El Bar

by - janvier 23, 2018


Madrid, 9 heures du matin. Des clients, qui ne se connaissent pas sont dans un bar. L'un d'entre eux sort et se fait tirer dessus, les autres se retrouvent bientôt prisonniers du bar.

El Bar – 25 Septembre 2017 – Réalisé par Alex de la Iglesias

Personnellement je comprends quand des cinéastes peu connus n'arrivent pas à se faire une place dans nos salles de cinéma. Parce que oui et ça malgré l'amour que je porte pour le cinéma, c'est une activité qui se doit de générer de l'argent et des profits, pour le cinéaste d'abord, mais aussi pour l'entreprise qui le distribue et les cinémas qui le diffusent, bref le cinéma c'est de l'art et un business malgré tout. Cependant je ne comprend toujours pas les choix des distributeurs, comme celui qui à fait que les deux derniers films de Alex de la Iglesias n'ont pas trouvé le chemin des salles obscures en France ! Un cinéaste plus que reconnu, avec un talent qui n'est plus à démontrer et qui est snobé ... mais heureusement qu'il y a « NETFLIX » pour découvrir des « films de cinéma » !

Dans un petit quartier de Madrid, la vie s'éveille, les habitants se lèvent, les commerces ouvrent leurs rideaux de fer et peu à peu l'agitation gagne les rues. Au milieu de ça, un modeste bar accueille sa clientèle habituelle, où toutes les classes sociales se rencontrent, du clochard prédicateur à l'homme d'affaire en passant par le hipster geek. Un petit monde qui est à peine perturbé par l'arrivée de Elena, la working-girl par excellence. Un peu d'agitation qui ne déplaît pas à tout le monde, même si le bar apprécie sa quiétude habituelle, qui va être brisée à jamais. L'un des clients part travailler, quand il franchit le seuil de la porte, une détonation retentit. Terreur et stupéfaction dans le bar, qui se demande pourquoi ? Puis l'un d'eux vient porter secours à la victime, quant à son tour il est abattu ! Préférant se mettre à l'abri, les clients du bar restent allonger, mais quand au bout d'un moment ils décident de se lever, les deux corps ont disparu …

Si ce petit numéro de prestidigitation marche, c'est parce que le talent de Alex de la Iglesias lui est toujours intact et qu’honnêtement c'est un bien précieux, pour l'Espagne et pour nous spectateur. Parce qu'en plus d’être un bon cinéaste, il cultive aussi un regard bien particulier sur le monde et sur la société espagnole. Jusqu'au boutiste, féroce et même un brin misanthrope, il tape là ou ça fait mal ! Mais d'une manière intelligente, en utilisant à bon escient les moyens que lui donne sa caméra et un bon scénario.

Je suis pour l'instant loin d'avoir fait le tour de la filmographie de Alex de la Iglesias, mais j'ai toujours était séduit par cette capacité à transformer le quotidien en quelques choses d'étrange. Ce mélange de style est un plus indéniable pour faire passer au mieux ces idées, comme le film de braquage qui passe au fantastique dans « Les Sorcières de Zugarramurdi » ou ici le huis-clos qui finit comme un slasher, avec une touche de complot gouvernemental plutôt pertinent. C'est dans cette richesse de genre que le propos du film se développe, ou il nous montre une Espagne qui se referme sur elle, ou elle reproduit les préjugés que les médias véhiculent et ça quelques soit la catégorie socio-professionnelles.

Un constat sévère, ou le final se pose comme le glas d'une société déshumanisée, où l'on ne pense plus qu'à prendre en photo, ou en vidéo l'instant, même les plus dramatiques ! Ou au final il est plus facile de rester caché derrière son écran ou l'objectif de son appareil, protégé par l'illusion de maîtriser ce que l'on voit alors qu'il n'en est rien et que pendant ce temps quelqu'un attend qu'on lui tende la main. A l'écriture de ce scénario on retrouve Jorge Guerricaechevarria, l'inaltérable complice du réalisateur qui signe une histoire du quotidien, de celle que les gens de tout les jours peut s'imaginer vivre, notamment au début et nourrit celle-ci du mal qui se trouve en chacun. Le scénario joue beaucoup sur cette incertitude qu'impose la limite parfois tenue entre la réalité et la fiction. Si parfois l'équilibre des différents éléments de l'intrigue est fragile, il n'en perd pas pour autant son mordant ni sa justesse.

Réaliser un bon huis-clos n'est pas à la porté de tout le monde, notamment dans la gestion de l'histoire et de l'espace. Heureusement cela ne gène en rien Alex de la Iglesias qui porte à l'image le scénario de son compère avec aisance et efficacité. Malgré des décors limités, trois pour être précis, à savoir le bar, le réduit sous le bar et les égouts. Trois lieux qu'il exploite à la suite, pour faire d'eux l'incarnation d'un purgatoire populaire. La caméra du réalisateur n'est jamais figée et quelque soit le décors, Alex de la Iglesias garde cette fluidité si agréable, qui donne de la vie et du rythme à l'histoire. Une dynamique renforcé par le montage, par le soin porté à la lumière signé Ángel Amorós ou encore par la musique que l'on doit à Carlos Riera et Joan Valent.

Le casting est quant à lui excellent ! Les seconds rôles sont bons, comme Jordi Aguilar, Alejandro Awada, Joaquin Climent ou encore feu « Terele Pavez » qui éclaire de sa présence l'écran. Blanca Suarez (Elena) c'est l'archétype de la working-girl moderne et hyper-connecté qui croit que le monde autour d'elle, même dans un petit bar miteux … Un mélange de candeur et de suffisance qui tend peu à peu vers la terreur; ce qu'on retrouve a quelques différences près dans le rôle de Mario Casas (Nacho) le hipster geek, avec une si grande barbe que l'on pense que c'est un terroriste ! L'acteur habitué des rôles de « mec macho » est à l'opposé de tout ça, timide, hésitant et avec un léger air ahuri. Puis on trouve la talentueuse Carmen Machi (Trini), une femme seule qui dépense son argent pour éviter de s'ennuyer ou encore Secun de la Rosa (Satur), l'employé modèle que l'on rejette parce qu'il est trop gentil. Mais celui qui vole la vedette à tous c'est Jaime Ordonez (Israel) dans le rôle d'un clochard prédicateur. C'est un feu d'artifice de tous les instants, avec un sens du lyrisme et de la formule qui font mouche à chaque fois ou son magnétisme éclate à chaque minute qui passe, jusqu'au final que je vous laisse découvrir …

THE BAR !!! 

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