Les Nouveaux Sauvages

by - mars 16, 2015



L'inégalité, l'injustice et l'exigence auxquelles nous expose le monde où l'on vit provoquent du stress et des dépressions chez beaucoup de gens. Certains craquent. Les Nouveaux sauvages est un film sur eux. Vulnérables face à une réalité qui soudain change et devient imprévisible, les héros des Nouveaux sauvages franchissent l'étroite frontière qui sépare la civilisation de la barbarie. Une trahison amour, le retour d'un passé refoulé, la violence enfermée dans un détail quotidien, sont autant de prétextes qui les entraînent dans un vertige où ils perdent les pédales et éprouve l'indéniable plaisir du pétage de plombs.

Les Nouveaux Sauvages – 14 Janvier 2015 – Réalisé par Damian Szifron

Du palais des festivals en mai 2014 jusqu’au Dolby Theater de Los Angeles en Février 2015, le dernier film de Damian Szifron a connu une très belle carrière ! En sélection officielle à Cannes ou il s'est fait grandement remarquer. En passant par sa nomination pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère, « Les Nouveaux Sauvages » est arrivé en France en début d'année avec un excellent bouche à oreille. Le marketing de la Warner faisant le reste pour nous pousser en salles …

Résumé le film comme je le fais habituellement ne serait pas judicieux. C'est comme si j'essayais de vous expliquer le plan de jeu du quinze de france de rugby alors que d'un match à l'autre tout change, le jeu, le résultat et les acteurs ! Mais pour ne pas laisser un blanc, le film est à voir comme la décomposition strate après strate de ce qu'il se passe secrètement dans la tête d'un être humain lambda ! Oui tous ces non-dits, retenus pour ne pas déplaire, ces mots que l'on aimerait dire ou encore ce pétage de câble qui ferait tant de bien ! C'est là l'essentiel du film et Szifron s'en donne à cœur joie.

Le résultat est loin de toutes les louanges qui lui furent attribuées. On sent très bien les intentions de Damian Szifron des le prologue, une situation normale, des personnages normaux et un élément déclencheur qui fait basculer l'ensemble du sketche vers « l'horreur ». Cela peut être une personne, un accident, une altercation, un point commun, une trahison ou encore un agacement général. Selon la durée, c'est plus ou moins calme et bien écrit, certains sont proches du polar noir, alors que d'autres virent au défouloir le plus total.

Une violence libératrice qui n'est pas sans rappeler une certaine Amy Dunne et plus particulièrement le film de Fincher. On n' est pas sur la même ligne certes mais ils ont une façon radicale de traiter le sujet des « apparences ». Dans le film de Fincher qui touche au sublime, on voit les méfaits d'une société basée sur l'image que l'on renvoie et qui ne doit en aucun cas différer sous peine d’être montré du doigt. La seule qui assume ce qu'elle est par intermittence c'est Amy Dunne, comme les différents personnages des « Nouveaux Sauvages » qui acceptent de dépasser les préjugés extérieurs, de se faire violence, pour révéler les injustices passées ou à venir ! Tout en pointant du doigt les plus bas instincts de l'humain prêt à tout pour conserver des acquis ou se venger avec une pointe d'ironie salvatrice !

Avec un film à sketches comme il est le cas ici, le plus dur d'après moi c'est de tenir sur la durée. Il faut trouver une dynamique et un rythme qui font que cela s’enchaîne logiquement. Ce que Szifron, le réalisateur/scénariste ne trouve pas ! Déjà sur 6 sketches, deux sont en dessous (Bombita 20 min, La Prospuesta 25 min), le ton du début est perdu, ce n'est pas drôle et ils allongent le film d'une façon radicale ! Le troisième « El Mas Fuertes » (20 min), l'un de ceux que je préfère ne sait clairement pas s’arrêter par exemple. Les deux premiers (Pasternak 10 min, Las Ratas 10 min) ainsi que le dernier « Hasta que la muerte nos separe » (30 min) sont ceux qui ressortent, qui vont presque au bout de leurs logiques auto destructrice mais qui pâtissent d'une durée trop courte pour l'un et d'une fin bien trop gentille pour l'autre.

C'est donc un ensemble en demi-teinte ou l'humour noir bien grinçant côtoie des séquences beaucoup trop plates. Cette fluidité que l'on cherche n'y est pas et on perd presque le fil du film a cause de cela. Un défaut de générosité qui empêche ce film d'aller bien plus loin et d'assumer clairement les intentions entrevues au début.



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2 commentaires

  1. Pour ma part, j'ai adoré Les Nouveaux Sauvages, pour l'instant mon film préféré de l'année (bon l'année n'est pas terminée mais c'est le constat que je fais en lisant mon petit récap' personnel). Je ne suis pas une grande fan des films à sketchs mais là j'ai été convaincue, j'ai trouvé les six sketchs tous très bons (même si on peut avoir tous nos préférences, cela est logique et normal même) et surtout assez cohérents entre eux. J'ai vraiment aimé cet humour noir, omniprésent, même dans les sketchs qui peuvent sembler plus light (comme "La Proposition"). Pour le dernier sketch, en ce qui concerne la fin, je comprends ce que tu veux dire (quand tu dis qu'elle est "gentille"). Personnellement, je l'ai vu comme si la destruction était finalement quelque chose d'utile pour pouvoir repartir du bon pied, il ne s'agit seulement d'un acte fou et barré. Ton parallèle avec Gone Girl est très pertinent, on retrouve effectivement une critique assez similaire. Justement c'est ça que j'ai vraiment aimé : il ne s'agit pas seulement de nous présenter des situations folles dans lesquelles on aurait pu être confrontés mais de montrer comment la nature la plus primitive de l'homme peut se révéler face à cette société pourrie par l'argent et les apparences.

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    1. Ce n'est pas un mauvais choix, il est suffisamment singulier pour ne pas être anodin et faire de ce choix quelques choses de fort. Bon il ne fera pas parti de mes préférés, car tu me prendras pour un sadique ou non mais quand on verse dans l'humour noir, j'aime quand on y va à fond !!!! Je te rejoins par contre sur ce que le film veux démontrer, son vrai point fort a mon humble avis.

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