Le Maître du jeu
LE
MAITRE DU JEU
de Gary
Fleder
Le
maître du jeu fait parti des films dont je n'attendais rien. Mais
Fred a su flairer le potentiel et à quel point ça a été un bon
moment pour moi.
Depuis
Douze hommes en colère
les films qui tournent autour du jury lors d'un procès sont
nombreux; mais bien souvent ce sont des variantes de ce dernier.
Celui-ci est loin d’être une énième version
de ce film. Ils
traitent de la manière dont les jurés peuvent être manipulés.
Un
lundi matin lambda, monsieur Wood part travailler. Il chantonne une
comptine que lui a appris son fils. Il rigole avec sa secrétaire
quand des coups de feu retentissent. Un collègue licencié le
vendredi précédent vient d'entrer et tire sur tout ce qui bouge. Il
est l'une des victimes de ce tueur de masse. Deux ans après, sa
veuve pénètre dans un tribunal,elle a porté plainte contre
l'entreprise qui a mise en vente l'arme dont s'est servi l'assassin
de son époux.
Le
scénario du film est adapté d'un roman de John Grisham et
l'histoire est plus qu'efficace. La situation de départ est la
sélection d'un jury, quelque chose que l'on a vu plus de cent fois
dans des films comme dans des téléfilms. Mais là très vites des
petites choses détonnent comme l'oreillette de l'avocat. A quelques
mètres de là, une équipe passe au crible la vie de chaque
prétendant juré, aidant l'avocat du groupe qui a créé cette arme.
A choisir un jury qui lui sera favorable. Une vraie machine de
guerre!
L'incarnation
d'une justice à deux vitesse
A
chaque étape du récit,une petite touche détonne. Jusqu'à ce
qu'apparaisse un troisième groupe, un duo qui dit pouvoir influencer
les jurés.
La
réalisation est en adéquation avec cette manière de raconter. Elle
est d'une extrême sobriété rien ne dépasse, les décors sont
simples, les costumes ne paient pas de mine. Ils servent pour
caractériser un personnage tout au plus, sans zèle.
Pareil
ce casting de rêve John Cusack, Rachel Weisz, Dustin Hoffman ou
encore Gene Hackman, adoptent un jeu sans cabotinage. Ils sont
brillants, dans les moments qui leurs sont impartis ils sont même
fascinants, mais jamais l'un d'eux tire la couverture à lui. Et tout
cela conduit le spectateur à un climax que je n'avais absolument pas
vu venir.
Cette
sobriété sert l'intrigue, mais pas seulement.
Je
vous avoue que je trouve ça toujours un peu facile de voir hollywood
craché sur les marchants d'armes. Je trouve que c'est un peu le
grand méchant facile par définition. Un procès contre une
industrie puissante, alors mettons les armuriers dans la balance.
C'est toujours les mêmes ficelles, puis c'est la garantie que tout
une partie de l'auditoire sera en empathie directe avec les gens qui
s'opposent à eux.
Mais
là, c'est utilisé intelligemment, alors oui c'est toujours le même
«grand satan», il est là comme alibi et permet de faire un état
des lieux de ce qu'est la justice américaine, et de ses limites.
C'est finement mené à l'image de ce film.
Le
maître du jeu est une agréable surprise. Un film qui semble être
tout simple. Un thriller du dimanche efficace, mais il est plus riche
qu'il n'y parait.
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