First Man: Le Premier Homme sur La Lune

by - octobre 13, 2019


De « Guy and Madeline on a Park Bench », en passant par « Whiplash » jusqu'à « La la Land », la musique à une place prépondérante dans la filmographie de Damien Chazelle. Et cela n'a rien d'étonnant pour celui qui a voulu un jour être musicien (Batteur), avant de bifurquer vers le cinéma. Une décision qui fut un excellent choix, car ça nous a donné un réalisateur talentueux, obsédé par une certaine idée du sacrifice au profit de l'art.

Une constante de son cinéma, qui ne me parle pas, voir qui m'énerve mais qu'on retrouve une nouvelle fois dans son dernier film, le lunaire « First Man », avec Ryan Gosling dans le rôle du premier homme a marché sur la lune, le grand Neil Armstrong .


Pilote jugé « un peu distrait » par ses supérieurs en 1961, Neil Armstrong sera, le 21 juillet 1969, le premier homme à marcher sur la lune. Durant huit ans, il subit un entraînement de plus en plus difficile, assumant courageusement tous les risques d’un voyage vers l’inconnu total. Meurtri par des épreuves personnelles qui laissent des traces indélébiles, Armstrong tente d’être un mari aimant auprès d’une femme qui l’avait épousé en espérant une vie normale. 


Aussi étrange que cela puisse être, je pense que « First Man » est certainement mon film préféré réalisé par Damien Chazelle. Pour une seule et bonne raison, c'est que le sujet est en adéquation avec son obsession phare, le sacrifice personnel. De plus, ça rend le film beaucoup plus humain et terre à terre, car au travers du personnage de Neil Armstrong et sa famille, nous sommes dans la course à l'humain et ça c'est intéressant …

Le scénario qui est écrit par Josh Singer (Spotlight, The Post) se base sur la biographie de Neil Armstrong intitulé « First Man – Le Premier Homme sur la Lune » et qui est écrite par James R. Hansen. Donc vous l'aurez deviné, l'intrigue nous emmène en pleine période de la conquête spatiale. Cependant, ce n'est qu'un immense film rouge, ou se greffe la destiné des hommes qui composent cette aventure et du peuple américain qui regarde ça avec admiration, mais aussi avec une pointe d'inquiétude, voire de lassitude. Une chose que le scénario nous raconte, on constate que le peuple américain n'est pas totalement conquis par cette histoire, las de la guerre du Vietnam et de la guerre froide. Il aspire à autre chose, a ce qu'on s'occupe des problèmes du quotidien et qu'on n'engloutisse pas tous les crédits dans la conquête spatiale , ambitieuse certes, mais marquer par de nombreux échecs.




Puis d'un autre côté, nous retrouvons les (futur) astronautes dont Neil Armstrong, au cœur d'un programme fait d'expérimentations en tout genre qui peuvent être parfois fatale ! Tout ça pour satisfaire les idées des politiques, dont Kennedy qui dans une course sans fin avec la Russie, a voulu début des années 60 que les USA envoient un homme sur la lune avant la fin de la décennie. Une décision courageuse à l'époque, mais qui met sur les épaules de ces hommes une pression considérable, sans que leurs personnes ne soient pris en considération. Ce qui nous amène à Neil Armstrong, à sa vie, sa famille et le trauma de la perte d'un enfant, qui finit de plonger cet homme dans le travail au détriment du reste ! Sans devenir totalement mutique, on le regarde se refermer sur lui-même, perdre peu à peu le lien qu'il à avec sa femme et ses deux autres enfants. Un deuil profondément difficile qu'il égraine au péril de sa vie et de son travail, lâchant enfin prise à la fin, au cours d'une séquence émouvante.

« First Man » c'est tout cela, une Amérique inquiète et des astronautes valeureux qu'on est prêt a sacrifié pour être le premier. Et ne pas voir le drapeau américain flotté sur la lune ne choque pas au final, car Damien Chazelle reste concentré sur les personnes et leurs situations, non sur la grandeur d'un Etat !

La réalisation du film quant à elle est superbe ! Damien Chazelle une fois de plus démontre tout son talent pour nous en mettre plein les yeux, notamment à chaque fois que nous sommes dans l'un des modules spatiaux, ou lors de l'alunissage qui littéralement nous clous a notre siège. Des séquences magnifiées par la composition de Justin Hurwitz. C'est aussi un film qui brille par son visuel extrêmement travaillé ou une nouvelle fois le chef-op Linus Sandgrem (La la land) fait un excellent travail, la scène sur la lune par exemple, avec ses contrastes forts et son noir profond relate avec aisance le vide spatial; puis il y a aussi Nathan Crowley qu'on retrouve à la production design (collaborateur de C.Nolan sur ces des deux derniers films) qui rend palpable des choses qu'on n'aurait jamais pensés voir ! Et entre ces divers moments bien mis en images, on assiste au cheminement personnel de Neil Armstrong, de la perte de son enfant, à la mission Appollo 11. C'est hélas peut-être son défaut majeur, car le film aurait gagné a faire vingt minutes de moins, afin qu'on évite de lire le dénouement trop vite. A part ça, c'est souvent austère, parfois drôle et quelquefois touchant, ou Ryan Gosling étonne dans le rôle de cet astronaute passionné, qui brille par le poids de ses silences et l'intensité de ses regards à l'attention des « étoiles », mais aussi de sa femme interprétée par la talentueuse Claire Foy.

First Man – 17 Octobre 2018 – Réalisé par Damien Chazelle


You May Also Like

0 commentaires

Rechercher dans ce blog