L'Amour des Hommes
Tunis, aujourd'hui. Amel est une jeune photographe. Quand elle perd son mari, sa vie bascule. Encouragée par son beau-père, elle reprend goût à la vie en photographiant des garçons de la rue. Sans craindre d'être scandaleuse, elle fait le choix de regarder les hommes comme les hommes regardent les femmes.
L'Amour des Hommes – 28 Février 2018 – Réalisé par Mehdi Ben Attia
Les films tunisiens que j'ai découvert au FIFIB étaient toujours intéressants, car toujours fortement politisés et qu'ils se posaient des questions pertinentes sur leur société. C'est ce que j'ai cru, avec « l'Amour des Hommes » de Mehdi Ben Attia, notamment a cause de son pitch et d'une affiche prometteuse ! Mais ce n'est hélas pas le cas cette fois ci …
Amel est une jeune photographe tunisienne qui a vécu une grande partie de sa vie en France, mais depuis quelques années elle est revenue sur ses terres, là où elle est née ! Depuis, elle qui n'a plus ses parents vit chez son chéri, qui vit lui, chez ses parents et avec l'appui de Sidi Taieb le père, elle peut faire ce qui lui plaît, a savoir faire de la photo. Hélas le malheur frappe cette famille et Amel. Seule et proche de son beau père, elle lui demande si elle peut vivre avec eux et il accepte. Deux mois plus tard, on retrouve une Amel pétillante, qui remonte doucement la pente, avec comme idée en tête, de faire une nouvelle série de photo, une série exclusivement masculine et profondément érotique. Une idée saugrenue pour bien des gens, sauf pour Amel qui va faire face à elle même et la société tunisienne …
C'est un film qui est au final très frustrant ! Pourquoi ? Car il gâche lamentablement un sujet en or, a savoir, une jeune femme photographe qui veut faire des photos érotiques d'hommes ! On pouvait ainsi espérer voir un film qui parle de liberté d'expression, d'homosexualité, d'homophobie, de sexisme et plus largement de la place de la femme dans la société tunisienne, mais c'est hélas tout l'inverse que Mehdi Ben Attia nous délivre …
Le début du film est intéressant, on découvre Amel au travers de son activité, puis le caustique beau-père friand d'un humour qui lui appartient (Sidi Taieb), puis vint le drame ! A partir de cet élément déclencheur, le film part dans un sens qui ne lui sied guère et qui trahisse les premières intentions que le film esquisse. Loin d’être engagé ou encore féministe, ce film est l'archétype des films écrits par des hommes pour des hommes, qui croient qu'en mettant en rôle titre du film une femme, l'essentiel sera fait. Ici le personnage d'Amel ne dépend que des hommes et ça tout le temps que dure le film. C'est un personnage faussement libre, ou son « indépendance » s’arrête au carcans que lui impose la société, elle ne transgresse aucune règle et quand on en a l'impression, le film lui rappelle son statut de femme, avec une agression de rue, ou le harcèlement du beau père.
Bref si ce n'est pas trop mal filmé, il s'en dégage une atmosphère rance, une ambiance étrange, légère sans l’être, qui rend le tout oppressant. Car si un semblant de légèreté essaye d'émerger dans le film de Mehdi Ben Attia, c'est le sexisme sous-jacent de l'intrigue qui ressort et les nombreux archaïsmes sur la place de la femme dans la société tunisienne, la femme n'est alors plus qu'un simple objet, bon à rester en retrait comme une pièce de musée ou pour amuser des vieux hommes aux regards lubriques. Un film raté et rétrograde, ce qui est dommage vu le casting réuni qui se débrouille plutôt bien.
Désolant ...
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