La jeune fille sans mains
En des temps difficiles, un meunier vend sa fille au Diable. Protégée par sa pureté, elle lui échappe mais est privée de ses mains. Cheminant loin de sa famille, elle rencontre la déesse de l’eau, un doux jardinier et le prince en son château. Un long périple vers la lumière.
La Jeune fille sans mains – 14 Décembre 2016 – Réalisé par Sébastien Laudenbach
Le « F.I.F.I.B » c'est aussi des imprévus, comme une séance inaccessible au moment ou l'on veut y accéder ou encore une séance complète alors que tu te presses pour sortir de la précédente qui finissait 10 minutes avant. Mais j'imagine que c'est ce qui fait le charme de tout ça. une imprévisibilité de chaque instant, qui parcours notre expérience de festivalier et un programme qui n'en finit pas d'étonner. Je vous passerais sous silence le très particulier « Animal Politico » (c'est cecile qui s'y colle) pour vous parler d'un film d'animation, l'étonnant « La jeune fille sans mains ».
C'est une histoire qui n'a pas d'année, ni de pays, qui se passe dans un lointain passé moyenâgeux, ou les princes sont charmants et les esprits malins. Près d'une foret vivait un meunier, avec sa femme et sa fille. Une famille en apparence comme tant d'autres, mais la famine les guettait, car l'eau n'arrivait plus au moulin, obligeant le père à chercher de la nourriture en foret. Hélas la chance n'était pas avec lui, désespéré par ça, il aurait mangé n'importe quoi et lorsqu'il s’apprête à tuer un cochon, un homme l'interpelle, le stoppant et lui promettant moult richesses contre ce qui se trouve derrière sa maison. Le père accepte sans jamais vraiment réfléchir sur son acte, surtout que quand de l'or arrive avec une eau abondante dans son moulin, il n'y a pas que sa vie qui va changer, mais bien celle de toute sa famille, dont sa fille, qu'il a vendue au diable …
Si la compétition principale du « F.I.F.I.B » n'a pas encore livré le film qui m'emballe plus que de raison, cette avant-première quant à elle m'a tout simplement enchanté ! Ce film d'animation réalisé par Sebastien Laudenbach s'inspire de la pièce « La Jeune Fille, le Diable et le Moulin » écrite par Olivier Py qui lui même est l'adaptation libre du conte des frères Grimm.
Une histoire qui prend le conte dans sa forme la plus radicale, ici il ne s'agit pas de minimiser un acte, de rendre ça plus lisse, mais bien de montrer la vie comme elle est, avec une cruauté qui s'acharne a vouloir vous faire mal. Bon le réalisateur prend quelques libertés avec l'histoire originale, des personnages disparaissent, d'autres prennent plus de place mais rien qui ne puisse la dénaturer. La vie du personnage principal est sans aucune concession, elle est tour à tour vendu, mutiler et abandonner par son père, avant d’être contrainte à l'exil pour survivre. Des épreuves qu'elle va surmonter pour s'affranchir de la société dans laquelle elle vie, de son père, de son prince, pour mieux redémarrer sur un pied d'égalité. Une voie que lui montre l'esprit de l'eau, une forme féminine bienveillante qui est la seule échappatoire possible. La femme devient alors l'avenir de l'homme, une voie vers une société plus égalitaire s'ouvre alors pour nous et les personnages.
Quant à la forme, elle est au service du fond ! L'animation fluide est habilement habillée par une bande-son (casting vocal + musique) d'une grande qualité, qui nous ramène à un livre d'image qui prendrait vie ! La direction artistique prend des allures d'estampes asiatiques, avec un rendu éthéré, voire minimaliste voulu par le réalisateur, nous entraîne dans ce conte proche du rêve. Une forme idéale pour filer la métaphore et nous parler de la cruauté de la vie, de la lâcheté, de la vilenie des hommes, de la femme, de sa place dans « la famille », des relations entre un père et une fille mais surtout sur son émancipation et sur la place qu'elle devrait avoir dans notre monde. Un discours dans l'air du temps qu'il n'est pas inutile de rappeler, encore et encore ...
Ce film d'animation est une petite perle que je vous recommande fortement.
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