Swallow

by - novembre 04, 2019

SWALLOW réalisé par Carlo Mirabella-Davis
Petite bombe du FIFIB présentée hors compétition, Swallow est à la fois introduit comme un film post «me too» et un film inspiré par ce qu'a vécu la grand-mère du réalisateur. C'est surtout et avant tout un long métrage qui tiendra en haleine toute personne qui le découvrira et qui parlera à tous ceux qui un jour ont repris le contrôle de leurs vies.

Hunter est la jeune épouse d'un héritier. Le dauphin du chef d'une entreprise dont on ne sait pas grand chose. Dévouée à son mari, elle s'investi corps et âme dans son mariage et dans l'entretien de sa maison. Un jour elle apprend qu'elle est enceinte, et alors que son mari prévient sa famille à lui en criant «we're pregnant», semble poindre un changement d'humeur prémisse d'étranges troubles du comportement.




Ce film est avant tout une œuvre parfaitement maîtrisée. La réalisation est juste, et fait mouche sans être grandiloquente. Ses gros plans et ses plans fixes toujours finement pensés portent une histoire forte et bouleversante. Les décors sont sublimes. Ils se situent au sein d'une maison d'architecte grandiloquente et certains sont en prise directe sur la psyché de notre héroïne, comme le balcon en verre qui donne sur la piscine ou sur le fleuve en contre bas. Les costumes aussi ont une vraie importance. Leurs couleurs, les blancs les beiges et les gris, symboles des femmes de la familles soumises, qui font semblant d’être heureuses pour la photo. Mais c'est plus précisément la silhouette de Hunter qui nous parle de ses aspirations. Les jupes évasées; le carré soigné, les chaussures-mules l'image d'épinal de la "desperate housewive" des années 60 adaptée à notre époque. Mais aussi une robe rouge, renversante elle devient la quintessence d'un fantasme pour attirer l'attention de son époux, ou encore un jean et un pull quand elle se sent libre. Un vestiaire comme un manifeste d'où elle en est dans sa vie.




Puis il y a l'emprise. L'emprise patriarcale partout et tout le temps. L'omniprésence de son beau père. Beau-père qui parle pour son fils, voire pour elle à sa psy. L'ingérence crasse et le manque d'empathie de son mari. Pendant toute une partie du film on se demandera si c'est la bêtise d'un enfant gâté ou de l’égoïsme. En passant par la surveillance continuelle d'un infirmier pas très rassurant. Et comme unique horizon un comportement auto destructeur, qui n'est jamais aussi développé que lorsque leur pression est forte, et que la contrainte devient quasiment physique.
C'est le terreau d'une prise de conscience, d'une réflexion qui lui fera reprendre le contrôle de sa vie. Avec des moments d'une force et d'un féminisme radical, sans demi mesure. Sans deal avec le conte de fée, juste une rencontre avec qui elle est et sa vérité. Haley Bennett joue Hunter. Elle est extraordinaire. Elle compose se personnage torturé tout en gardant des accents de candeur. Ses moments face caméra sont d'un naturel désarmant.

Ce film m'a bouleversée, autant par son écriture que son interprétation. J'espère qu'il trouvera son public;

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