Le Loup de Wall Street

by - janvier 07, 2014


L’argent. Le pouvoir. Les femmes. La drogue. Les tentations étaient là, à portée de main, et les autorités n’avaient aucune prise. Aux yeux de Jordan et de sa meute, la modestie était devenue complètement inutile. Trop n’était jamais assez…

Le Loup de Wall Street - 25 Décembre 2013 - Réalisé par Martin Scorsese

L'année 2013 fut plutôt une bonne année en terme de cinéma. Une année riche pleine de suspenses, de tensions et de surprises. Une année qui a été ponctuée par l'omniprésence de Leonardo DiCaprio dans nos salles, bon omniprésence est peut être exagérée mais il aura ponctué tous les six mois ou presque son regard bleu profond et son talent pour des rôles aussi exigeants que variés. Le 16 Janvier, sous la houlette d'un Tarantino déchaîné, il s'essaye au rôle de méchant avec Calvin Candle, propriétaire intraitable d'une plantation dans le Mississippi, avec réussite. Mi – Mai, Leonardo DiCaprio marche sur les traces d'un autre grand, en incarnant un Gatsby tout aussi charmant que celui que Robert Redford incarna en 1974.

Puis vint enfin le 25 Décembre, le jour de fête par excellence, celui qui gâte les petits comme les grands mais aussi les cinéphiles, avec la dernière production de Martin Scorsese, « Le Loup de Wall Street » …

Incarné par un Loup de 39 ans, monsieur Leonardo Dicaprio …

Jordan Belfort n'en était pas un mais comme il le dit si bien, il va aller dans le seul endroit ou son ambition peut réellement s'exprimer et devenir ainsi un Loup moderne, un loup impitoyable qui va trouver sa meute dans la jungle opulente de Wall Street.Avant Jordan Belfort n'était qu'un gars comme tous les autres, un petit américain du Queen's, de la classe ouvrière comme on pourrait dire. Malgré un diplôme en biologie, Jordan Belfort développe un goût prononcé pour la vente, un art subtil fait de pièges et de belles paroles qu'il maîtrise sur le bout des doigts. Sauf que son environnement n'est pas assez stimulant pour lui et qu'il file dans le seul endroit fait pour lui « WALL STREET » !!!

Et c'est avec beaucoup de culot que Jordan se fait embaucher dans l'une des plus grandes banques d'investissements de tout Wall Street, la réputée « LF Rotschild ». Alors qu'il a déjà un goût prononcé pour l'argent, son boss lui brosse un portrait du métier de courtier bien différent de ce que l'on pourrait penser. Un métier ou tout est permis avec une seule idée en tête, c'est que trop n'est jamais assez …



Une histoire de dingue pour un cinéaste de génie. Une histoire que l'on a pourtant du mal à croire, mais c'est bien le cas, ce n'est pas une invention mais le fruit du travail de Terence Winter (Les Soprano, Boardwalk Empire) sur le livre du vrai « loup » intitulé « Le Loup de Wall Street » écrit par Jordan Belfort lui même, pendant ses mois d'emprisonnement.

Une histoire sous methaqualone qui a attiré les plus grands, non pas pour savoir quelles drogues prendrent mais pour acheter les droits du romans. Une bataille de pognons plus tard, un Pitt desséché et un DiCaprio au sommet, permet au dernier de mettre sur les rails l'adaptation cinématographique du livre. Et la première personne à laquelle pense DiCaprio n'est autre que le très grand Martin Scorsese a qui il n'eut pas de mal a vendre le scénario du Loup de Wall Street. C'est donc avec une énergie folle et une envie de tout casser que Scorsese revient pour signer une fresque digne d'un Casino, ou encore du tres bon « Les Affranchis » et même pour Scorsese, trop n'est jamais assez.

Au final, je me demande si ce n'est pas moi qui est 71 ans car Martin Scorsese pète le feu !!!

On voit bien que son association avec Leonardo DiCaprio le rajeuni et qu'ils se motivent l'un l'autre pour atteindre avec « The Wolf of Wall Street » le meilleur d'une collaboration commencée il y a de cela onze ans avec « Gangs of New York ». C'est la succes story à l'américaine typique, une ascension vertigineuse comme il a su si bien déjà filmer, avec Sam Rothstein ou encore Henry Hill, ce qui est peut être le seul bémol que l'on peut apporter au film, car on connaît déjà la mécanique, on connaît sensiblement la musique, ce qui n'est pas gênant au final même si cela gênera les plus sceptiques … Or Scorsese n'est pas n'importe qui et tel un équilibriste, il ne cessera de repousser les limites.

Le script de Terence Winter n'épargne rien et ceci des le début, une introduction haletante, irrévérencieuse, pleine d'énergie ou Scorsese étale déjà sa science du cadre, de la mise en scène et du rythme, sur une durée folle de 3h, ou il enchaîne sans faiblir, scène d'orgie, prise de coke, overdose et discours de rock star pour motiver ses troupes. Un rythme décapant au service d'un humour décalé absolument tordant, DiCaprio faisant preuve d'un sens comique que je ne lui soupçonnais pas au coté d'un Jonah Hill déchainé !!! Et croyez moi, le nombre de scènes déjà cultes sont légion … Mais on peut aussi s'incliner devant le boulot de la monteuse attitrée de Scorsese, l'ancienne Thelma Schoonmaker, 74 ans et elle aussi a une santé de feu ; ainsi que Rodrigo Prieto pour cette photographie lumineuse ou encore Bob Shaw pour son dévouement à chercher le décor qui tue ...




Si on se marre, qu'on se poile grave devant les frasques de Jordan Belfort.on n'oublie jamais ses actes et Martin Scorsese ne l'élude pas. Sans juger et avec beaucoup de recul, le film est ponctué de moment de calme, qui tranche avec le récit, la leçon de morale de son père, sa rencontre avec l'agent du FBI ou encore les rencontres avec son avocat … Mais comme Jordan Belfort à la maturité d'un adolescent, il se laisse vite dépasser par sa condition, son sentiment de réussite, ses ambitions, par l'argent et par ses addictions de plus en plus fortes, ce qui ne le disculpe pas de ses actes !!! Bien au contraire, c'est un bel enfoiré, qui manipule des milliers de gens, qui a un comportement dangereux et donc la misogynie parasite ses relations avec les femmes.

Une ambiguïté qui touche tous les personnages, le père de Belfort aussi réprobateur que fier de son fils, sa femme Naomi qui sait bien comment est son mari ou même l'agent Denham qui lors d'une scène dans le métro semble hésiter, entre compassion envers des personnes lambda potentiellement victime du Loup et une envie d'avoir une vie meilleure …

Mais le point le plus troublant, c'est la scène de fin, Belfort n'est plus en prison, il paye ses dettes et donne quelques conférences, ou on est témoin d'une assemblé léthargique, en état hypnotique devant ce que représente Jordan. Belfort représente aux yeux des gens tout ce qu'ils veulent, l'argent, la réussite et la notoriété ; tout ce que sont les USA, un état capitaliste mais aussi un rappel de l'histoire, passé avec le crack de 1929, de 1987, de ses dérives ou encore la crise des sub-primes en 2008 qui voit des gens perdent leurs argents pendant que des gens comme des Belfort continuent de se gaver en toute impunité. Une façon subtile de nous mettre face a nous, de conclure le film avec brio, de laissez la place à la réflexion et de dire méfiez vous, cela peux recommencer et si ce n'est vous cela sera un autre ….

Avec « Le Loup de Wall Street », c'est la 5 eme collaboration de Leonardo DiCaprio avec Martin Scorsese et c'est certainement la plus abouti, la plus déluré, la plus enflammé, ce qui n'etait pas gagné au vu du personnage … Une performance de premier plan qui lui permet de finir l'année en beauté. Jonah Hill, comique, drogué, bras droit, un personnage compliqué pour une interprétation fiévreuse et déchainée. Margot Robbie n'a pas le meilleur des rôles dans un film ou la femme à une place si superficielle et pourtant elle arrive a dépasser son statut de femme fatale pour devenir l'égale de Belfort.

Matthew McConaughey joue le mentor de Belfort dans le film, il est présent peu de temps à l'écran mais il le rentabilise en étant aussi marquant que DiCaprio lui même, de part une improbable improvisation musicale, qui deviendra plus tard l'hymne de la Stratton Oakmont ainsi que pour une description du monde des affaires aussi lubriques qu'irréelles, avec un sens du rythme fantastique. Rob Reiner est « Mad Max » Belfort, le père bienveillant de Jordan, aussi circonspect que bienveillant car c'est avant tout son fils et qu'il est fier de lui, Rob Reiner joue son rôle de père comme il peut, jouant de son physique imposant comme de son regard bienveillant pour son fils, un personnage vraiment attachant. Kyle Chandler impose a nouveau son air bienveillant, dans le rôle de l'agent Denham, aussi intègre qu'un brin admiratif, Joanna Lumley est la tante cool, aussi ouverte que libre, Jean Dujardin est plutôt pas mal en banquier suisse cynique, Jon Favreau à le petit rôle de l'avocat et c'est très bien ...

Martin Scorsese est le vieux le plus fringuant de toute la planète et putain il nous fait plaisir ....

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4 commentaires

  1. Le meilleur film de Marty depuis Casino. Casting de rêve, dialogues splendides, ambiance de folie...

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  2. Superbe film, enflammé et délirant, juste un bémol sur la trop grande place des discours... 3/4

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    1. Ils prennent peu de place au final, meme si ils sont essentiel dans la compréhension du bonhomme

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