Beaucoup de bruit pour rien

by - mars 10, 2018



BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN
de Kenneth Branagh


Il y a des mois que nous avions acheté beaucoup de bruit pour rien. Mais nous avons toujours eu de bonnes excuses pour ne pas le voir. La première étant que j'ai déjà vu la rencontre entre Shakespeare et Kenneth Branagh. Et que j'ai encore un Hamlet douloureux dans ma mémoire, qui a éclipsé la pièce que j'aimais beaucoup. Du coup je n'étais pas pressée. Et ceci malgré le casting, et le fait que je n'avais jamais lu cette pièce de Shakespeare. Mais j'ai décidé d'écouter la douce Lunarthémis et je l'ai enfin regardé

L'histoire a une forme typique de comédie romantique mettant en scène deux couples. Mais écrite avant 1600. Claudio revient de la guerre et avoue au reste de sa compagnie son sentiment amoureux pour la jeune et douce Hero, fille de leur hôte. Pendant ce temps l'instruite Béatrice, qui n'a pas envie de se marier passe ses journées à faire des joutes verbales avec Benedict. Au milieu de ça, le prince Don Pedro décide d'aider ses amis, mais son frère Don Juan a envie de s'opposer à lui, surtout pour l’embêter, car il se sent prisonnier de ce dernier.

Comme pour chaque œuvre de Shakespeare que reprend Branagh il décide de garder le texte, et ça m'a toujours séduite. Et ici ça prend tout son sens car le propos du film est parfois difficile à entendre en 2018. Et je n'ai aucun doute sur le fait qu'il était autant en 1993 son année de sortie.


Autre bonne chose le duo Béatrice/Bénedict, incarnés par Emma Thompson et Kenneth Branagh. Ils prennent un plaisir communicatif à interpréter leurs rôles. Si je suis toujours séduite par Emma Thompson, c'est loin d’être le cas pour Kenneth Branagh mais là j'avoue que son jeu est adapté à ce rôle. Son interprétation trop marquée, ici n'est pas en dissonance avec ce film à mi-chemin entre le théâtre et le cinéma.
L'autre duo qui m'a séduite est la fratrie Don Pedro, Don Juan qui pourtant n'apparaissent que peu à l'écran ensemble.
Don Pedro interprété par un Denzel Washington que je ne devais avoir jamais vu dans ce genre de rôle transpire l'humanité et la gentillesse. Son jeu et d'une douceur inouïe.
Don Juan prend les trais de Keanu Reeves. Je ne vous surprendrai pas, si vous passez régulièrement sur ce blog en vous disant à quel point j'apprécie cet acteur. Ici il a un tout petit rôle mais qui a son importance. Sûrement pas assez pour que l'on s'appesantisse dessus, mais rapidement le couple premier sur qui porte la pièce m'a tellement perdue, et j'ai eu de la sympathie pour le méchant qui ne leur voulait pas du bien.

Car il y a une gros déséquilibre dans ce film. Le couple «premier» Hero et Claudio, ne dégage rien. Le «secondaire» quant à lui bouffe l'écran. Robert Sean Leonard est deux tons en dessous de tout le casting. Il fait tout bien, il est propret, mais il n'a aucun charisme. Je me suis vue être fascinée par ses cheveux qui ne bougeaient pas malgré le vent, tellement qu'il m'ennuyait. Kate Beckinsale n'existe pas. Elle est gracile, mignonne, elle prend cependant une aura toute autre dans des scènes qui tourne autour d'elle, mais dès que ça tourne autour de son couple, elle pâlit. Je n'oublie pas non plus la réputation de Kenneth branagh. C'est lui qui réalise, est-ce son choix de mettre en avant le couple où, il a un rôle, peut-être? Mais à l'écran ça a créé un déséquilibre qui m'a dérangée.
Car il y a beaucoup à dire sur ma réalisation. La scène post ouverture, ou tout le monde est nus, chacun de son coté, m'a laissée pantoise. Absolument racoleuse, et hors de propos en plus. Je n'ai pas compris.

Je n'ai pas compris non plus, ces lourdeurs les filles qui courent dans l'herbe en faisant voleter leurs robes blanches, virginales et légères... la mise en scène dans le jardin, où Don Pédro et Claudio essaient de faire passer un message à Benedict. C'est surjoué, par tous, preuve que c'est une indication du réalisateur. D'ailleurs Kenneth Branagh, est au bord de l'implosion. Scène qui se termine par une affreuse fondue enchaînée. La plus laide que j'ai vu. Si vous avez survécu à ça, vous survivrez au film. Car après la réalisation alterne entre classicisme pompeux dans des décors naturels, et des tentatives maladroites pour coller à son époque.

Mais cette dernière tentative me semble impossible, de part le discours même de cette pièce. Le propos sur la virginité des femmes est inaudible aujourd'hui. La manière dont Claudio se conduit avec Hero en seconde partie du film, et la manière dont elle réagit est très différente de ce que l'on vit en tant que femmes. Il semble évident que l'on arrive ou pas à passer outre tout cela. Dans mon cas, c'est pas.

Beaucoup de bruit pour rien est la comédie la plus connue de Shakespeare, j'avoue que je garde un mauvais souvenir de ce film. Mais il n'y a aucune raison que vous ne vous frottiez pas à elle




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