Alexandre

by - avril 22, 2015



La vie d'Alexandre le Grand, narrée par Ptolémée : de son enfance à sa mort, des cours d'Aristote aux conquêtes qui firent sa légende, de l'intimité aux champs de bataille. Fils du roi Philippe II, il soumit la Grèce révoltée, fonda Alexandrie, défit les Perses, s'empara de Babylone et atteint l'Indus pour établir à 32 ans l'un des plus grands empires ayant jamais existé.

Alexandre - 5 Janvier 2005 - Réalisé par Oliver Stone


Critique:

La première fois que j'ai vu et écrit une critique sur le film « Alexandre » de Oliver Stone, ce n'était pas pour en dire du bien. Très intéressé par le personnage d'Alexandre le Grand, dont j'aime l'histoire, je pensais ce film fait pour moi mais la déception fut immense. Pourtant il y a peu, j'ai lu une critique très enthousiaste a son sujet, qui faisait l'éloge du film et du dernier montage disponible. Cela m'a fait douté sur mon propre jugement, ce qui est assez rare et en creusant un peu, j'ai découvert qu'il existait 3 autres montages disponibles du film. Le director's cut, le final cut et l'ultimate cut. Trois versions différentes, qui ont soit fini de convaincre les « convaincus » ou qui ont fait changer d'avis les plus récalcitrants ! Le camp dont je fais parti. C'est donc gonflé a bloc que j'ai découvert l'immense final cut d'Alexandre de 3h33.

Alors qu'Alexandre est au crépuscule de sa vie, allongé sur un lit à Babylone, agonisant devant inéluctabilité de son destin. Il fixe son regard au dessus de lui, cherchant un second souffle, vers un passé glorieux. Le tout entouré de ses généraux, attentifs, éructant des demandes tel des charognards attendant de ce partager le vaste empire d'Alexandre. Un royaume aussi grand que complexe qui s'étend de la macédoine, jusqu'au confins de l'Indus qu'aura conquis Alexandre avec beaucoup de culot. C'est ainsi que l'on se retrouve au coté de Ptolémée en Egypte, l'un des anciens généraux d'Alexandre, l'un de ses proches, pour l'entendre nous compter la vie de ce conquérant. De son enfance a son ascension au trône, de sa première bataille jusqu'à sa première conquête, Ptolémée nous livre le portrait d'un homme en avance sur son temps, unique en son genre il n'en suscitera pas moins méfiance et trahison.





Qu'il est dommage de ne pas avoir sorti le film tel quel ! Ce final cut d'« Alexandre » est pour moi l’extrême opposé de ce qu'était la version cinéma. Hélas je ne peux comparer de façon précise, mais ici j'y ai trouvé du rythme, de la cohérence ainsi qu'une vrai dramaturgie. Ce qui était totalement absent de la version cinéma.

Avec le final cut, on comprend bien mieux les intentions de Oliver Stone. Il ne fait pas un film sur « la vie » dans le sens le plus large d' Alexandre mais un film sur lui ! Sur l'homme et sur ce qu'il était en général ! A partir de là, le film prend tout son sens. On comprend vite le peu d'attrait pour les batailles. Ce qui est un brin ironique quand on y pense, mais en se concentrant sur celles qui ont le plus de sens, celles qui montrent tout son génie et ses excès, Stone en synthétise l'essentiel pour marquer le début et la fin de son film ainsi que le début et la fin de vie d'Alexandre. C'est aussi ce qui est historiquement le plus véridique, au milieu des libertés que prend Oliver Stone avec la vie d'Alexandre.

C'est ainsi qu'il évite l'écueil d'un péplum basé exclusivement sur l'action. Stone adopte une approche plus humaine et concise du personnage pour ne parler que de lui et de ceux qui l'on construit. De son enfance a sa vie de conquérant, de son ascension à sa chute, c'est par un habile montage que l'on suit ça. Oliver Stone parsème son récit de flashbacks, parfois utile, parfois pas, et cela donne à la fois du rythme ainsi qu'un parallèle intéressant entre instant présent et passé ! Voir Alexandre, au milieu du chant de bataille à Gaugamèles après le combat et enchaîner sur les origines, c'est fort, car les deux se répondent. On assiste à la construction psychologique du personnage, à sa façon de penser, de sa passion qui l'anime et aussi cette sombre fatalité à devoir aller vers un destin qu'on lui impose. Un autre flashback qui est intéressant, c'est celui qui met en parallèle sa fin de vie, l'instant ou il va rentrer dans la légende et celui ou il devient Roi, ou son règne commence …




Et la légende va se nourrir d'elle même. Ou le conquérant qu'il était, s'esquisse en toile de fond d'une vie riche et impétueuse. Elle fut marquée par des grands noms, comme celui de son père, Philippe, de sa mère, Olympias, de son précepteur, Aristote. Mais aussi par des noms plus extravagants, comme Zeus, Dionysos, Achille ou encore Hercule. Ils auront nourris le parcours d'Alexandre et Stone se focalise ainsi sur l'enfant, l'homme et le commandant.

L'enfant Alexandre est un enfant choyé par sa mère Olympias et ignoré par son père. Il vit au milieu de nombreuses disputes, bercés par les cris, les histoires d'Achille, de héros antiques mais aussi par la froide raison de son paternel. Une raison qui torture littéralement le jeune Alexandre, car cela rentre en contradiction avec ce que sa mère lui a enseigné ainsi qu'avec ces ambitions naissantes. De ce fait il est toujours en décalage avec ses amis. L'adulte Alexandre n'aura de cesse d'essayer d'avoir l'approbation de son père, ainsi qu'un peu d'amour paternel ! Une tache bien ingrate parasité par sa mère qui ne le veut que pour elle. En manque évident de confiance, il se laissera plusieurs fois à la colère libératrice mais qui ne masque qu'une évidente frustration personnelle.


Alexandre le conquérant est la résultante de ses deux facettes. Éduqué, fort et pétri d'ambition, il fera le choix comme dit la légende de couper en deux le Nœud gordien, pour conquérir l'Asie, mais aussi pour symboliquement se défaire de l'emprise de ses parents et enfin suivre sa route. Un choix qui n'est pas présent dans le film mais qui est bel et bien là ! Alexandre n'est plus cet homme en proie au doute, il a un but, une idée ainsi qu'une vision moderne de ce qu'il désire comme empire.

Une vision du monde que Oliver Stone transpose bien à l'écran. De la Macédoine jusqu'au confins de l'Inde, on voyage dans d'innombrables paysages, tous incroyablement beau ! En cela le travail de Rodrigo Prieto est payant et tire le meilleur de tout les décors et paysages que l'on aperçoit en 3 h 30 de film. Un bon point aussi aux divers costumes signés Jenny Beavan ainsi qu'au travail sur les divers décors de Jan Roelf comme par exemple la cité de Babylone. Et puis le score de Vangelis est vraiment pas mal, les morceaux accompagnant les batailles, respirent le grandiose et la bravoure. Toutefois je n'ai pas tout aimé. Par exemple la façon de filmé de Oliver Stone m'insupporte à quelques moments, notamment pendant les batailles ou le montage est beaucoup trop rapide cela rend l'action assez peu lisible. Il y a aussi quelques effets de styles que je détestais dans Tueurs Nés et que l'on retrouve ici, comme l'une des scènes de la fin, avec un filtre rouge qui est tout juste horrible et inesthétiques!




Pour finir, je réévalue l'ensemble du casting à la hausse ! De plus l'ayant vu cette fois ci en version originale, je ne peux que faire mon mea-culpa envers eux. Si Colin Farrell a eu du mal à tenir une coloration blonde constante du début à la fin, il n'en reste pas moins impressionnant. Que cela soit les jeunes acteurs l'incarnant plus petit ou lui, ils donnent absolument tout et Farrell peut être son meilleur, avec beaucoup de sensibilité et de nuances pour incarner cet illustre conquérant. L'un des rôles clé du film, c'est celui d'Hephaistion joué par Jared Leto ; un rôle discret mais pas anodin, car c'est le confident d'Alexandre, son « amant » aussi. Ce que le film suggère et qui permet à Stone d'aborder la bisexualité du personnage principal, sans faux semblant et de montrer avec beaucoup de tact une pratique normale et souvent éludé des divers portraits d'Alexandre. Jared Leto apporte toute la douceur et la bienveillance qui transparaît naturellement chez lui pour guider et maintenir un équilibre dans la tête et le cœur d'Alexandre. Angelina Jolie et Rosario Dawson sont les deux femmes de la vie d'Alexandre. Olympias pour la première et Roxanne pour la seconde. Deux personnages similaires qu'une symbolique lourde de sens (serpent=traîtrise=femme) ne permet pas de distinguer l'une de l'autre, toutefois elles rentrent parfaitement dans leurs personnages. Val Kilmer bien amoché par une prothèse au visage incarne Philippe de Macédoine, un roi fort et autoritaire qui place la raison et le bien des siens avant les autres, sauf celui d'Alexandre et Kilmer est intéressant dans sa façon de jouer ce mélange de fureur et de dédain qui l'anime. Anthony Hopkins hérite du rôle de narrateur et il fait cela avec justesse, comme Elliot Cowan qui l'incarne dans sa jeunesse.


Je ne l'ai pas aimer à sa sortie et le Final Cut a tout changé. C'est plus long, plus complet, plus cohérent et tellement plus passionnant.
Oliver Stone rend enfin justice avec cette version d'une grande qualité.




The truth is never simple and yet it is. The truth is we did kill him. By silence we consented... because we couldn't go on. But by Ares, what did we have to look forward to but to be discarded in the end like Cleitus? After all this time, to give away our wealth to Asian sycophants we despised? Mixing the races? Harmony? Oh, he talked of these things. I never believe in his dream. None of us did. That's the truth of his life. The dreamers exhaust us. They must die before they kill us with their blasted dreams.


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10 commentaires

  1. Ce film n'est pas un chef d'oeuvre mais c'est un peplum dense et qui ose l'ambiguité. Bien plus crédible que Troie dans son domaine, bien mieux réalisé aussi. Reste Angelina Jolie beaucoup trop jeune pour incarner un tel personnage. On voit qu'elle n'est pas plus vieille que Colin Farrell et ça pose vraimeent problème à l'image.

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    1. Le parallèle avec Troie est plutôt juste ! Sauf que toi comme moi, on sait bien que les deux n'ont pas du tout la meme ambition. Et ça se voit à l'écran ! De plus malgré ces défauts, Alexandre est bien meilleur que Troie.
      Concernant la crédibilité de la relation mère/fils joué par Angelina Jolie et Colin Farrell ne m'avait pas effleuré l'esprit. D'une parce que je n'avais pas du tout aimé à la base les acteurs et que la j'ai trouvé ça bien meilleur. Mais c'est vrai que cela fait un poil bizarre ...

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    2. Non l'un fait dans le blockbuster inculte et glam l'autre dans l'épopée d'un homme historique. C'est un peu comme si Jessica Chastain jouait la mère de Channing Tatum sans maquillage pour faire la différence.

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    3. C'est peut être son défaut le plus gênant en effet :/
      Mais heureusement cela ne lui enleve pas toutes ces qualités.

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  2. Je ne dirais pas que j'aime forcément ce film (même s'il faudrait que je le revoie pour avoir les idées plus claires), le casting ne va pas vraiment (entre Angelina Jolie en mounette de Farrell et Farrell et son abominable choucroute blonde) mais il est tout de même intéressant et ambitieux, il retranscrit également l'ambiance et la précision de certains textes retrouvés sur Alexandre le Grand.

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    1. Je te comprends ! Il faut dire que je ne l'avais pas aimer à la base. Le casting m'a toujours laisser perplexe et à la seconde vision je l'ai est trouvé bien meilleur et toutes mes réticences s'étaient envolés.Et comme toi je le trouve vraiment ambitieux.

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  3. J'ai regarder se film 23 fois et a chaque fois que je le regarde ses comme si ses la première fois que je regarde parce que j'aime Le Grand Alexandre le Grand

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  4. J'ai regarder se film 23 fois et a chaque fois que je le regarde ses comme si ses la première fois que je regarde parce que j'aime Le Grand Alexandre le Grand

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