True Grit

by - septembre 07, 2018



TRUE GRIT
d'Ethan et Joel Coen

J'étais certaine d'avoir déjà écrit sur True Grit, tant j'avais aimé ce film lors de sa sortie en 2011 ; il faut dire que j'étais très friande à cette époque des films de cette fratrie. Mais non. J'ai donc revu ce long métrage en croisant les doigts pour qu'il me séduise autant. True Grit a une longue histoire, tiré du roman éponyme de C.Portis. Il a déjà été adapté au cinéma par Henry Hataway qui offrit à John Wayne son unique oscar pour le rôle de Cogburn. Film qui en français porte le nom très laid de «100 dollars pour un shérif». Les Coen ne font pas ici, un remake de ce film il réadapte et modèle le roman à leur vision et à leur style.

Tom chaney qui travaille dans un ranch, prend la fuite, après avoir tué son patron alors qu'ils sont partis loin du ranch de celui ci pour aller chercher des poulains. C'est la fille aînée de ce dernier, la plus dégourdie de la famille qui entreprend ce long voyage pour rapatrier le corps de son père et «expédier» les affaires qui sont restées en suspend. Mais du haut de ses quatorze ans, Mattie a un autre but, venger son père. Et elle entreprend de louer les services d'un homme pour rattraper le bandit réfugié dans les terres indiennes. Mais il y a des conditions, elle sera du voyage et l'homme sera jugé chez elle et non au Texas où il a également sévi.
Apres avoir revu ce film, mon avis est plus nuancé que dans mon souvenir, d'abord car je n'y retrouve pas les marqueurs forts qui par le passé m'ont séduite chez les Coen. Vous ne retrouverez pas, à mon goût, la beauté de l'image qu'il y a dans certains de leurs films. Par exemple le travail sur l'étalonnage dans O'brother, et sa couleur dorée qui inonde nos écrans et réchauffe nos cœurs. Où encore les compositions extraordinaire de leurs cadres, décors et image dans A Serious Man. L'image est belle, proprette, elle rentre dans le cadre, est parfaitement réfléchie ce qui détonne un peu dans ce qui doit être les années 1870. Mais s'il y a une chose qui reste c'est le travail sur le scénario. Les dialogues sont souvent jubilatoires comme la scène de tractation entre Mattie et le marchand de chevaux. Et mime si parfois il va trop loin, qu'il est plus dans l’esbroufe qu'au service de l'histoire, ça fonctionne et c'est agréable.
Mais c'est partialement quelque chose qui revient dans ce film, cette manière dont les réalisateurs ont tordu les choses et les dogmes pour en faire un film des frères Coen plus que tout autre chose. J'ai souvent lu à propos de ce film qu'il était un pur et vrai western et qu'il y avait une vraie continuité pour l'amour de ce genre, si on envisageait une continuité avec No country for old men.
Cependant dans ce long métrage, Joel et Ethan Coen se servent des codes du western classique et les utilisent, les forgent à leurs goûts.
Un western par essence est manichéen, il y a les gentils blancs, les méchants indiens voire mexicains. Ici ils réutilisent ce coté bi-polaire, mais ils ne reprennent pas les antagonistes habituels du genre. Le méchant est très méchants, il a tué plusieurs personnes, c'est donc justifiable de vouloir le tué. Ces compagnons de route sont donc forcément des «très méchants». Meme si on ne sait pas trop pourquoi, et si pas grand chose ne justifie ce qui va leur arriver. Les indiens sont vaguement évoqués, car ils se réfugient en terre indienne. Mais ce film est un film très blanc.

De la même manière les gentils sont des personnages très nuancés. Cogburn et laboeuf sont plus proches des anti-heros qu'autre choses, ils ne répondent à aucun critère encore moins le marshall. Ils n'ont rien d’héroïque. La seule qui porte vraiment toutes les valeurs du héros, qui a un vrai courage (true grit) est Mattie, aucunement les autres personnages.
Les femmes dans les westerns classiques ont un statut un peu particulier, plus fines, plus intelligentes, plus instruites. Sauf que là, il n'y a pas de femmes. La seule qui est évoquée est la maman de Mattie, dans des termes tout sauf élogieux. L'unique représentante féminine est donc Mattie qui pour le coup est plus intelligente que n'importe quel autre personnage de ce film. Ce qui est pour le moins gênant, mais cette image d'adolescente maline qui traîne un film et une histoire devient un personnage récurent dans les scénarios. Mais ça va de paire avec des moments gênants, par exemple lorsque le ranger, et le marshall jouent aux coqs pour savoir qui des deux Mattie aimera le plus, lequel elle suivra, lequel elle admirera. C'est assez particulier comme la relation qui se noue entre le rangers et Mattie.

Ce film m'a finalement ennuyée. J'ai détesté le jeu de Jeff Bridges ici, j'ai détesté le voir en faire des tonnes, j'ai détesté les œillades à la caméra et la cavalcade finale m'a semblé tellement fake, que le clin d’œil fait au début du film et au zoom dans le noir est tombé à plat. Il ne m'a fait ni chaud ni froid. J'ai détesté aimer Matt Damon, je ne pense que très peu de bien de cet acteur normalement, mais là il est parfait et porte ce personnage avec finesse et brio. J'ai adoré aimer Hailee Steinfeld, brillante, forte, et qui tient la dragée haute au reste du casting.

Je ne sais pas quoi conclure sur ce long métrage. Mais sentiments sont mitigés, et plus que tout je le demande si ce n'est pas moi, qui aime moins les films de ces cinéastes et qui du coup est moins sensible à ce qui avant me faisait frémir.

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