Siberia

by - août 07, 2018


SIBERIA
de Matthew Ross

Un marchand de diamants américain part à Saint-Pétersbourg pour récupérer des diamants bleus extrêmement rares mais dont l'origine est litigieuse. Il finit par échouer au fin fond de la Sibérie pour trouver Pyotr l'homme qui a les dits diamants. Mais c'est sur Katya, la patronne du seul «café» de cette petite ville qu'il rencontre.

Ce film est une bizarrerie. Il a plein de choses qui sont séduisantes sur le papier.
D'abord l'ambiance, bien que ce film se situe à notre époque; il a un petit goût des films des années 70. Ou un américain extrêmement classe se retrouve aux prises d'un pays soviétique dont il doit connaître les codes et la dangerosité mais qu'il sous estime. Aujourd'hui évolution politique oblige, on se retrouve toujours dans la même configuration de violence et de dangerosité, mais des méchants mafieux ont pris la place des méchants soviets. Comme préalable c'est assez basique, mais ça peut fonctionner et faire vibrer la corde nostalgique.
L'intrigue sur les diamants nous tient bien vingt minutes, mais rapidement on comprend que ça va juste être un alibi pour quelque chose, seul le quoi reste indéterminé. Continuons sur le scénario, Je n'ai rien contre l'utilisation de fusil de Tchekhov, mais c'est comme tout, l'abus est mauvais pour le film. Une fois que j'ai eu fini de voir ce long métrage j'ai eu l'impression que j'avais passé toute une partie du film à utiliser les-dits fusils que l'on m'avait fait voir dans un premier temps. C'est usant, ça donne l'impression de voir le réalisateur s'auto congratuler.

Les acteurs principaux sont bons et beaux. Keanu Reeves, est comme toujours parfait, il incarne donc parfaitement le mec venu d'ailleurs qui peut vous faire perdre la tête. Ana Ularu qui joue Katya est sublime, cachant ses faiblesses derrière un surplus de bravades. Et ils sont beaux disais-je, ça a son importance car le réalisateur ne se lasse pas de les filmer plus ou moins nus pendant des scènes de sexes. Scènes qui sont la ponctuation du récit, une à peu prés toutes les vingt minutes. Alors, j'ai bien compris qu'il y avait une évolution, que je ne vois pas comment décrire autrement que: entre la baise et la relation passionnée. Mais si vous saviez combien ça m’indiffère de voir les marqueurs de l'évolution dans le cadre de ces scènes.
Les autres acteurs sont castés surtout pour avoir la tête de l'emploi, et du coup c'est ennuyeux. Les méchants ont l'air de méchants, les flics ont l'air d'agents du kgb,et le méchant africain du sud à l'air d'un prétexte, quant aux autres personnages ils ont l'air de personnes solides, et très humaines. Et mine de rien, je regrette qu'ils n'aient pas été plus développés. Ils amènent vraiment quelque chose à l'histoire. Un vrai plus dans l'humain, un plus non sexuel.

Les décors, ceux des hôtels, et les paysages qu'ils soient urbains ou ceux de Sibérie sont beaux, et assez bien filmés avec une caméra mobile mais toujours bien propre. Mais c'est terne, et les couleurs sont généralement froides. À l'exception de quelques moments stratégiques,ou la réalisation distille un peu de chaleurs, souvent en utilisant des bleus et verts, parfois un brun mais jamais plus. Tous ces beaux paysages, ou cette ville sublime, tout s'uniformise sous une couche de gris. La différence entre la campagne et la ville qui est chargée de sens au final, devient de moins en moins palpable.

Ce film est une énigme. Il y a plein de choses bien qui auraient pu faire un joli film, une jolie idée, un joli écrin, une image bien pensée, un casting séduisant. Et au final il flingue tout, il expose le coté érotique et délaisse le coté romantique, et par conséquence lorsque le coté amoureux surgit dans ce film ça donne l'effet d'un cheveux sur la soupe, sachant que la fin du film n'est qu'une ode au romantisme slave. L'histoire perd de son intérêt, très rapidement alors qu'elle avait un incroyable potentiel un peu comme tout le film.

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