Détour

by - mars 21, 2017


Harper, un jeune étudiant, déteste son beau-père, responsable d’un accident qui a plongé sa mère dans le coma. Un soir, alors qu’il noie son chagrin dans l’alcool, il élabore un plan avec un voyou et une stripteaseuse pour l’assassiner. Le lendemain, à peine remis de sa cuite, Harper n’a pas le temps de se souvenir de sa rencontre qu’il se retrouve embarqué dans une virée vengeresse, contraint d’assumer ses choix…

Détour – 14 Mars 2017 – Réalisé par Christopher Smith


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Christopher Smith est un cinéaste britannique qui officie le plus clair de son temps dans le cinéma de genre. Et c'est lors de ma découverte de son survival « Severance », que j'ai pu constater l'étendu de son talent. Un cinéaste qui n'a jamais cessé de m'étonner notamment avec le tortueux « Triangle » et aussi l'intriguant « Black Death ». Si ses films ont souvent l'honneur des festivals, ils ne sortent pratiquement jamais en France au cinéma et le dernier en date « Detour » ne fait pas exception à la règle.

Harper est un étudiant comme les autres, du moins en apparence. Suite à un accident de la route, sa mère est tombée dans le coma et comme son beau-père n'est pas présent, c'est lui qui fait tout son possible pour la réconforter et lui donner tout l'amour dont elle à besoin. Depuis ce jours là, il voue une haine sans borne à son beau-père qu'il considère comme l'unique responsable. Un désamour qui ne va pas en s'arrangeant, car les médecins ont annoncé à Harper que ça mère allait de plus en plus mal et que la fin était proche. Désemparé par ces nouvelles, il part se saouler, ivre il rencontre Johnny, un petit malfrat qui lui propose de se débarrasser de son beau-père, en lui promettant que tout se passera bien. Le lendemain, alors qu'il a décuvé, Harper voit Johnny et son amie Cherry devant chez lui; d'un coup il se rappelle sa promesse et ne sait plus quoi faire, tuer ou ne pas faire tuer son beau-père …

Je ne peux pas me prononcer sur son précédant film « Get Santa », mais ce « Detour » est un pur film de genre qui ne dénote absolument pas avec le reste de sa filmographie. C'est glauque, tortueux et radical. Et c'est un peu à la manière de « Triangle », que ce thriller efficace transcende son histoire, par une forme absolument délicieuse, donnant au film, l'aspect d'une farce macabre à laquelle on ne peut échapper …

Comme pour l'ensemble de ses films, le scénario est écrit par Christopher Smith. Ici il est question de vengeance, de choix et de responsabilité par le prisme d'un personnage aussi paumé que manipulateur, en la personne de Harper. L'intrigue est alors simple et c'est peut être son seul handicap, à savoir que hormis le choix « tuer ou non son beau-père » qui se pose à Harper, il n'y a rien de bien palpitant ! Mais grâce a une forme qui ne manque pas d'intelligence, il arrive à nous titiller à instiller le doute dans nos propres convictions. Que ferait-on ? Que choisirait-on ? Et est ce que l'on assumerait nos actes ? Une seule réponse à ça « Quand tu décides de te venger, creuse deux tombes, une pour ton ennemi et une pour toi ».

Bref vous l'aurez compris, l'histoire n'est pas très passionnante, sauf que Christopher Smith a deux atouts pour lui qui sublime son scénario, la mise en scène et le montage. C'est vraiment là que le film se révèle brillant. Le réalisateur nous embarque dans un pur exercice de style qui se révèle assez radical, soit vous adhérerez, soit vous resterez sur le coté et personnellement j'ai adoré ça. La composition des plans jouent sur la dualité que l'histoire nous vend par une construction habile de l'image. Puis il y a l'utilisation des nombreux split-screen (écran partagée) qui nous montre les deux points de vues de l'histoire d'Harper, soit séparément ou simultanément, un personnage part, un autre arrive, une info est acquise dans l'un mais transmise dans l'autre … Et ensuite c'est le montage fabuleux signée Kristina Hetherington qui finit de nous mener par le bout du nez et franchement c'est brillant, car ce n'est pas juste pour épater la galerie, mais bien pour maîtriser son rythme et son suspense …

A cela on peut rajouter, un travail plutôt sympathique du directeur de la photo Christopher Ross, qui apporte à l'image toute la chaleur et l'aridité des paysages que l'on traverse. La musique a aussi un rôle que la bande originale assume avec brio, notamment en accentuant le chaos qui anime le personnage de Harper. Quant au casting, on trouve Emory Cohen qui joue le caïd du coin, un brin cliché mais plutôt étonnant dans le dénouement final, révélant un personnage plus fragile qu'il n'y paraît. Bel Powley a aussi droit à un personnage stéréotypée, celui de la soi-disant « prostituée », un classique du genre qui n'est pas flatteur pour l'actrice, mais comme pour Emory Cohen son traitement s'améliore au fur et mesure que le film avance, plus assuré et plus fort. Pour finir, il y a Tye Sheridan, un acteur qui monte et qui se fait une place confortable à l'ombre du panneau Hollywood. Loin de tout ça ici, il incarne Harper, un jeune perdu par le poids des responsabilités, qui se montre de plus en plus ambiguë et c'est constamment sur le fil que l'acteur nous entraîne pour mieux nous cueillir !

Excellent exercice de style maîtrisé par Christopher Smith !


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2 commentaires

  1. J'aime beaucoup le travail de Christopher Smith et cette nouvelle livraison (hélas privée de salle obscure comme à chaque fois) semble à nouveau très alléchante. Merci du conseil.

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