SIBERIA
de Matthew Ross
Un
marchand de diamants américain part à Saint-Pétersbourg pour
récupérer des diamants bleus extrêmement rares mais dont l'origine
est litigieuse. Il finit par échouer au fin fond de la Sibérie pour
trouver Pyotr l'homme qui a les dits diamants. Mais c'est sur Katya,
la patronne du seul «café» de cette petite ville qu'il rencontre.
D'abord
l'ambiance, bien que ce film se situe à notre époque; il a un petit
goût des films des années 70. Ou un américain extrêmement classe
se retrouve aux prises d'un pays soviétique dont il doit connaître
les codes et la dangerosité mais qu'il sous estime. Aujourd'hui
évolution politique oblige, on se retrouve toujours dans la même
configuration de violence et de dangerosité, mais des méchants
mafieux ont pris la place des méchants soviets. Comme préalable
c'est assez basique, mais ça peut fonctionner et faire vibrer la
corde nostalgique.
L'intrigue
sur les diamants nous tient bien vingt minutes, mais rapidement on
comprend que ça va juste être un alibi pour quelque chose, seul le
quoi reste indéterminé. Continuons sur le scénario, Je n'ai rien
contre l'utilisation de fusil de Tchekhov, mais c'est comme tout,
l'abus est mauvais pour le film. Une fois que j'ai eu fini de voir ce long métrage j'ai eu l'impression que j'avais passé toute une partie du film à
utiliser les-dits fusils que l'on m'avait fait voir dans un premier
temps. C'est usant, ça donne l'impression de voir le réalisateur s'auto congratuler.
Les
acteurs principaux sont bons et beaux. Keanu Reeves, est comme
toujours parfait, il incarne donc parfaitement le mec venu d'ailleurs qui
peut vous faire perdre la tête. Ana Ularu qui joue Katya est
sublime, cachant ses faiblesses derrière un surplus de bravades. Et
ils sont beaux disais-je, ça a son importance car le réalisateur
ne se lasse pas de les filmer plus ou moins nus pendant des scènes
de sexes. Scènes qui sont la ponctuation du récit, une à peu prés
toutes les vingt minutes. Alors, j'ai bien compris qu'il y avait une
évolution, que je ne vois pas comment décrire autrement que: entre
la baise et la relation passionnée. Mais si vous saviez combien ça
m’indiffère de voir les marqueurs de l'évolution dans le cadre de
ces scènes.
Les
autres acteurs sont castés surtout pour avoir la tête de l'emploi,
et du coup c'est ennuyeux. Les méchants ont l'air de méchants,
les flics ont l'air d'agents du kgb,et le méchant africain du sud à
l'air d'un prétexte, quant aux autres personnages ils ont l'air de
personnes solides, et très humaines. Et mine de rien, je regrette
qu'ils n'aient pas été plus développés. Ils amènent vraiment
quelque chose à l'histoire. Un vrai plus dans l'humain, un plus non
sexuel.
Les
décors, ceux des hôtels, et les paysages qu'ils soient urbains ou
ceux de Sibérie sont beaux, et assez bien filmés avec une caméra
mobile mais toujours bien propre. Mais c'est terne, et les couleurs
sont généralement froides. À l'exception de quelques moments
stratégiques,ou la réalisation distille un peu de chaleurs, souvent
en utilisant des bleus et verts, parfois un brun mais jamais plus.
Tous ces beaux paysages, ou cette ville sublime, tout s'uniformise
sous une couche de gris. La différence entre la campagne et la ville
qui est chargée de sens au final, devient de moins en moins
palpable.
Ce
film est une énigme. Il y a plein de choses bien qui auraient pu
faire un joli film, une jolie idée, un joli écrin, une image bien
pensée, un casting séduisant. Et au final il flingue tout, il
expose le coté érotique et délaisse le coté romantique, et par
conséquence lorsque le coté amoureux surgit dans ce film ça donne
l'effet d'un cheveux sur la soupe, sachant que la fin du film n'est
qu'une ode au romantisme slave. L'histoire perd de son intérêt,
très rapidement alors qu'elle avait un incroyable potentiel un peu
comme tout le film.
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