Sheperds and Butchers
SHEPERDS
AND BUTCHERS
d'Oliver
Schmitz
Alors que l'apartheid bat son plein, un jeune homme blanc de 19 ans, gardien de prison est jugé pour avoir
tué sept jeunes hommes noirs et les avoir alignés dans une carrière
qui est surplombée par les corridors de la prison où il travaille.
Mutique depuis ce geste, arguant ne plus se souvenir de cette
soirée, son avocat très britannique apprend presque par hasard
qu'il travaille dans le couloir des condamnés à mort depuis deux
ans.
Ce film est avant tout une merveille d'écriture. En adaptant le
roman éponyme de Chris Marnewick , Brian Cox arrive à retranscrire
des sentiments, des états d'esprits, des idées reçues, tout en
préservant une neutralité impitoyable, et ne versant jamais dans la
facilité.
D'abord en situant les événements racontés dans une Afrique du
sud qui a complètement changée de physionomie et dont la politique
est radicalement différente. L'arrivée de Nelson Mandela au
pouvoir, ayant aussi transformé le système judiciaire, la peine de
mort y est aujourd'hui abolie.
Le spectateur est donc dans la position quasi opposée du
personnage qu'il suit c'est à dire l'avocat Johan Webber; qui doit
défendre ce jeune homme, sans jamais remettre en cause la peine de
mort en elle même.
Seconde brillante idée, positionner le spectateur au coté de cet
avocat. Même si c'est souvent le cas dans des films comme celui là
qui gravitent autour d'un procès, là ça prend une importance
particulière. Car cet homme est «so british», immédiatement ça
met une distance entre lui et tout ce qui se passe, et on se retrouve
en lui. Même lorsqu'on l'entrevoit dans «un club» à boire un
verre avec d'autres avocats, il est filmé de telle manière qu'il
semble à la marge de ce monde. Il est là sans l’être. Sa famille
n'est quasiment pas montrée si ce n'est quand sa gravite autour de
son beau frère. Beau frère qui fait le pont entre ce prisonnier
mutique, et lui. Car ils ont vécu , pour la nation, le devoir de
tuer un autre homme. Le tout interprété par Steve CooGan,
monolithique, devant pousser parfois son client dans ses
retranchements, ne laissant poindre l'émotion qu'a l'unisson avec ce
que ressent le spectateur.
Le gros morceau est le personnage de Léon. Léon a tué sept
hommes noirs. Léon est sur le papier le visage de la haine, voire du
racisme. Mais Léon est aussi un homme qui travaille dans le secteur
des condamnés à mort depuis ses dix sept ans. Il a commencé il y
a deux ans pour éviter d’être appelé comme soldat. Il participe
des exécutions collectives depuis deux ans, il a perdu pied, a fini
par frapper sa femme, quitter son église, et un soir d'orage a tué
sept hommes... ce film arrive a gardé le visage du bourreau, tout
en illustrant sa perte de repère. J'ai rarement vu des films qui
arrivaient à faire coexister deux facettes d'un homme aussi bien. La
prestation de Garion Dowds, rend crédible cet homme. Il a un jeu
très minimaliste, quasiment immobile après les meurtres, et un
autre très physique au moment des flashbacks, voire quasiment
hystérique. C'est une composition remarquable.
La manière de filmer m'a un peu moins séduite. J'ai moyennement
apprécié la courte focale, sur le visage de Léon pendant qu'il
témoigne, alliée avec une caméra tanguant en le filmant pour
montrer son malaise physique. Les cadres ne m'ont que peu séduite,
mais en tout cas il n'ont rien enlevait à l'attrait du film.
La palette de couleurs est austère, et de circonstance, les
costumes bleus de Léon font divinement ressortir les yeux bleus de
Garion Dowds et toute l’humanité qu'ils contiennent, mais c'est
inutile, voire moche.
Mais certaines scènes sont incroyables, celles de la
reconstitution dans la clairière est à la fois bouleversante est
mise parfaitement en scènes. Ou les scènes dans la salle
d’exécutions avec ses couleurs ocres et marrons sont toujours
parfaitement bouleversantes, impeccablement orchestrées et mises en
images.
Ce film n'est pas forcement un brûlot contre la peine de mort,
même s'il est forcement contre. Et c'est quasiment un postulat. Il
est plus un témoignage sur une machine à écraser les hommes que
l'on oblige à devenir les bourreaux d'autres hommes. Le mécanisme
qui consiste à faire raconter à Léon sa première et sa dernière
journée de travail est une superbe idée. Car on est projeté dans
l'horreur tout comme lui.
Si le racisme n'est pas forcement souligné, il est présent en
négatif dans chaque moment du film. Et c'est encore au moment des
exécutio
Ce film fait parti de ces longs métrages dont la vision ne vous
laisse pas indifférent. Il est bouleversant, de simplicité et de
force. Et finalement nous questionne sur nos sociétés, tout en
parlant d'une époque pas si éloignée mais totalement différente.
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