2010/2019: On fait le bilan

by - février 04, 2020


Alors que je réalise que je blogue depuis presque 14 ans, je boucle enfin mon premier top de la décennie en tant que blogueur. C'est un exercice assez périlleux, voir complexe que j'ai apprécié faire, car il permet de jeter un regard honnête sur ce que j'ai découvert pendant près de dix ans. Pour constater enfin que mes goûts ont irrémédiablement changé.

J'ai retenu 51 films, en dessous de ça, c'était impossible ! J'ai essayé tant bien que mal d'éviter les doublons, afin d'avoir une sélection qui ne se répète pas trop et reflétant ce que j'ai aimé de cette décennie. Une décennie battit sur des rencontres.

The Age of Shadows (2016, Kim Jee-woon) ne m'aurais jamais attiré sans la présence de l'excellent Song Kang-ho (Memories of Murder) ! Un acteur qui excelle quelque soit le registre, notamment dans cette obscure histoire d'espionnage entre le Japon et la Corée. Battleship Island (2018, Ryoo Seung-wan) peut devenir un bon complément pour une soirée, car ce film de guerre nous embarque sur une ile-prison ou les japonais emmenés les prisonniers de guerre coréens lors de la seconde guerre mondiale. C'est un film d'une grande intensité qui ne peut laisser indifférent. Senses (2018, Ryusuke Hamaguchi) est une oeuvre fleuve qui porte un amour infini à ses héroïnes pour qui il faut savoir prendre le temps. Un peu comme dans Les délices de Tokyo (2016, Naomi Kawase) ou derrière les secrets d'une pâtisserie japonaise se cache des personnages incroyables et des destins tragiques. Shin Godzilla (2016, Hideaki Anno/ Shinji Higuchi) n'est malheureusement pas sortie chez nous, ce qui est dommage tant le film est une réussite qui redonne de sa noblesse à ce kaiju qu'est Godzilla. Mademoiselle (2016, Park Chan-wook) ou quand duper n'est plus un art réserver aux hommes. Un film brillant de bout en bout. Vers l'autre rive (2015, Kiyoshi Kurosawa) est un film d'une délicatesse rare, qui en un instant vous fera perdre pied. Notre Petite Soeur (2015, Hirokazu Kore-eda) est une excellente adaptation de manga, ou la spontanéité, la simplicité et la complicité font de ce film une petite perle. The Grandmaster (2013, Wong Kar-wai) m'avait paru très long, mais ce n'est plus le cas, tant le film à muri en moi, depuis notamment la découverte de la filmographie de ce réalisateur hongkongais. Un film a la fois beau et spirituel. Air doll (2010, Hirokazu Kore-eda) est une autre adaptation de mangas. C'est un film fantastique, à la fois éthéré, poétique, lunaire et lucide sur les rapports entre les hommes et les femmes. Vers la lumière (2018, Naomi Kawase) nous dit d'écouter avant de voir. Detective Dee: Le Mystère de la flamme fantôme (2011, Tsui Hark) pour vulgariser c'est un peu le pendant chinois des Sherlock Holmes de Guy Ritchie, sauf que c'est mieux interprétés, mieux réalisé, mieux écrit, plus palpitant ... Bref regardez moi ça, ainsi que les deux autres opus de la trilogie.


A part Almodovar, je ne connaissais pas grand chose du cinéma espagnol et cette décennie m'a permis de m'ouvrir vers ce pays aux talents affirmés et débordant d'imagination, malgré la crise de 2008. Avec Celda 211 (2010, Daniel Monzon) j'ai découvert l'un des meilleurs acteurs espagnols en activité, l'immense Luis Tosar ! Un monstre de charisme qui porte ce film sur l'univers carcéral avec une verve et une intensité de tous les instants. A voir absolument si vous ne l'avez pas vu. Eva (2012, Kike Maillo) est un film modeste qui vous cueille sans que vous ne le voyez venir. On y parle d’androïde, de conscience, de choix et accessoirement ça vous déchirera le cœur. Truman (2016, Cesc Gay) me touche énormément parce qu'il parle ouvertement de cancer et de la façon dont l'un des deux personnages principaux prépare son futur décès. Cesc Gay aborde la question de la maladie, du décès, du deuil et des proches, avec une grande franchise là ou on a tendance à les taire parce que ça fait peur ! Un film qu'il faut voir, parce qu'il est bien, mais aussi parce qu'il désacralise des non-dits qui usent aussi bien les malades, que les familles dans ces moments-la. Il y a eu Seven, Memories of Murder et maintenant La Isla Minima (2015, Alberto Rodriguez). Blanche-Neige et les sept nains n'est pas mon conte favori, mais cette revisite en noir et blanc qui se nomme Blancanieves (2013, Pablo Berger) mérite toute votre attention.

Truman (2016, Cesc Gay)
Lorsqu'il passe à la tv, le documentaire est quelque chose que j'adore regarder, à contrario quand il passe au cinéma, je n'en ai que rarement envie. La preuve, tous ceux que je cite ont été vu en vidéo. Deux d'entre eux ont comme point commun cet amour de la nature et de la montagne, avec l'ascension de "El Capitan" par Alex Honnold dans Free Solo (2018, Elizabeth Chai Vasarhelyi, Jimmy Chin) et l'ascension de Meru (2015, Elizabeth Chai Vasarhelyi, Jimmy Chin). Deux films aux suspenses haletants. Side by Side (2012, Christopher Kenneally) dans un style plus conventionnel est un documentaire intéressant, qui nous amène à nous interroger sur la place du numérique dans le cinéma contemporain. I am not your negro (2017, Raul Peck) allie les écrits de James Baldwin et la lutte pour les droits civiques aux USA. C'est un film d'une importance capitale, ou les poids des mots ont autant de puissance que n'importe quelle arme.

Free Solo (2018, Elizabeth Chai Vasarhelyi, Jimmy Chin)
Il y a un genre qui n'a jamais cesser de m'étonner en dix ans, c'est celui de l'animation ! Alors tous n'ont pas le succès qu'ils méritent et ce sont souvent des échecs d'un point de vue comptable, malgré ça il émerge toujours des projets différents et risqués qui sont bien plus excitants que de nombreux films en prises de vues réelles. Rise of the Guardians (2012, Peter Ramsey) parle aussi bien à l'enfant qui sommeille en chacun de nous qu'a l'adulte qui se confronte à ses peurs les plus primaires tel que la peur du noir. Un conte à voir et à revoir sans modération. The Book of Life (2014, Jorge R. Gutierrez) est une lettre d'amour à la culture mexicaine, sous le regarde protecteur de son illustre producteur Guillermo Del Toro. Ce film à une vrai empreinte, une vrai personnalité et un coeur énorme. Kubo and the two strings (2016, Travis Knight) est une merveille de délicatesse, d'épure et de poésie. La Jeune fille sans mains (2016, Sébastien Laudenbach) est un conte français très réussi au parti pris graphique osé. Spiderman: Into the Spiderverse (2018, Peter Ramsey, Bob Persichetti, Rodney Rothman) est un chef d'oeuvre ! On pourrait en parler longtemps, mais cela ne servirait à rien, car c'est un film qu'il faut voir pour comprendre qu'il est certainement le meilleur spiderman depuis fort longtemps. L'ile aux Chiens (2018, Wes Anderson) vaut le coup d’œil pour son message de tolérance, ces références à Akira Kurosawa et bien sur pour la stop-motion. Le Congrès (2013, Ari Folman) est un film à part, à la fois intriguant, prenant, touchant et chaotique.

La Jeune fille sans mains (2016, Sébastien Laudenbach)
Pour finir ce top de la décennie, je vous recommande aussi ces films. I am not a witch (2017, Rungano Nyoni) est un premier film sur le sujet des sorcières en Zambie; Silence (2017, Martin Scorsese) le dernier chef d'oeuvre de son réalisateur; John Wick Chapter 2 (2017, Chad Stahelski) l'épisode pivot d'une saga avec Keanu Reeves; Le Hobbit: Un Voyage Inattendu (2012, Peter Jackson) est le premier film de la trilogie du "Hobbit", le seul qui se rapproche dans l'esprit du livre original; Roma (2018, Alfonso Cuaron) le film qui se souvient; Mr Holmes (2016, Bill Condon) le film qui essaye de ne pas oublier; Hunt for the Wilderpeople (2017, Taika Waititi) quand les opposés s'attirent, une perle venue de nouvelle-zélande; Paterson (2016, Jim Jarmusch) le film qui prend le temps de vous faire aimer la poésie; Comancheria (2016, David Mackenzie) ou quand l'amérique profonde se rebelle; Spotlight (2016, Tom McCarthy) ou l'héritier du film "les Hommes du Président"; Steve Jobs (2015, Danny Boyle) c'est le biopic de la décennie; Tomorrowland (2015, Brad Bird) un film bien trop discret qui vaut le coup d’œil; Bridge of Spies (2015, Steven Spielberg) ou le film qui révèle Mark Rylance; Mad Max Fury Road (2015, George Miller) c'est de l'adrénaline sur pellicule; Manos Sucias (2015, Josef Kubota Wladyka) l'histoire des petites mains du trafic de drogue en Colombie; Edge of Tomorrow (2014, Doug Liman) ou un Jour sans fin apocalyptique; Interstellar (2014, Christopher Nolan) le film qui prend l'espace pour retrouver de l'espace; Cloud Atlas (2013, Lana et Lilly Wachowski, Tom Tykwer) une merveille de montage; Mud (2013, Jeff Nichols) un conte à l'ombre du bayou; Pacific Rim (2013, Guillermo del Toro) est un fantasme d'enfant réalisé par un adulte; Zero Dark Thirty (2013, Kathryn Bigelow) porte un regard sans concession sur le traumatisme du 11 septembre; Fast Five (2011, Justin Lin) est le meilleur épisode de la franchise; Crimson Peak (2015, Guillermo del Toro) une romance gothique à la précision alchimique.

Voilà les 51 films que je garde au bout de dix ans, des films divers et variés, avec leurs qualités, leurs défauts, mais dans lesquels je crois énormément.

John Wick Chapter 2 (2017, Chad Stahelski)

You May Also Like

0 commentaires

Rechercher dans ce blog