2010 - 20192014Alex de la IglesiasCarolina BangCritiqueEnrique VillenEspagneGabriel DelgadoHugo SilvaJaime OrdonezJavier BotetMacarena GomezMario CasasTerele Pavez
Les Sorcières de Zugarramurdi
En plein jour, un groupe d’hommes braque un magasin d’or de la Puerta del Sol à Madrid. José, père divorcé en plein conflit avec son ex-femme, Tony, son complice, sex-symbol malgré lui, Manuel, chauffeur de taxi embarqué contre son gré dans l’aventure, et Sergio, le fils de José, partent en cavale. Objectif : atteindre la France en échappant à la police… Mais arrivé près de la frontière française, dans le village millénaire de Zugarramurdi, le groupe va faire la rencontre d’une famille de sorcières, bien décidées à user de leurs pouvoirs maléfiques pour se venger des hommes…
Les Sorcières de Zugarramurdi – 8 Janvier 2014 – Réalisé par Alex de la Iglesias
Dans l'univers des réalisateurs espagnols de renoms, Alex de la Iglesias c'est quelqu'un que j'apprécie fortement, même si je n'ai vu pour l'instant que deux de ses films son humour acide, son univers et sa personnalité le rendent unique et forcément indispensable pour entretenir en Espagne un paysage cinématographique original et de qualité ! Son dernier film, fait pour un budget dérisoire ne déroge pas à la règle, « Les Sorcières de Zugarramurdi » est une comédie horrifique qui sort de l'ordinaire …
Quelques part en Espagne, près d'un arbre en pleine foret, sous un tertre composé de lourde pierre, une femme s'affaire à préparer une mixture indéfinissable en compagnie d'une autre femme de son age, vite rejoint par une jeune motarde. Une fois ensemble, la première se livre a de drôles de prédictions qui font apparaître un homme en vert, de l'or et un bonhomme en forme d'éponge, des présages qui ne sont peut être pas infondés .
En plein après midi, au milieu de la Puerta del Sol à Madrid, on trouve une foule d'artistes de rue, un christ, un soldat vert, l'homme invisible ou encore bob l'éponge qui distraient les habitants et les touristes. Sauf qu'aujourd'hui il ne vont pas faire pareil.Emmener par un christ en colère, ils s'attaquent au magasin d'or de la place. Un simple braquage en apparence mais aussi une histoire de famille rocambolesque, le Christ qui s'appelle en réalité Tony se rebelle contre le système, contre son divorce qui le plume et contre son ex-femme tout en essayant de profiter au maximum de son fils … comme pendant ce braquage de banque ! Alors que leur fuite est un succès, Tony, son fils et ses comparses n'ont qu'une idée, aller en France, se partager le magot et disparaître, sauf qu'il vont s'égarer dans les douces rues de Zugarramurdi …
Ma première rencontre avec le cinéma de Alex de la Iglesia fut mouvementée car son « Balada Triste » me fit l'effet d'un bel uppercut. Ce long-métrage remuant, questionne et dérange tant il montre le cœur encore a vif de son auteur ! Clairement bouleversé par tant de sincérité, son dernier film me faisait alors un peu peur, dans le sens ou je ne me sentais pas prêt a replonger dans son univers ! Pourtant des le débuts le ton n'est pas le même, si cela est plus léger, le réalisateur ne perd pas son mordant et se montre une fois de plus jusqu'au boutiste !
La première chose qui saute au visage des le début, est la misogynie des personnages et de leurs propos !!! Les dialogues sont percutants, bien écrits et assez drôles pris dans le contexte du film, quoiqu'un brin « dérangeants » car un peu trop systématiques. Toutefois des que l'on connaît mieux les personnages masculins, on s'aperçoit qu'Alex de la Iglesias ne choisit pas son camp et maltraite avec égards les deux sexes.
Usant de l'absurde, du fantastique et du second degré, il se plaît a rire des clichés hommes/femmes avec beaucoup de malice, des contradictions que l'on entretient inconsciemment ou encore des réactions que l'on a l'un envers l'autre, entretenant un certain flou qui n'épargne personnes, se révélant même assez « féministe » voire progressiste en mettant sur le devant de la scène une communauté vénérant une déesse « antérieure » au divers cultes prédominants dans le monde !
Autre bon point que j'aime dans ce film, c'est son histoire et sa structure qui m'a rappelé « Une nuit en Enfer » ! Ce qui veut dire mélange des « genres » ainsi qu'un certains goût pour l'outrance. Dans un premier temps, on est dans le réel, le concret, il y a le braquage ainsi que la fuite et le voyage vers la france puis on bascule dans le fantastique en étapes succinctes pour se terminer par un final assez granguignolesque avec un épilogue noir. Bon le récit à des soucis de rythme, ce qui est un peu gênant, car aux divers passages complètements fous se succèdent des moments plus plats et moins intéressants mais cette folie, cette d'absurdité, elle , ne baisse jamais et que cela soit sur le braquage au début, jusqu'aux méandres du manoir des sorcières fait de plein de coins et de recoins en passant par la grotte de Zugarramurdi ! Alex de la Iglesias fait preuve d'une incroyable maîtrise, la mise en scène est très dynamique, le montage est bon et puis il n'a pas son pareil pour tirer au maximum d'un budget restreint et donner suffisamment de vie et de personnalité a une histoire ancrée dans le folklore local !
Oui Zugarramurdi n'est pas une invention de l'esprit génial (Un peu tordu) de Alex de la Iglesias mais bien le nom d'une localité dans le pays basque espagnol, célèbre hélas pour la répression qu'elle subit pour sorcellerie !
Si l'histoire se déroule de nos jours, elle prend ses racines en France avec la répression des sorcières du Pays de Labour en 1609. Pierre de Lancre qui fut chargé d’enquêter se distingua par sa cruauté et près de 80 personnes furent amenées au bûchés. Une répression sanglante qui provoqua un exode vers l'Espagne. Cette afflux « théorique » de sorcières inquiéta les autorités espagnoles mais ce fut le témoignage de Maria de Ximildegui qui mis le feu aux poudres … Fille de parents français et originaires de Zugarramurdi, elle rentra au pays après la répression subit en France et raconta son expérience de sorcière, les rites, les cérémonies (les sabbats) puis elle revint vers l'église offensant ainsi sa « secte de sorcières ». Cependant elle avoua que lors de ces précédentes visites à Zugarramurdi, des femmes s'adonnaient a la sorcellerie et elle n’eut aucun mal a les dénoncer. Une première femme fut dénoncée, puis une autre et ainsi de suite jusqu'à scinder le village en deux.
Une situation que le village aurait pu régler car ses lois le lui permettaient mais tout pris une tournure plus imposante quand l'affaire arriva aux oreilles de l'Inquisition ! C'est lors de l'autodafé du 7/8 Décembre 1610 a Logrono que furent jugés ceux accusés de sorcellerie, 40 personnes étaient la, 18 furent réconciliées (évitant le bûché mais subirent la disgrâce) … Une histoire sordide qui en appellera d'autres et qui donne sans le vouloir une ambiance plus étrange au film, comme si on était jamais sorti de ce climat terrifiant ...
Pour finir, un mot sur le casting que j'ai trouvé dans son ensemble plutôt bon ! Il profite du physique singulier de certains comme Javier Botet et Enrique Villen qui incarnent sans forcer des personnages inquiétants ! Gabriel Delgado le jeune interprète de Sergio est terriblement attachant tout comme son bras cassé de père Hugo Silva, plein de maladresse et de gentillesse malgré ses méfaits. Mario Casas et Jaime Ordonez incarne un duo malgré eux, livrant la quintessence de l'homme maladroit, idiot et lâche, tout en gardant un brin d'autodérision bien agréable ! Ceci dit mes préférés sont les femmes de ce films, séductrices, intelligentes, machiavéliques et vraiment féroces, je pense alors à l'excellente Terele Pavez, ou encore a Macarena Gomez par exemple véritable tornade de détermination mais celle qui crève l'écran c'est la terrible Carolina Bang, une sorcière aussi étrange, que forte et magnétique …
Une série b comico-horrifique surprenante ...
2 commentaires
Dans l'ensemble, une comédie réussie d'Alex de la Iglesia, un peu trop délirante par moments (j'avoue que je suis sortie de la séance un peu fatiguée) mais tout de même elle fonctionne bien (la scène d'ouverture notamment) avec derrière une véritable réflexion sur la misogynie, l'extrême féminisme ou encore sur le divorce.
RépondreSupprimerC'est sur qu'il déménage Alex de la Iglesia, il ne faut pas avoir peur de l'overdose d'info a l'écran :)
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