des deux ne favorise pas l'empathie ou même la sympathie envers elle. Mais il n'y a pas d'antipathie non plus; on la regarde évoluer, souvent étonné de son manque de jugeote. Le prince de ce blog me fait remarquer en riant que je n'ai pas parlé des animaux.Ils sont importants car ils sont le rare lien avec l'humanité de Robyn. Spécialement son chien qui fait ressortir, son meilleur coté. Puis comme elle est peu attachante on déplace notre attention sur eux.

La réalisation,on a beaucoup à dire dessus. Le voyage de Robyn est très peu exploité. Tout est énoncé au premier degré. Elle croise des aborigènes, au début du film la manière dont ils sont traités est mise en exergue, mais ce film ne dénonce rien, montre vaguement des choses qui ont un goût d'anecdote. C'est un loupé. Elle rencontre un couple au milieu de nulle part, mais on n'aborde pas le pourquoi ils vivent là... elle joue au scrabble. Dès les premières minutes il y a des embryons d'idées à développer qui auraient donné une épaisseur au film, mais ils restent là, à peine énoncés.

Rajoutez à cela cette manie de filmer Robyn (plus ou moins)nue. Alors oui, les années 70,c'est l'age d'or des paréos et de la nudité mais je n'ai pas vraiment trouvé d'utilité a cette prise de positions. Mais Mia est sublime et ça ne gâche rien, c'est juste racoleur.
Je finirai par la photographie. Je suis sûrement trop gâtée par les films que j'ai vu, ou les images sont composées avec soins. La,c'est le désert, ça devrait être majestueux, la lumière devrait être éclatante. Mais non c'est simplement beau, c'est tout! N'attendez pas une créativité à la manière de La Isla Minima, tout est filmé à hauteur d'homme ou de chameaux. Les seules belles images, les seules vraiment audacieuses sont celles qui représentent les photographies qu'a fait Rick. La volonté de retrouver ses couleurs, ses lumières, sa compositions enrichissent ces moments du film

Je suis déçue, Tracks est le film que j'aurai aimé aimer. Mais finalement je n'en garde que la prouesse des acteurs. Et la découverte des photos de Rick Smolan que je vous conseille d'aller voir et attardez vous sur celles qu'il a fait de Robyn.


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