Manos Sucias [FIFIB 2014]

by - juin 02, 2015


Manos Sucias - 3 Juin 2015 - Réalisé par Josef Wladyka

c'est mon coup de cœur du festival de Bordeaux, mon grand prix du jury a moi mais c'est aussi le dernier film du FIFIB que je chronique pour cette année… Je parle donc du thriller « Manos Sucias » !!! Coproduit par Spike Lee, réalisé par Josef Wladyka, ce film dévoile une autre facette du trafic de drogue en Colombie, dans la ville la plus dangereuse du pays, Buenaventura … 

Buenaventura est une ville colombienne gangrenée par la drogue, la violence et les armes, malgré tout, les habitants essaient de vivre normalement. Dans cette ville au multiples reflets, les jeunes sont les plus touchés, leurs destins aussi incertains qu'ils soient, ils ne baissent jamais les bras, que ça soit dans le rap, le foot ou comme ouvriers, ils vivent ! Toutefois les tentations sont grandes et l’appât de l'argent facile aussi, c'est ainsi que Delio, jeune père de 19 ans se trouve pris comme troisième membre d'un convois de drogue, il rejoint un membre du cartel ainsi qu'une vieille connaissance Jacobo ! La mission est simple, convoyer la drogue d'un point a a un point B en bateau mais rien ne sera simple, l'océan se révélera un terrain fort peu hospitalier …


C'est avec ce film que le 11 Octobre j'ai pris une claque et que j'ai découvert un réalisateur au potentiel énorme ! « Manos Sucias » est le résultat d'un long procédé, d'une longue démarche qui a débuté en Amérique du Sud. Lors de ce séjour, ils ont fait du stop, rencontré des locaux, des pécheurs, des gens qui leurs ont raconté leurs quotidiens, c'est ainsi que Josef Wladyka a ramassé des tas d'histoires, sur la drogue, les cartels, les guérillas … Puis pendant cinq ans il y reviendra régulièrement pour récolté des histoires de personnes ancrées dans le commerce de la drogue. Toutes ces pérégrinations, tout ce contenu qu'il aura amassé seront a la base de « Manos Sucias ».

Pour écrire le scénario, Josef Wladyka s'entoure de son ami Alan Blanco. Tout les deux vont réussir un sacré tour de force, c'est a dire concilier des tonnes de renseignement pour sortir une histoire de qualité, simple, concise et originale sur une durée de 84 min … A mi chemin entre le polar et le thriller, il nous raconte le destin de deux petites mains du trafic de drogue qui malencontreusement par force et par naïveté vont s'embarquer dans un milieu plus que dangereux !

D'une efficacité rare, le réalisateur donne un coup de frais aux films dans le milieu de la drogue. Fini les fusillades sans fin, les péripéties toujours plus nombreuses et fini aussi le manichéisme habituel ou les méchant dealer affrontaient toujours les gentilles autorités (Ou autre …) ! En se focalisant sur deux personnages lambda, un pécheur et un jeune ouvrier, il joue sur l’ambiguïté, sur l'absence de frontière entre bien et mal, sur le fait aussi de se salir les mains (les mains sales = Manos Sucias) pas par envie mais par nécessité dans un milieu ou l'adage « chassé ou etre chassé » est roi ! Une ambiguïté qui ne quitte a aucun moment le film, véritable véhicule émotionnel qui habite le récit et les personnages.



Josef Wladyka n'oublie pas pour autant d'incarner ses deux personnages, de leurs donnés une vie, un parcours, bref tout ce qui les rend humains, non pas d'un coup mais par étape, en dévoilant un enfant ici, ou un trauma personnel par la, ce qui permet de sonder le climat colombien ! On assiste a un racisme banalisé ou les bidonvilles sont « réservés » au noir, ou l'espoir leur est ôté par manque d'emploi, de sécurité ou simplement d'avenir et ou les guérillas ainsi que les cartels contrôlent tout ! Delio et Jacobo incarnent toute l’énergie d'une population qui veut s'en sortir, un peuple plein d'abnégation, de courage et de rédemption.

Il ne reste plus qu'a la raconter ! C'est donc sur une idée simple, un convoi de drogue que tout tiendra ! Ou la réalité absolument banale n'est que menace ! l'Océan, l'armée, la population, tout devient une menace dans les mains de Josef Wladyka, il maîtrise son récit a la perfection, la tension monte crescendo parallèlement a la perte d'humanité des personnages ! D'un rien il fait naître la tension, et ce qu'a fait le réalisateur avec l'océan en est un parfait exemple, car c'est le troisième personnage du film, sa mise en scène personnifie cet espace a la perfection ; de plus en tournant avec une caméra numérique, cela rend l'image encore plus profonde, plus belle et personnelle ! Une constante sur tout le film !


Et toute proportion gardé (j'insiste la dessus) les scènes d'actions, l'utilisation de la caméra numérique ainsi que la mise en scène m'ont fait penser a du Michael Mann ; certes elle ne sont pas aussi longue, n'y très complexe mais tout le découpage qu'opère Wladyka est précis, net et le montage dynamique rend ça aussi intense que possible malgré leurs raretés ! Les transitions sont aussi claire que limpides, la musique locale rythme chaque début de journée avec énergie. Les deux acteurs principaux, Cristian James Abvincula et Jalin Javier Martinez sont bons, authentiques, vrais et l'un comme l'autre dégagent une présence à l'écran indéniable …


Un premier film réussit, original et surprenant !!!



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