2010 - 20192017Chris PineConnie NielsenCritiqueD.C.E.UDanny HustonDavid ThewlisDC COMICSElena AnayaEwen BremnerGal GadotLucy DavisPatty JenkinsSaid Taghmaoui
Wonder Woman
WONDER
WOMAN
de
Patty Jenkins
Ecrire sur un film n'est pas un exercice facile, chez moi ça va
de paire avec un genre de rituel ou je le laisse décanter et ou je
réfléchis dessus. Mais Wonder Woman, j'en attendais rien. Je
n'avais pas aimé les précédents Comic Book Movie (CBM) de chez DC.
Je gardais une image mitigée de la série des années 70. Et je fus
bien surprise.
Doit on vraiment parler de l'histoire? oui et non. Je ne pitcherai
pas le film, mais le début nous fait débarquer sur l’île de
Themyscira, île ou vivent les amazones .
Et dès ce moment là, la réalisatrice fait les bons choix. En
décidant de raconter chronologiquement l'histoire de Diana, elle la
présente comme enfant, une petite fille hyper attachante, avec une
bouille à bisous, un air déterminé et espiègle, qui fausse
compagnie à sa répétitrice pour assister aux entraînements de ces
femmes, et faire du shadow fight qui fera fondre n'importe qui.
Et
c'est par son biais que l'on nous raconte l'histoire de ces
combattantes, pourquoi elles vécurent, pourquoi elles se battirent,
et se retranchèrent sur cette île. Rapidement on sent le secret
autour de cette petite princesse, on devine que la sculpture dans
l'argile qui prend forme grâce à la prière , c'est un peu
audacieux comme manière de conception... Lorsque Diana prend les
trais de Gal Gadot c'est pour amorcer l'un des twists de l'histoire,
l'arrivée des hommes, de la guerre, du départ de l’île.
Ce film se nomme Wonder Woman, donc on suit... Diana c'est logique.
D'ailleurs elle ne sera jamais affublée de ce titre pendant le film.
On suit ses premiers pas hors de Themyscira. Des premiers pas
emprunts d'une naïveté, et d'un manque de connaissances sur cette
société phallocrate. Se dessine en négatif,surtout porté par le
jeu
discret et efficace de l'actrice le portrait d'une femme très
actuelle. Une femme érudite (et n'ayant pas les tabous de liés à
la nudité ou à la sexualité;assumant parfaitement l'un et
l'autre), polyglotte, avec des valeurs qui régissent sa vie, et
sachant se défendre seule, faisant ses choix, acceptant de suivre
l'un ou l'autre, ou de ne pas le faire.
Elle est le personnage de CBM le mieux écrit que j'ai vu dans un
premier film. On apprend qui elle est, d’où elle vient, on découvre plusieurs de ses facettes. Elle n'est pas représentée
comme un personnage avec la maturité d'un adolescent, alternant les
phases et qu'on a envie d'envoyer dans sa chambre. Patty Jenkins
arrive à en faire une héroïne «sublime», sans l'hyper sexualiser.
La manière dont est évoquée la scène d'amour en est la plus belle
démonstration.
Évacuons tout de suite la question du féminisme. Essayant de ne
pas utiliser d'insultes dans mes billets, je tache de modérer mes
propos. C'est compliqué. Car je trouve que ça ne devrait pas être
une fin en soi. D'abord car le personnage, n'est pas dans ces
notions. On la suit pendant les quatre cinq premiers jours ou elle
arrive dans cette société, en pleine guerre, je comprends que ce ne
soit pas l'urgence. Parallèlement, il y a des marqueurs forts de sa
manière de penser. Son comportement à Londres, ces échanges avec
Etta. Un ensemble de petits détails qui font un tout. Le créateur
du personnage Charles Moulton, voulait inspirer par l'exemple et je
trouve que ce film suit cette philosophie.
Le féminisme est présent partout: la place d'Etta dans le
Royaume uni de 1918, la manière irrespectueuse dont est traitée
Diana par les généraux, mais aussi la manière dont elle est
considérée par les autres membres de son groupuscule de
choc, la
manière dont elle est vue par les civils; c'est tout aussi vrai pour
ce qui touche au docteur poison, sa personnalité, le fait qu'isabel
soit l'antithèse de la plante venimeuse, et ait au final un rôle
qui d'habitude et attribué aux hommes... Alors oui, il n'y a pas
d'invectives, pas de vocabulaire militant, pas de catch phrases, mais
la vie ce n'est pas les catchs phrases des réseaux sociaux.
Je
clorai le dossier Diana par le sourire, vraiment, il y a des gens qui
disent que ce personnage sourit trop? Pour un personnage masculin
vous avez déjà entendu ce genre de réflexions «batman, il fait
trop la gueule» «antman, il rigole trop», bizarrement pas. Puis en
tant que femme, j'ai affiché un sourire de circonstance alors que le
sol se dérobait sous mes pieds toute ma vie. Je ne comprends pas
cette remarque, moi je vois ce qu'exprime le regard ou l'attitude de
Gal Gadot, j'y vois une finesse de jeu et la force d'un personnage.
Chris Pine qui interprète Steve Trevor, et le complice de Diana. Il tient
valeureusement et avec humour cette place. Ce personnage est à la
fois en accord avec son temps et à une ouverture d'esprit très
anachronique pour son époque. L'acteur ne m'a pas autant marquée
que dans Comancheria,
mais il déploie quand même tout son talent pour exister. Et il en
faut car quand tu te retrouves entre Gal Gadot qui est à son
meilleur, et un Said Taghmaoui qui bouffe l'écran, il te faut plus
qu'un regard bleu acier.
Dans ce film il a des bons acteurs à tous les niveaux, j'étais
ravie de retrouver Robin Wright, Elena Anaya, et David Thewlis mais
je vous laisse découvrir dans quel registre.
Car une fois n'est pas coutume, le scénario ne nous prend pas
pour des idiots. L'intrigue et son épilogue ne nous sont pas annoncé
des le début, le twist m'a surprise (je ne suis pas sure que ça me
soit déjà arrivée dans le cadre d'un cbm). Et ça fait partie des
transgressions scénaristiques qui font du bien, avec une histoire
principale claire ancrée dans l'univers DC mais pas plus, pas de
caméo d'autres super héros, pas de scènes post générique qui ne
servent à rien. Et je me mets à espérer que ce film soit le début
d'une nouvelle ère au royaume des films mal foutus sur les super
héros.
Je ne peux pas terminer ce billet sans parler des décors. Ils
sont sublimes, et détaillés. L’île de Themyscira est
paradisiaques, les scènes en intérieurs apportent au film en
décrivant ce milieu très fonctionnel et luxueux. Ils impriment la
supériorité de cette civilisation. Alors que les scènes dans ses
extérieurs majestueux nous parlent de leurs grandeurs d’âmes et
de leur adresse aux combats.
Ceux de Londres, et des scènes de guerres, toujours sombres et
gris reflètent le désespoir de ce monde, qui est perdu et ne se
reconnaît plus. Les scènes de combats sont très bien réalisées,
et lors de l'ultime face à face le jeu de lasso de Diana est sublime
et quasiment poétique. Les effets spéciaux dans ce films amènent
toujours quelque chose à l'histoire. Jusqu'au nuage jaune du gaz
moutarde qui permet d'envelopper l'horreur et de nous laisser la
deviner.
Si je prends un peu de recul sur ce film. Je me dis qu'il peut
être interprété comme une métaphore du passage à l'age adulte
tout autant que comme le premier opus des films de Wonder Woman. Je
vois le paradis perdu de l'enfance, la formation de la personne, le
départ pour vivre sa vie et s'accomplir, l'apprentissage de la
différence, l'amour, la désillusion, puis au final ce moment ou les
masques tombent et ou cette femme sait qui elle est et pour quoi elle
est là. Sans plus se mentir sur son identité est et sur qui sont
ceux qui l'entoure. Elle est une adulte.
Avoir vu tout ça dans ce film me rend optimiste sur les films à
venir comme Captain Marvel de chez Marvel ou Aquaman de DC. Je ne
suis encore sur la retenue pour les autres. Mais c'est une éclaircie
dans cet univers bien obscur
NB: fred a publié il y a quelques jours un sur ce personnage un très bel article.
Quant à ces belles affiches je les ai trouvé sur le beau site poster posse
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