1990 - 19991991CritiqueGary BuseyJames LeGrosJohn C. McGinleyKathryn BigelowKeanu ReevesLori PettyPatrick Swayze
Point Break
POINT BREAK
de Kathryn Bigelow
Je
suis née dans une petite ville les pieds dans l'eau. Elle s'est fait
un nom grâce au surf. Pendant mon enfance, j'ai beaucoup bougé mais
on a fini par y revenir et j'ai eu «la joie» de partager mon
adolescence avec des surfers. Si en général je n'en garde pas un
bon souvenir, j'ai quand même eu la chance de rencontrer des adultes
habités par leur passion qui était devenue un mode de vie. C'est
donc riche de ça et des quelques années que j'ai vécu loin des
vagues que j'ai décidé de revoir Point Break.
Johnny
Utah est un jeune agent du FBI. Pour son premier poste, ce premier
de la classe, choisit Los Angeles et son taux de criminalité
vertigineux. A peine est-il arrivé qu'on lui attribue comme
coéquipier, un vieux grigou à chemise hawaïenne, isolé au bureau
et qui a une théorie singulière sur les braqueurs qui pillent la
ville: ce sont des surfeurs. Des surfeurs qui poursuivent le « endless
summer» et qui donc seront parti dans quinze jours et ne reviendront
dans dix mois.
Ce
film est un thriller qui réussi à allier un coupable aisément
devinable avec un déroulé étonnant. Il nous fait sortir gaiement
de notre quotidien.
Alors
que la réalisatrice décide de le faire débuter et de le terminer
sous la pluie battante; tout le reste de l'histoire se passe sous un
soleil de plomb à affronter les vagues. En tant que spectateur vous
avez l'impression d'avoir du sable sous les pieds et de sentir le
monoi, tout en tremblant pour les personnages. L'image est solaire
et nous ramène aux vacances. L'initiation au surf sur le sable est
drôle et avouons le nous avons tous essayé de nous relever comme
cela.
Si les scènes se passent majoritairement à la plage, la
réalisatrice ne se répète jamais. Elles sont tantôt de nuit,
tantôt de jour, et jamais un de ces moments de surf si
magnifiquement filmé n'est gratuit ou là uniquement pour son
esthétisme. Ils amènent toujours quelque chose à l'histoire.
J'avoue avoir été fascinée par la session de nuit. Et le scénario
arrive même à amener le surf au bureau du fbi,en faisant entrer
Johnny dans une tenue qui détonne avec une planche sous le bras
qu'il tape partout. Comme s'il cherchait à aérer le cadre.
Du
coup la lumière prend toute son importance. Elle est majoritairement
naturelle est l'histoire est ensoleillée. Mais quand l'action se
passe en intérieur ou de nuit, n'y a pas de transition l'image
devient sombre et parfois on ne perçoit que les ombres. Ici c'est
blanc ou noir; il n'y a aucune nuance.
Cette
histoire porte sur des personnes dont on n'avait peu entendu parler
en 1991. Ses hommes dopés à l'adrénaline, ont des profils
nouveaux. Ils permettent entre autre, des moments magiques comme les
scènes de chute libre. Je ne sais toujours pas comment il y a vingt
six ans on a pu filmer ces passages avec tant de détails et une
telle qualité. Ils fournissent également des ressorts à l'histoire
complètement inattendus et en plus sont porteurs d'une philosophie
qui leur est propre.
Il y a une notion de clanique qui dans d'autre
films sera déclinée sous forme de famille. Et là ou elle s'englue
et se perd dans les sagas telles que fast and furious, prenant une
forme patriarcale qui a ses limites. Ici elle est soutenue par une
philosophie ou plutôt un état d'esprit commun. Ils ont des buts
différents, des objectifs qui leurs sont propres. Mais ils vont dans
le même sens. ça donne une légèreté à leurs personnages. C'est
agréable à suivre. C'est parfois galvanisant. Puis sans être un
film dit à message, il est bon de souligner le coté contestataire,
voire en marge de l'histoire. Il y a l'évolution du personnage
principal, la vie des surfeurs celle du groupuscule néo nazi
comprise, ou le choix des masques des braqueurs, et leur avis sur
les présidents. Jusqu'à ce qu'ils font faire à Utah, jamais dans
les clous, ou dans une espèce de réalité.
Ce
film doit aussi beaucoup à un scénario qui invente des personnages
solides et a une distribution qui l'est toute autant.
Keanu
Reeves interprète Johnny Utah. Il arrive parfaitement à incarner le
premier de la classe,qui sent le propre, et qui est agaçant au début
du film. Il fait évoluer son personnage, il est tout autant crédible
en homme capable de dynamiter sa vie pour une autre. Il finit comme
un adepte du surf , détaché mais quand même ouvert sur le monde
avec un sens de l'abnégation.
Il est finalement à l'opposé de
Bodhi a qui Patrick Swayze donne ses traits. Personnage meneur et
porteur de la philosophie du groupe. Il a une relation particulière
à ce qui l'entoure et à la mer. Mais finalement il se perd, et ne
suivant plus ses règles et il perd aussi ce en quoi il croit, tout ça pour
atteindre un but ultime.
Les
deux acteurs ont des charismes complémentaires. Et ils ne semblent
jamais entrer en compétition, ou tenter de tirer la couverture à
eux. Leurs scènes communes transpirent la générosité.
Lori Petty interprète La femme. Celle qui est le lien entre nos deux
personnages. Elle est dégourdie, surfe comme une déesse, et est
capable de tirer à cinq centimètres de votre tète sans ciller. Je
l'aime d'amour. Son jeu est physique quasi animale.
La
relation qu'elle noue avec Johnny est essentielle à l'histoire elle
lui permet de faire voler en éclat l'armure de chevalier blanc de
l'agent. Elle est le vecteur par lequel il devient meilleur.
« Avez-vous
déjà tiré en l'air en faisant ahahahahahahahah ? » .
cette phrase de Hot Fuzz est un des marqueurs de l'impact assez
improbable qu'a eu ce film sur le cinéma d'aujourd'hui. Film culte
porteur d'un vent de liberté, il peut passer pour dater mais il est
tout le contraire. Moderne dans son écriture, sa manière de
filmer...
Ce
film est un film comme on en fait plus. On essaie , mais ça se
plante. Il est bon, efficace, c'est un agréable moment
cinematographique
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