I Wish : Nos Voeux Secrets

by - novembre 22, 2018


Comme les deux frères choisis pour le film, moi aussi j'ai un frère, plus jeune de quatre ans et avec qui j'entretiens une relation à distance. On ne partage pas toujours les mêmes choses, ni les mêmes avis, mais j'ose croire que la complicité reste ! Celle que l'on a su développer avec les années, en rendant folles notre mère et notre grande sœur, en jouant ou encore en partageant des moments de bêtises intenses que nous seul comprenions ! Et c'est ce petit truc, ce lien inextinguible et imperceptible pour les autres que le réalisateur nous parle. « I Wish : Nos vœux secrets » ou « Kiseki » en japonais, c'est le petit miracle constant qu'il existe entre nous, une chose aussi intense et soudaine, que seul deux trains qui se croisent peuvent matérialiser ! 

« Au Japon, sur l’île de Kyushu, deux frères sont séparés après le divorce de leurs parents. L’aîné, Koichi, âgé de 12 ans, part vivre avec sa mère chez ses grands-parents au sud de l’île, tout près de l’inquiétant volcan Sakurajima. Son petit frère, Ryunosuke, est resté avec son père, guitariste rock, au nord de l’île. Koichi souhaite par-dessus tout que sa famille soit à nouveau réunie – même si cela doit passer par l’éruption dévastatrice du volcan ! Lorsqu’un nouveau TGV relie enfin les 2 régions, Koichi et son jeune frère organisent clandestinement un voyage avec quelques amis jusqu’au point de croisement des trains, où un miracle pourrait, dit-on, se produire… Verront-ils se réaliser leurs vœux secrets ? »

« I Wish : Nos Voeux Secrets » n'était pas ce que j'attendais ! C'est loin d’être aussi décalé, drôle et vivant que le synopsis pouvait le laisser transparaître. On est plus dans une ballade, une promenade tranquille sur le chemin de l'école buissonnière, un moment suspendu dans le temps, où plus rien n'existe, sauf celui qui marche à notre coté et le fol espoir d'un lendemain meilleur …



Après « Air Doll » qui est un film relativement dur, voir Hirokazu Kore-eda écrire quelque chose de plus léger n'est pas pour me déplaire. Suite à la séparation de leurs parents, les deux frères se trouvent chacun à un bout de l’île de Kyushu. Koichi l'ainé qui vit à Kagoshima, n'a qu'une envie, que le volcan se réveille et que sa famille soit à nouveau réunie sous le même toit. Ceci dit son frère ne semble pas si pressé que cela arrive, Et c'est lors d'un jour de classe, anodin en apparence, que Koichi entend l'histoire des deux trains. Une idée qu'il s'empresse de partager à son petit frère. Lorsqu'on est enfant, je crois que c'est le genre d'histoire que l'on a envie de croire, surtout si cela ne va pas, comme les deux frères dans le film, qui prennent des chemins de traverses pour que leurs vœux soient exaucées. Une quête que Hirokazu Kore-eda fait sienne, pour nous parler de l'enfance !


La fin de l'enfance chez Kore-eda ne sonne plus comme un déchirement, même si comme dans « Nobody Knows » ce n'est clairement pas un choix que les enfants approuvent ! Il s'agit d'une étape, d'un pas inévitable vers l'avenir, une nouvelle relation avec l'autre. Et ce qui l'illustre parfaitement cela c'est le train (une belle page de pub pour le Shinkansen = TGV), la métaphore parfaite que le réalisateur manie à merveille. La nouvelle ligne dont on nous parle symbolise cette nouvelle voie que les deux frères doivent emprunter et leurs escapades servent de mise au poing. Quant au croisement tant attendue, ce n'est pas la portée symbolique du vœu qui compte, mais bien ce que les personnages en retiennent. Les parents qui se séparent, les personnes qui changent, la relation a distance, cela peut toucher, rendre triste ou nostalgique, sauf que cela fait partie de la vie ! Ce que comprennent les enfants peu à peu et qu'ils réalisent lorsqu'il se sépare à nouveau !


Et c'est à hauteur d'enfants que tout ce passe ! Hirokazu Kore-eda nous entraîne dans une ballade d'enfants, parfois passive ou agité, attentives ou dans la lune, les deux frères et leurs amis arpentent les routes avec la désinvolture de la jeunesse. L'histoire suit le rythme implicite qu'imprime nos jeunes acteurs, ou on alterne jusqu'à leur rencontre entre les deux points de vues, qui développe avec précision la personnalités de nos deux frères. Des moments toujours prompts à la poésie, que cela soit au détour d'une conversation, d'une cueillette, ou lors de la dégustation d'un gâteau, un gâteau au goût si particulier que seul un adulte en saisit les nuances. Et l'on retrouve aussi ce qui a fait sa réputation, l'impeccable photographie de Yutaka Yamazaki, douce, lumineuse et chaleureuse, ainsi qu'une bande originale pleine de pudeur qui accompagne les pérégrinations de nos deux frères.

Le casting quant à lui, est composé majoritairement d'enfants, avec en tête les frères Maeda, Koki et Oshiro ! Koki c'est l’aîné et il se démarque par une grande maturité, où il semble constamment se soucier de tout ce qui se passe autour de lui, oubliant parfois qu'il n'est qu'un enfant ! C'est l'exact opposé de son frère Oshiro, plus fou, plus insouciant, qui semble adopter le rythme de son père, même s'il lui manque ce brin d'attention que demande tout enfant. Et s'ils sont merveilleux de spontanéités, c'est leur complicité qui fait des étincelles et qui nous fait croire sans mal à cette relation fraternelle . Mais malgré l'omniprésence des enfants, on a aussi des adultes, aimants, passifs, complices ou encore dépassés, comme Nene Otsuka et Joe Odagiri dans les rôles des parents, puis il y a aussi des figures connus comme Hiroshi Abe, Kirin Kiki, Isao Hashizume, Kanna Hashimoto ...


I Wish: Nos Voeux Secrets - 11 Avril 2012 - Hirokazu Kore-eda

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