Parle avec elle

by - décembre 14, 2016


Benigno, un jeune infirmier, et Marco, un écrivain d'une quarantaine d'années, se rendent, chacun de son côté, à un spectacle de Pina Bausch, Café Müller. Ils sont assis l'un à côté de l'autre. La pièce est si émouvante que Marco éclate en sanglots. Apercevant les larmes de son voisin, Benigno aimerait lui faire part de son émotion, mais il n'ose pas. Quelques mois plus tard, les deux hommes se retrouvent dans d'autres circonstances, à la clinique El Bosque, où travaille Benigno. Lydia, la petite amie de Marco, torero professionnel, est plongée dans un profond coma suite à un accident survenu lors d'une corrida. Benigno, quant à lui, est au chevet d'Alicia, une jeune danseuse également dans le coma. Lorsque Marco passe à côté de la chambre d'Alicia, Benigno, sans hésiter, s'approche de lui. C'est le début d'une grande amitié quelque peu mouvementée.
Parle avec elle – 10 Avril 2002 - Réalisé par Pedro Almodovar

La suite du petit cycle Almodovar de Chérie 25 continue avec « Parle avec Elle ». C'est le film qui succède à « Tout sur ma mère » trois ans après celui-ci et qui a la lourde de tache de faire aussi bien et au moins tout être aussi attachant que ce groupe de femmes exceptionnelles. Trois ans après il semble être la réponse masculine à celui ci, une réponse à la sauce Almodovar, ce qui ne peut être qu'étrangement énergique …

Benigno et Marco sont deux hommes parmi des milliers en Espagne. Ils n'ont pas le même travail, ni le même parcours et pourtant le destin va les réunir. Tout commencera au détour d'un spectacle de Pina Bausch, une représentation de Café Muller ou ils se trouvent cote à cote et ou Bénigno observera un Marco pris par l'émotion. Plusieurs mois après ce spectacle, les voilà face à face dans une chambre de la clinique ou travaille Benigno. Marco viens voir sa chérie, la toréador Lydia victime d'un taureau lors de sa dernière corrida. Légèrement désemparé, il va trouver le soutien de son nouvel ami, l'aide soignant Benigno. Chacun à leur manière ils vont nourrir l'autre, le rendre plus ouvert ou lui remettre les pieds sur terre, bref une amitié hors du commun que la solitude, l'amour et la folie vont mettre à rude épreuve.

Des le premier spot tv sur la chaîne, je savais que le film n'allez pas autant me plaire que le précédent et cela n'a pas loupé. « Parle avec Elle » est un mélodrame potentiellement puissant, mais qui n'a à mon sens pas cette générosité qui caractérisait son prédécesseur. L'histoire qui est écrite par Pedro Almodovar en personne, décline une structure narrative proche de « Tout sur ma mère » fait de nombreuses ellipses temporelles et de personnages qui se rejoignent après un drame qui marque l'un d'eux. Mais les comparaisons s’arrêtent là, les deux personnages que sont Marco et Benigno interagissent plus d'une fois ensemble, sauf qu'ils ont tout autant leur moment à eux ou on les découvre tel qu'ils sont ! Des personnes en mal d'amour qui n'assume clairement pas vis à vis de la société et qui s'enferme dans des comportements obsessionnels particulièrement malsains que la solitude alimente sans cesse. Un mal-être dont se sert le réalisateur pour alimenter son récit et nous entraîner avec lui dans cette amitié masculine touchante.

Un récit qui manque parfois de tenu et d’intérêt, toutefois il faut bien reconnaître que la réalisation d'Almodovar est une fois de plus à la hauteur ! Cela ne manque pas de mouvement ni de fluidité, de plus on sent aisément cette volonté d'inscrire ce film dans la continuité du précédent, car on retrouve les mêmes personnes aux décors, au montage et à la direction artistique. Une cohérence qui montre tout l'investissement du réalisateur dans son projet. Seul bémol que je relève en plus d'un certain manque de rythme ? Un personnage ! Benigno et son traitement à l'écran.

[SPOILER] Benigno au début un personnage hautement attachant. Un peu simplet, il passe pour un aide soignant un poil zélé mais entièrement dévoué à son métier. Sauf qu'au fur et à mesure se dessine le comportement d'une personne malsaine qui harcèle peu à peu une danseuse (Alicia) dont il est tombé amoureux. Un amour non réciproque qu'il alimente contre le désir de la personne concernée en s’immisçant de plus en plus dans son intimité, mais comme il à l'air inoffensif, la victime ne se méfie pas. Lorsque elle a un accident de voiture, Benigno s'occupe d'elle à la clinique, le Graal pour lui car il ne peut pas être plus proche. Sauf qu'il va plus loin et il profite de son état (coma) pour la violer ! Et c'est là que pour moi c'est trop, car Pedro Almodovar ne prend jamais acte de ce qu'il a fait, il ne condamne jamais, il n'a que faire de la victime et même si Benigno est en prison, il n'est montre que comme la victime qu'il croit être et personnellement cela m'insupporte. [FIN DES SPOILERS]

Un fait qui annule pour moi tout ce que le réalisateur raconte depuis le début, car si la fin est poignante, je ne peux m'enlever de la tête ce qu'il a montrer ! Quant au casting, il est bon ! Dans les deux rôles principaux on trouve deux acteurs de talents. Pour celui de Benigno, on à l'impeccable Javier Camara qui campe avec sensibilité, subtilité et sincérité un personnage aux multiples facettes. Une interprétation pleine d'énergie et de contraste à l'image des actes de Benigno. Puis il y a Dario Grandinetti qui interprète Marco le journaliste. Aussi perdu que Benigno est dans les nuages, il fend l'armure et livre une performance à mille lieux de ce que son physique renvoie, Une performance pleine de contraste ou ressort une sensibilité à fleur de peau. On trouve aussi à leur coté Leonor Watling, Rosario Flores ou encore Lola Duenas … 

C'était presque bien ...

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