To the Bone

by - août 12, 2017



TO THE BONE
de Marti Noxon

Alors que la France se déchire sur le sujet de Netflix. Alors que certains crient à l'assassinat du cinéma, que d'autres tempêtent devant l’archaïsme de la pensée des premiers cités. Les gens comme moi pensent que ça sert à rien d'aller contre le progrès. Et ce délectent de ce qu'est capable de créer ce SVOD.

Ce film raconte l'histoire d'Ellen, talentueuse jeune femme grignotée par l'anorexie. Lors des premières minutes on voit comment cette femme intelligente arrive à se faire renvoyer d'un hôpital et d'un service spécialisé. Lors de son retour chez son père on devine les liens familiaux qui régissent sa vie et on commence à soulever le voile sur celle que l'on suivra dans le cadre d'une thérapie et d'une hospitalisation atypique.

Ce film tape juste. Sa réalisatrice et son interprète principale ce sont battues avec des problèmes du comportement alimentaire, et on perçoit rapidement la volonté de franchise. Mais commençons par le commencement ce film est une image d'une partie de la population diagnostiquée ou pas avec ces troubles. Mais aussi des dangers de la société dans laquelle nous vivons. La maladie est décrite sans fard et sans voyeurisme. Les symptômes sont énoncés de manière cliniques ou montrés avec délicatesse, au détour d'une image (comme une pilosité particulière, une manière d'aligner les exercices physiques ou une balance qui ne penche jamais du bon coté...). Ces moments sont toujours mis en images avec beaucoup d'attentions. Il ne sont jamais entourés d'une aura un peu glamour, ni rendus sordides. Le travail sur l'image est vraiment important. La lumière est léchée. Toujours présente ou essayant de percer dans un quotidien bien difficile. Les couleurs sont chaudes. Les décors aussi rajoutent à cette impression cosy de cocon. La maison ou ils sont hospitalisés, les chambres tout est accueillant. Les lieux hostiles ne sont que ceux ou elle peut s'installer lorsqu'elle rentre chez ses parents.

Les parents... Ellen ne les juge pas. Le film ne le fait non plus. Il montre la lâcheté d'un père , le désarroi d'une mère qui a été perdue dans sa vie pendant longtemps et qui culpabilise, l'épouse de cette dernière est la plus difficile à saisir. Mais,il y a surtout la femme de son père. Cette impossible belle mère, bavarde et usante mais qui ne sait pas quoi faire pour essayer d'aider cette femme. Bien sure qu'elle est maladroite, évidemment qu'elle est pénible. Mais quel amour qui ne prononce jamais son nom. Puis il y a sa sœur (ok sa demi sœur, mais on n'est pas des fractions), et son amour inconditionnel teinté de peur et de colère. Ce portrait qui aurait pu être traité sur le ton dramatique est juste exposé avec beaucoup d'humour et une dose de wtf. La scène de séance de psychanalyse familiale ou le repas entre sœur sont vraiment hilarante.

Car comme dans la vie et peut être plus encore dans ces circonstances; beaucoup de choses se passent lors des repas. Et la réalisatrice décide de les traiter avec beaucoup de légèretés. Il y a un passage dans un restaurant asiatique que je n'aurai jamais pu imaginer avec des réparties qui m'ont scotchée.
Oui car ce film est drôle aussi. Je vous le dit depuis le début de ce billet. Ce film est un parfait équilibre. A aucun moment il est larmoyant, il n'est jamais facile. Il est équilibré et juste.
Puis il y a une vraie poésie inhérente à ce long métrage, peut être pour contre balancer la cruauté d'un décompte de calories. Parfois c'est juste par des mots et apparaît une femme licorne dans l'histoire. Parfois ce sont des images magnifiques, le passage dans la rain room de LACMA brille autant par sa simplicité que par sa beauté. Et parfois c'est de la poésie à l'état pure. Un poème que l'on lit qui raisonne particulièrement en vous et vous aide à trouver votre voie

Il est aussi question de la place de l'art et des réseaux sociaux dans cette maladie. Comment le travail de danseur a poussé luke au bout de lui même. Arrivant à son maximum physique à 19 ans et le faisant entrer dans une spirale mortifère. Ou encore le blog d'Ellen sur son tumblr et ce qu'il engendra. Rien n'est neutre et l'image que l'on projette n'est jamais celle que l'on croit maîtriser.
Mais comme tout est question de dosage quand le sujet est abordé c'est dans une chambre avec une imprégnation vintage ou les vinyles envahissent l'espace.
Ce film est plein de détails, plein de symboles sur ce que sont nos personnages à un moment donné. Les habits sont une des clés. Les habits trop grands et sombres dans lesquels on s'enfonce, laissent place a un débardeur clair, ou encore des costumes aux charmes surannés qui donnent envie de savoir ce que cache celui qui les porte.

Les acteurs sont choisis avec soin. Lily Colins est Ellen. Cette lumineuse actrice s'est amaigrie pour tenir son rôle. Elle est juste, et arrive à faire transparaître la force de son personnage même dans les moments les plus critiques. Alex Sharp est Luke, il est le vent d'air frais de l'histoire. Il arrive à créer un personnage attachant et magnétique. Keanu Reeves est le médecin qui suit ces malades et qui portent cette thérapie. Ce personnage est désarmant sur bien des aspects, et ça lui va bien.

Ce film n'aurait sûrement jamais été financé sans netflix. Il n'est pas racoleur, il n'est pas accusateur, il n'est pas voyeur, il n'est pas va-t-en guerre. Il est juste la vision d'une femme qui connaît son sujet pour y avoir survécu.
Il est bon de signaler que sa première diffusion a eu lieu à Sundance, et qu'il n'y a eu aucun problème...

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