Volver

by - décembre 29, 2016


Madrid et les quartiers effervescents de la classe ouvrière, où les immigrés des différentes provinces espagnoles partagent leurs rêves, leur vie et leur fortune avec une multitude d'ethnies étrangères.Au sein de cette trame sociale, trois générations de femmes survivent au vent, au feu, et même à la mort, grâce à leur bonté, à leur audace et à une vitalité sans limites.
Volver – 19 Mai 2006 – Réalisé par Pedro Almodovar

Suite et fin du cycle Almodovar. Bon qu'une chaîne comme Chérie 25 programme des cycles de films est surprenant pour ne pas qu'on les félicite, bon sauf que trois films c'est court. Et ce que l'on retient au final c'est la frustration qu'engendre un cycle qui s’arrête aussi vite, mais j'ai découvert grâce à ça trois films de monsieur Almodovar. Tout d'abord ce fut « Tout sur ma mère », portrait vibrant de femmes; ensuite « Parle avec Elle » ou l'amour fait faire n'importe et surtout le plus dangereux et enfin, celui que j'ai préféré l'intense « Volver » …

Raimunda vit dans les quartiers populaires de Madrid et fait tous ce qu'elle peut pour joindre les deux bouts. Elle a un mari qui travaille Paco et une jeune fille de 14 ans Paula. Un soir après une journée chargée, elle trouve son mari affalée devant un match de foot qui lui dit qu'il à perdu son travail. En colère à cause de sa nonchalance Raimunda part se coucher sans manger. Le lendemain alors qu'elle essaye toute la journée de joindre sa fille, elle la trouve errante à son retour du travail à l’extérieur de la maison pétrifiée de froid par la pluie qui vient de tomber. Raimunda lui demande de s'expliquer et elle ne peut que constater le drame, son mari à essayer de violer Paula et elle s'est défendue, le tuant par accident. Loin de se laisser aller, elle prend les choses en main pour protéger sa fille, elle nettoie consciencieusement le sang au sol et emballe son « ex-mari » avec soin, avant de le transporter dans le restaurant voisin dont elle a les clés, pour le cacher à l’intérieur d'un congélateur. Un engrenage macabre qui va ramener Raimunda dans le passé, sur les traces de ses démons et de sa mère …

« Volver » en plus d’être le titre du film, c'est un verbe en espagnol qui veut dire « revenir » et c'est exactement ce qu'a fait le film avec moi, il m'a fait revenir vers Almodovar, après la découverte du très moyen « Parle avec elle » et de la sacralisation d'un violeur. Ici on se retrouve dans une histoire à la « Tout sur ma mère », ou les souvenirs personnels se mêlent à la fiction la plus formelle, pour un récit plein d'humour, de drame, de tension et de fantastique …

Inspiré pour une grande part de son enfance, Pedro Almodovar conte une histoire touchante qui impacte les femmes d'une même famille sur trois générations, la fille, la mère et la grand-mère. Une intrigue en cascade ou les erreurs des unes se répercutes sur celles des autres, ou les mensonges se succèdent et ou l'on trouve comme fil rouge l'inceste et le viol (+ tentative) dont sont victimes deux des personnages. Un traumatisme qui se répercute visuellement avec la couleur rouge, qu' Almodovar utilise pour habiller certains éléments (vêtement, voiture, bus) qui nous amènent à chaque fois vers cet acte odieux qui a séparé la mère et la fille et qui les hantes chaque jour qui passe. C'est aussi une façon pour Almodovar de nous montrer le courage et le sens du sacrifice qui anime ces femmes face à la vie et leurs tracas, de la résilience de Raimunda qui cache à sa fille l'identité de son père, de sa capacité à surmonter les épreuves, ou encore le dévouement dont sa mère, qu'elle croyait morte fait preuve pour prendre soin d'une tante qui vivait seule dans le village de son enfance.

Une exemplarité qui force l'admiration, surtout face a ce qu'elle subisse, que cela soit les mensonges, la violences, l'inceste ou la mort, elles restent fière et ne laisse pas paraître la douleur qu'elles peuvent ressentir. Une flopée de sentiment qu'Almodovar réussit à illustrer sans que l'on soit submerger, en mixant les genres et en recoupant les faits entre eux pour mieux nous cueillir au final et c'est brillant ! Que cela soit au niveau de l'histoire très juste, mais surtout de la mise en scène qui exploite à merveille les différents lieux, le village c'est le passé, le quartier de Raimunda à Madrid le présent et les différentes aller-retour entre les deux symbolise à merveille la peur des personnages devant le changement qui se trouve devant eux. Un sentiment qui atteint son paroxysme lorsque Penelope Cruz fait un play-back ou l'on entend la voix d'Estrella Morente qui chante la chanson « Volver » et qui pose des mots sur ce qu'elles ressentent toutes, fille comme mère, c'est simple mais tellement beau … Quant au casting, il mérite largement son prix d'interprétation collectif qu'il a eu à Cannes en 2006, car que cela soit Penélope Cruz, Lola Dueñas, Blanca Portillo, Carmen Maura, Yohana Cobo ou Chus Lampreave, elles jouent juste et avec conviction. 

Une vrai merveille


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2 commentaires

  1. Une merveille en effet. Des actrices sublimes comme toujours, un jeu sur les fantômes vraiment amusant, qui n'empêche toutefois pas une ou deux scènes au climat plus inquiet... Et Julieta qui finit cette année parmi les meilleurs films. Almodovar fait parti des très grands réalisateurs actuels, n'en doutons pas !

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    1. En effet un film assez subtil et terriblement drole quand il le veut. Par contre Julieta, je n'ai pas trouvé ça bon.

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