OUT OF AFRICA
de Sydney Pollack
On a
tous dans nos bagages un film qui vous ramène à votre enfance. Pour
moi celui ci me ramène à une petite maison et sur un tapis ou
j'étais couchée, à plat ventre en train de découvrir les films
sur la télé familiale. Celui-ci m'a fait rencontrer Robert Redford
(nice to meet you....) ; meryl streep, et a été le premier et
même le seul film de ce type épopée que j'ai gardé dans mon cœur.
J'ai le dvd depuis des années, avant même que l'on s'installe
ensemble avec le gardien des clés du blog. Mais j'avais peur de le
regarder, peur que ce film que j'avais peut-être vu deux ou trois
fois ne me plaise plus. Cette peur n'était que grandissante tant que
l'exercice qu'est de bloguer peut nous faire évoluer. C'est arté
qui a explosé mes craintes en diffusant le film.
«J'avais
une ferme en Afrique au pied des collines du Ngong....»
c'est
sur ces mots que commence le roman de Karen Blixen, la ferme
africaine, sur lequel s'appuie le scénario. Elle y présente
sous un pseudo masculin, les personnages qui ont marqué sa vie
pendant qu'elle exploitait
une plantation de café avec l'aide des kikuyus
C'est
sur ces mots que commence le film. Il raconte dix sept ans de la vie
de Karen Blixen. Du moment où elle décide de se marier avec le
frère jumeaux de son amoureux, à celui où elle partit d'Afrique.
Ce
long métrage est une fresque. Elle se sert des ressors d'un biopic,
pour nous raconter une histoire d'amour qui fera d'elle la femme qui
écrira trois ans après Sept comptes gothiques qui lui
amènera succès et reconnaissance puis enfin la ferme africaine.
C'est
aussi un témoignage sur ce qu'était cette Afrique coloniale au
moment M. Si je parlerai plus tard de ce qu'il nous dit de la
politique du moment voire de la société. Je dois m’arrêter sur
l'un des points forts du film. La manière dont le réalisateur filme
les décors. Quelque soit le moment il arrive à retranscrire à
l'image ce que notre héroïne ressent pour ce pays. On ressent son
magnétisme, on est fasciné par sa beauté, on fait un baptême de
l'air très particulier avec elle. Lorsqu'elle se lave les cheveux ce
sont nos yeux que le shampoing pique.
La
photographie sous la tutelle de David Watkin est spectaculaire. Car
le spectateur sent que ce film a été tourné en pellicule ( 70 et
35 mm), on sent le grain la saturation qui n'est plus celle dont on
a l'habitude. Mais ça reste spectaculaire, la scène de safari reste
pour moi l'une des plus belle. Avec l'un des moments les plus
romantiques que j'ai vu. Si je devais le qualifier ce film je dirai
c'est beau et majestueux.
L'histoire
et le rythme est absolument parfait, il est réglé comme un
métronome. Il n'y a pas un temps mort sur deux heures trente. Il y a
toujours quelque chose qui se passe et fait avancer le récit et la
personne. Car cette histoire raconte l'évolution d'une femme, et
témoigne de la place des femmes dans la société. De ces lieux ou
les hommes se regroupent pour boire un verre et où les femmes sont
interdites; de ces mariages sans amours juste là pour ne pas subir
la destinée d'une « vieille fille» et pour amener une dote à
un époux, de l'importance du bien recevoir avec porcelaine et
cristal même au milieu de l’Afrique. Une société ou l'on fait
la guerre tout en mettant les femmes sur le coté, rangées dans un
coin. Cette femme qui créa une école pour les kikuyus, a elle qui
mendia au gouverneur une terre pour eux. Une femme qui se remettra de
la fin d'un amour, de la fin d'une vie qu'elle aimait, et la perte de
plein de choses et qui trouvera la force en elle de se créer
à nouveau. Karen ne se bat jamais, mais elle fait juste ce qu'elle
veut.
L'histoire
entre Denys et Karen, qui sans vous la spoiler est une histoire entre
une femme mariée mais séparée, et un homme solitaire, aventureux
aventurier. Un amour choisit et voulu sans contre parties. Un amour
sans prise avec le quotidien. Une histoire improbable dans cette
société, et pourtant qu'ils vécurent complètement.
Dans
ce film Denys est un marqueur de la transformation de la société où
il évolue. Peut être car il est sans attache, il est celui qui
perçoit les changements futurs. Il est contre le fait de participer
à la guerre 14-18, car il ne la comprend pas, et qu'il ne voit pas
ce que ça amènera de bon aux pays Africains et ceux qui y habitent.
Il est celui qui perçoit différemment ce qui se passe. Il voit que
les gens ne viennent plus y vivre pour les mêmes raisons. Et il
souligne les prémisses d'un tourisme de consommation.
Où l'on ne
vient pas pour aimer un pays ou le visiter, on y vient pour revenir
avec des trophées que l'on pourra exhiber une fois de retour chez
soi. c'est lui qui introduira l'avion dans le quotidien. Changeant
les distances et le temps pour les parcourir.
Karen
dans ses correspondances, soulignait la manière dont les anglais se
comportaient avec les populations autochtones, les kikuyus. Ici on
retrouve cette différence de traitement. Et à l'écran le
réalisateur semble créer deux mondes imperméables. Très peu de
protagonistes vivent avec eux. Mais jamais à aucun moment, ils sont
égaux avec ses personnes les colonisant, et vivant entre elles. Il
est à noter que les couples mixtes sont cachés, même auprès de
leurs amis.
Ce
film est porté par deux acteurs de rêves. Meryl Streep est Karen.
Elle a eu du mal à obtenir ce rôle. M ais au final elle lui donne
corps. Avec tout son talent et sa nuance. Elle arrive à lui donner
son charisme et sa force. Elle est prodigieuse.
Robert
Redford est Denys. Il est l'incarnation de l'aventurier, du
gentleman, de l'homme respectueux. Son personnage garde une part de
secret et il l'incarne à la perfection. Il lui donne un raffinement
et une distinction folle. Il est aisé de comprendre les sentiments
de Karen.
Ce
film est un film comme on n'arrive plus à faire. Car il arrive à
faire coexister différents axes autour d'une magnifique histoire
d'amour. Il est d'un équilibre assez difficile à décrire
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