1990 - 19991995CritiqueDina MeyerDolph LundgrenHenry RollinsIce-TKeanu ReevesRobert LongoTakeshi KitanoUdo Kier
Johnny Mnemonic
JOHNNY MNEMONIC
de Robert Longo
Une
légende urbaine raconte, qu'à Los Angeles la ville de tous les
possibles, un scénario a été jeté au bord d'une route. Près de
là habitait un homme qui l'a ramassé et l'a lu. Il l'a aimé et a
voulu joué dans ce film. C'était le scénario de Johnny Mnémonic
et c'était Keanu Reeves.
Johnny
Mnémonic, évolue dans une dystopie qui par certains égards
ressemble à notre société. Il loue son cerveau pour transporter
des données. Il s'est fait transplanter une puce en silicium que
l'on charge comme on pourrait charger une carte SD. Il y a un code
pour les restituer qu'il ne connaît pas, seuls les destinataires le
possèdent. Il ne peut donc pas visionner ce qu'il abrite dans sa
mémoire. Un jour il se déplace en Chine ou il est missionné. Bien
que le dossier soit trop gros pour ses aptitudes, il accepte de le
charger contre une grosse rétribution qui lui permettra d’arrêter
ses courses et de se faire opérer pour retrouver une parfaite
utilisation de son cerveau. Il a trois jours pour livrer ses données
sous peine que son cerveau s'auto détruise. Alors que le code est
transféré les Yakuza pénètrent dans la chambre et tuent tout le
monde. Seul le coursier peut fuir.
Ce
film est un cas d'école de ce que l'on attend d'un film cyberpunk.
Ce qui est visible tout de suite est son univers sombre et désespéré.
Pas une seule scène ne semble se passer pendant la journée. Les
décors intérieurs, même les plus luxueux comme ceux des hôtels
sont sombres. Quant aux autres lieux, souvent glauques, comme un bar
ou un hôpital, tout est gris, noir il n'y a rien de lumineux dans
cette histoire. Les lumières lointaines de la ville ne sont pas du
tout réconfortantes ou apaisantes. Le seul endroit ou l'on trouve un
peu de réconfort c'est à la lumière des Lo Tecks.
Cet
endroit ou les gens vivent sur les déchets de la société
qu'ils exploitent, fait d'eux un groupe à mi chemin des
populations des bidonvilles, de ZADistes upgradés, et de petits
génies en informatique. Ils sont l'incarnation de l'esprit punk.
Oubliez les mohawks, l'un des marqueurs les plus fort de cette
culture. Ici c'est Ice T qui interprète leur leader, c'est locks de
rigueur et ça s'intègre parfaitement bien à cet univers. Mais
l'anarchisme il l'a collé à la peau ou plutôt gravé, avec le A
caractéristique tatoué au milieu du front. Ce groupe ne pense pas
que la société aura un futur si elle continue à évoluer dans les
conditions ou elle le fait. Et ce qui est en train de se passer leur
donne raison. Une nouvelle épidémie fait rage, les modifications
apportées au corps humain on entraînées cette catastrophe
sanitaire.
Leurs
costumes sont jubilatoires, j'ai adoré leurs cotés steampunks, les
chapeaux, les lunettes, le cuir, les petits gilets; ça accentue le
coté rock. Leurs armes surdimensionnées
complètent leurs looks. Quant aux autres ils sont aussi
divers que variés. Un pécheur vêtu avec une cape qui ressemble à
une aube, les tenues rococos des gens du bar, les différentes de
Jane tout est un plus à leurs personnalités, une débauche
visuelle. Quant aux yakuzas si leurs tenues ne sont pas
extraordinaires leurs armes le sont. Par leurs tailles, leurs
spécificités, on identifie beaucoup les personnages à elles; c'est
super inventif.
Le seul personnage sans gadget ou tenue affriolante
c'est notre Johnny, avec son petit costume noir et sa chemise
blanche. Il est seul avec son mal de tète. Mais comme tous les héros
cyberpunk, il n'en est pas un. Il est désabusé, cynique, et
cupide. Pour de l'argent il a sacrifié une partie bien particulière
de ses souvenirs, il se fiche de ce qu'il peut bien transporter, il
se moque des répercussions, il a besoin d'argent. Pour lui c'est le
nerf de la guerre. C'est Keanu reeves qui interprète cet homme sur
le point de mourir pour avoir transporté trop de données. Son rôle
est un peu monolithique, et lorsqu'il y est plus humain, ou quand une
colère éclate on est étonné, car rien n'est amené.
Il est l'un
des hackers de ce film, élément essentiel de ce genre. Visuellement
ces moments sont assez sympa. Je m'attendais à ce que ça ait
beaucoup vieilli. Mais c'est bien mieux que ce que je croyais. De
plus l'idée d'utiliser des outils de la réalité virtuelle, en les
détournant c'est assez sympathique. Le réalisateur est avant tout
un artiste, et ses choix visuels sont toujours intéressants. Ça
concerne également la pyramide d'écrans, ou l'invité surprise qui
peut aider notre héros.
Le
personnage féminin est difficile à développer, car elle est
fluctuante. Elle est badasse, et capable de tuer sans ciller, puis se
transforme en une princesse aux cheveux bouclés et malade. Il y a un
vrai problème de scénario
autour de ce personnage. Ça va de paire avec celui de Takeshi
Kitano, qui n'amène rien à l'histoire, dont on ne comprend pas bien
les tenants et les aboutissants, ni son interprétation du reste.
Ce
film est un pamphlet contre une société qui s'ampute de ce qui fait
d'elle ce qu'elle est dans le but de créer un profit sur le dos
d'être humain qu'elle rend malade sans que l'on ne sache pourquoi?
Film
considéré comme un des éléments constitutifs de l'univers
cyberpunk à l'égal de Matrix ou Blade Runner. Il n'en
a pourtant pas les qualités. Avant tout car il a été remonté par
les producteurs pour qu'il soit plus mainstream alors que le scénario
a été écrit par l'auteur de la nouvelle adaptée; et avec la
vision d'un artiste plasticien qui signait son film unique. Et même
si j'aime beaucoup ce film, on sent par moment la discontinuité de
l'histoire.
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