A l'époque ou j'ai découvert « Gangs of New York », je n'aimais pas Leonardo Dicaprio et je n'aimais pas Titanic mais j'adorais Martin Scorsese, ce qui m'a fait penser que le film ne pouvait être mauvais. J'avais raison, car il marque le début d'une seconde partie de carrière resplendissante et avec Scorsese comme guide, cela ne pouvait pas mieux débuter.

Les Five Points fait office de 'No Man's Land' à New-York. Ce territoire est soumis une très forte criminalité et les gangs règnent en maître sur ce petit bout de terre, comme le gang des Natifs, dirigé par le charismatique William Cutting plus connus sous le nom de Bill Le Boucher. Parfois les gangs règlent leurs comptes, ce qui donnent d'immenses batailles et certaines deviennent mémorables, comme celle qui opposa Bill au Pretre Vallon, un affrontement entre natifs et immigrés qui tourna à l'avantage de Bill. A la mort du prêtre, le Gang des Lapins Morts fut proscrit et son enfant fut envoyé a l'orphelinat. Seize plus tard, un certain Amsterdam Vallon sort de là avec la ferme intention de venger son père, hélas cela sera plus compliqué que prévu.

L'histoire est tirée du roman homonyme de Herbert J.Asbury The Gangs of New York: An Informal History of the Underworld (1928). A la découverte de ce roman dans les années 1970, Martin Scorsese est très enthousiaste et souhaite l'adapter rapidement, mais faute d'argent, le tournage est sans cesse repoussé ... Jusque dans les années 2000 ou le tournage commence enfin.

C'est avec ce film que j'ai apprécié pour la première fois Leonardo DiCaprio grâce à l'immense talent de Martin Scorsese. Le réalisateur ne se contente pas de dépeindre une histoire de vengeance car il en profite pour poser sa caméra et regarder en arrière, regarder ce New-York d'avant, en perpétuel changement, en proie à la corruption, la criminalité, aux inégalités sociales reflet d'une Amérique à deux vitesse, celle de Lincoln et de la fin de l'esclavage, du bon en avant face à une Amérique conservatrice …

Et l'affrontement entre Vallon/Le Boucher, puis Amsterdam/Le Boucher raisonne alors encore plus et Scorsese transforme ça, en une fresque épique, on assiste à une reconstitution sensationnelle de New York. Il a tourné dans les studio de Cinecitta a Rome pour avoir suffisamment d'espace. Un coach vocal fut engagé pour faire en sorte que le parlé de l'époque soit sauvegardé et respecté. Je ne parle même pas de l'organisation «presque» militaire pour les séquences de batailles. Martin Scorsese devient le chef d'orchestre d'un spectacle de grande qualité, mêlant avec élégance, la reconstitution de l'époque, le contexte politique et la violence de la vengeance le tout parfaitement rythmé et appuyé par la puissance de la musique de Howard Shore.

Leonardo Dicaprio trouve ici un rôle charnière ou devient un autre acteur, plus mur, plus dense, Daniel Day-Lewis dit le Boucher est égal à lui-même, juste brillant, la belle Cameron Diaz hérite du rôle d'escamoteuse, à la fois charmeuse et amoureuse, elle joue un personnage plus complexe qu'il n'y paraît. On trouve aussi l'impeccable Liam Neeson, qui laisse une impression monumentale, tant sa présence marque le reste du film ; Brendan Gleeson qui est à la fois barbier, mercenaire, prouve son habileté dans l'art de la masse, tout comme John C. Reilly et Jim Broadbent dont l'art d'aller la ou il faut est stupéfiant ...

Une grande fresque signé Martin Scorsese.

GANGS OF NEW YORK