Los Territorios
LOS TERRITORIOS
de Ivan Granovsky
Programmé dans le cadre de la compétition des longs métrages
du FIFIB, los territorios qui se décline à la première personne se veut
comme une réflexion sur une génération, et sur un mode de
vie,voire même comme une leçon de géopolitique.
Lors
de sa présentation le réalisateur nous a vendu
un film sur une partie de la jeunesse, un espèce de portrait sans
concession. Moi j'ai entendu qu'il traiterait des personnes qui
s'engagent politiquement comme les podemos, les insoumis, et d'autres
personnes à travers le monde. Le maître des clés de ce blog lui a
compris que ce serait plutôt sa vision d'une génération qui veut
tout faire et qui ne va pas jusqu'au bout des choses. Finalement
c'est un peu des deux et rien de tout cela en même temps
Monté
sous forme de documentaire , los teritorios, est un film nombriliste
sur un homme qui essaie de s'accomplir en faisant un documentaire ou
un reportage. Au final, il ne parle de rien d'autre que lui,et de son
inaptitude à aller jusqu'au bout de ses projets. Même les pays
qu'ils traversent ressemblent beaucoup à une métaphore de ce qu'il
vit. Les choses qu'il choisit de faire sont sponsorisés par ses
parents. Ce sont les sous de maman qui financent ces incessants
voyages, et ce sont les relations de papa qui le mettent en contact
avec la personne référence.
Ce
personnage est compliqué. Car le spectateur a en face de lui son
doppelgänger qui lui est un réalisateur, producteur, distributeur
argentin a succès. Pendant ce documentaire ce sont ses parents qui
apparaissent et qui parlent d'eux,c'est son père journaliste qui
livre sa vision du monde et de ce que c'est d’être journaliste
aujourd'hui et lors des décennies précédentes. On ne sait plus ou
placer le curseur de la fiction
Ce
mélange des genres aurait pu être sympa si le film avait eu un fil
conducteur, mais c'est décousu. Je ne sais toujours pas si le héro
a voulu faire un documentaire sur les journalistes, sur les
journalistes et la guerre, ou sur les lignes de fronts. Et comment
est-ce possible aujourd'hui de ne pas trouver une ligne de front?
Probablement
car ce film ne parle que de sa personne, et que ce n'est qu'un alibi
ou une métaphore, voire car tout ça est un peu vain. Comme le
stigmatise la scène d'ouverture ou on le voit faire un selfie, après
un jogging au milieu de l’Allemagne.
Cet homme voyage donc partout
avec la carte bleue de maman et le carnet d'adresses de papa. Pendant
les 90min que dure le film, j'aurai aimé entendre ce que pouvait
bien dire toutes les personnalités extraordinaires qu'il a pu
rencontrer; comme un homme qui a créé une association pour libérer
la parole chez les soldats israeliens, le président du parti
politique qui a remplacé l'ETA, Lula, et beaucoup d'autres...mais il
ne leur accorde pas plus qu'une minute à l'écran, dans une attitude
de gosse gâté. Avec tout cela les idées qu'il veut développer se
perdent au milieu de son introspection.
Certaines
choses m'ont agacée. Rapidement tous ces petits détails qui ne
parlaient que de lui m'ont dépitée. Les petits drapeaux avec une
texture proche du saupalin, là pour nous rappeler à quel point il a
une bonne mémoire, il connaît tous les drapeaux, de tous mes pays
que contenait son atlas qu'il a eu à huit ans, et les capitales.
Super. Donc a chaque changement de pays, retenti une musique
horriblement agressive et un drapeau moche.
Cet
homme est charismatique, super attachant quand il présente son film,
mais il est irritant quand on partage 90 minutes avec lui. Son
omniprésence, les mails qui partagent avec ses parents, ses
problèmes d'adulescents mal dégrossi c'était trop pour moi. Et je
me fous que ça maman menace de lui couper sa mastercard.
D'un
point de vue technique mon gros bémol a été la manière de filmer,
les sursauts de la caméra pour donner un style «c'est des prises
live», m'ont beaucoup gênée. Cette orchestration de la spontanéité
m'a donnée le sentiment d’être manipulée. Le moment le plus
symptomatique de cette manière de faire est situé à la fin du
film. On l'y voit marcher sur une plage, se mettant en scène comme
s'il se filmait seul, puis en plan fixe. Mais le dernier plan est un
sublime portrait de dos et de pied qui est filmé par une tierce
personne. Rajouter à cela la phrase en exergue à la fin du film qui
m'a achevée.
Ce
film est un film bourré de bonnes intentions,mais il n'a pas eu de
prises sur moi. J'aurai pourtant aimé aimer ce film. Tant la
présentation de son réalisateur été touchante.
0 commentaires