The Dead Don't Die

by - juillet 21, 2019


THE DEAD DON'T DIE
de Jim Jarmusch

Il est rare dans cette maison et sur ce blog que nous ayons des avis totalement différents sur un film. Et si ce n'est pas pleinement le cas ici car sur sa forme nous nous retrouvons, sur le fond on diverge sévèrement. Je commence à avoir vu un certain nombre de films de ce cinéaste, des films qui sont un rollercoaster pour le cœur fragile que je suis. Certains je les aime d'un amour inconditionnel comme Only  Lovers Left Alive, ou Paterson qui est mon film préféré de ce réalisateur à ce jour. Et d'autres que j'aime nettement moins comme Broken Flowers, ou carrément pas comme l'extrêmement beau mais terriblement pénible Dead manJ'étais donc extrêmement impatiente de savoir à quelle sauce j'allais être croquée. 

Dans une petite ville typique des états-unis, ou aucun cliché n'est épargné du "diner" au shérif en passant par le vieux redneck avec casquette vissée sur la tète, des choses étranges se passent, en premier lieu le soleil ne semble pas vouloir se coucher. Les scientifiques expliquent ces changements par la fracturation hydraulique et ses conséquences, et annoncent que ce n'est que l'alpha de quelque chose de différent.

Soyons clairs The Dead Don't Die ne sera pas le plus beau « formellement » de l'oeuvre du cinéaste. Mais ça se justifie, le film se situe dans un monde d'une banalité un peu crasse. Où assez peu de choses dépassent. L'image et la manière dont elle est traitée sont en accord avec cet état d'esprit. La photo est donc proprette, un peu comme les uniformes des policiers et des hommes du shérif. Un chouia terne, bien repassée, pas de quoi emballer les foules.
La caméra est dans toute une première partie toute aussi sage, et les plans larges ouvrent l'univers des spectateurs juste pour les faire rire. Ils sont régulièrement là pour souligner les moment décalés. C'est presque un réflexe. Cependant ça évolue au fil de l'histoire, et alors que le film dévisse les plans sont de plus en plus audacieux. Et ils sont souvent jubilatoires, se servant de moment déjà vu, ou facilement prévisibles pour en faire quelque chose de décalé à souhait. Et si vous voyez une voiture et des zombies sachez que vous allez finir à minima par sourire.

Une fois cela posé, parlons de l'histoire. Certains l'ont vu
comme un brûlot contre la société où nous vivons, balayant un large spectre qui va d'une non prise en compte des impératifs écologiques, jusqu'à notre surconsommation de sucre en passant par Donald Trump; d'autres ne verront que de l'aigreur de ce que l'on pourrait traduire par le discours d'un vieux c..; moi je vois ce long métrage comme le bilan d'un homme de 66 ans qui voit l'avenir avec pessimisme et le crie dans cette drôle de dystopie .
L'écologie et le devoir impérieux de prendre soin de la terre et c'est un thème que Jim Jarmusch a déjà abordé, dans Only Lovers Left Alive. Mais ici il est le ressort du scénario, de l’allusion appuyée on passe au hurlement. Hurlement que toute personne qui verra ce film sera obligé d'entendre.
Il y a aussi une dénonciation de tout un tas de comportements spécifiques à notre époque qui devrait nous faire réfléchir. On pense ce que l'on veut de la position du cinéaste mais la scène autour des téléphones et des zombies reste un des plans les plus marquants du film. Et probablement le premier qui revient en mémoire lorsque l'on l'évoque. Tout comme le postulat que dans notre société on est tous accroc à quelque chose, et cela prend une dimension différente quand une de vos addictions est le cinéma et là on rentre dans la facette du film qui peut être pour moi le bémol.

Ce film à un coté « méta », comme disent les jeunes et les blogueurs cinés dans le vent, qui n'en finit pas. Entre les clins d’œils, les accents de fan service, mais aussi les déclarations à certains cinéma, en plus d'un discours plus ou moins caché, on s'y perd et je suis à peu près sure que seul le réalisateur comprend tous les aboutissants de son film.
Je vous donne un exemple à froid de cette notion de référence qui s'auto nourrit et qui n’arrête pas de croître tout au fil du film. Rassurez-vous, ici je prends à dessein une un exemple qui ne spolie pas l'histoire. Le titre The dead don't die, fait référence à la chanson de Sturgill Simpson, qui est  d’après ce que l'on nous dit dans le scénario, tiré d'une ost d'un film. En fait elle a été écrite pour celui-ci, donc le film que certains personnages adorent est en fait celui que l'on regarde. Evidemment le titre prend tout son sens pendant le long métrage. Et  Sturgill Simpson fait une apparition en tant que zombie. Il est reconnaissable car il traîne son addiction avec lui. Il était carrément enterré avec... sa guitare. Chanson qui rebondit encore en mettant en lumière
certains de ces revenants, l'homme de ce couple est interprété par Iggy pop, personnage récurant dans l'oeuvre de Jim Jarmusch. Et je m'aperçois en écrivant ces mots que tout ce qui se passe autour de ce personnage est en rapport direct avec le film du cinéaste le singulier Coffee and Cigarettes. Et grâce à cela vous pouvait faire le lien avec Rza, et mime Bill Murray personnage central de l'histoire.
Le scénario de ce film est un écheveau de références que l'on a ou pas. Moi par exemple je suis ignorante en film de zombies. Ma seule vraie référence est Shaun of the dead. Romero je ne le connais que de nom. Alors j'apprécie que l'on m'explique différentes choses, mais je suis certaines que je passe à coté d'un maximum d'autres.
Le pire c'est que j'ai ce sentiment autour des personnages centraux. Je connais assez bien la filmographie d’Adam driver. Donc je vois l'allusion à Paterson et comme je suis fan, je suis folle de joie; je vois le fan service autour de star wars, et comme j'aime c'est grossier mais j'adore ; je vois aussi le clin d’œil au films de Baumbach et le rôle de hypster qu'il y interprète et comme je n'aime pas du tout ce(s) film(s), j'adore toujours ce que fait Jarmusch. Mais je vois aussi que ça veut dire autre chose. Je vois qu'il incarne un nouveau cinéma plus jeune. Et ça prendra tout son sens à la fin du film.

Il est dans l'opposition et la complémentarité de Bill Murray, mais là je sais que je passe à coté. Je suis une des trois personnes dans le monde qui n'est pas du tout sensible au jeu de Bill Murray. L'homme à l'air adorable mais j'évite en général ses films. Je sens qu'il y a le même genre de révérenciel autour de lui. Parfois je perçois même les moments mais je passe totalement à coté. Et ça me frustre en tant que spectatrice. C'est un sentiment que j'ai ressenti à de nombreux moments.
Heureusement les acteurs font le taf à merveille et le film reste agréable.
Bill Murray, et ce malgré ce que je viens de dire, m'a enchantée. Pas une once de surjeu, il est formidable en shérif dépassé mais qui malgré tout reste calme presque serein.
Adam Driver, jubile dans ce rôle et ça se sent. Il a un vrai potentiel comique et c'est super agréable de le voir jouer cette carte.
Chloe Sevigny est une bombe, elle est formidable en professionnelle qui veut gérer son image autant que son taf, et elle toute aussi géniale au bord de la crise de nerf. Elle est trop rare au cinéma
Tilda Swinton je l'aime d'amour. Elle est parfaite comme dans tous ses films.
Selena Gomez ne doit pas avoir plus de cinq minutes de présence effective. Elle joue parfaitement la blonde pompom girl des films d'horreurs. Sauf qu'elle n'est ni blonde ni chearleader. Son ultime scène est forcément ma préférée . Ne me jetez pas de cailloux. Je pense qu'elle est une bonne actrice, mais ce n'est clairement pas sur ce film qu'on pourra la jauger.

J'ai aimé ce long métrage. Mais si vous allez le voir. Ne vous attendez pas à voir un pur film de zombies, même si je ne suis pas au point sur le genre je suis sure que ce n'en est pas un. Et si vous n'avez pas un vrai étayage sur l'oeuvre de Jarmusch méfiez-vous

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