Ocho Apellidos Vascos
Rafa n'a jamais quitté sa ville natale, jusqu'à ce qu'il rencontre une fille du nom d'Amaia, qui résiste à ses techniques de séduction. Après avoir passé la nuit chez Rafa, Amaia oublie son sac à main chez lui. Contre l'avis de ses amis, Rafa la suit jusqu'au Pays basque. Une série de malentendus contraint Rafa à se faire passer pour un Basque pur-sang avec huit noms, et il devient de plus en plus empêtré dans son personnage pour arriver à ses fins.Ocho Apellidos Vascos – 14 Mars 2014 (Espagne) – Réalisé par Emilio Martinez Lazaro
Quand on décide de faire un film qui fait se confronter deux groupes de gens diamétralement opposés, il faut le faire bien et avec beaucoup de discernement. Car on peut très vite tomber dans la caricature et le non sens. L'exemple le plus fragrant à mes yeux, c'est « Bienvenue chez les ch'tis » de Dany Boon qui en plus de ne pas être bon, donne a mon sens une très mauvaise image des gens du Nord. Mais parfois comme avec « Ocho Apellidos Vascos » on a un film qui tape juste et qui comprend qu'on ne combat pas les clichés en les acceptant …
Amaia est une femme du pays basque, fière de ses origines et qui l'assume amplement. A tel point que lors de son voyage à Seville avec des amis, elle insulte Rafa, l'un des serveurs jouant les humoristes dans le bar ou elle se trouve. Car Rafa lui, est un sévillan pur jus, qui aime sa ville, son équipe de foot et surtout il n'aime pas les basques. Une rencontre explosive qui faillit faire des étincelles mais une fois la nuit passée, aussi rapide que passionnée, elle prit la forme d'un échec. C'est alors qu'en s’apercevant qu'elle a oublié ses papiers chez lui, il sera pris d'un élan de générosité ainsi que d'une très forte envie de la revoir. il décidera de prendre le premier car pour le Pays Basque. Et c'est le souffle court, la gorge nouée et l'estomac dans les talons que Rafa arrivera pour la reconquérir …
Sauf que rien ne sera simple ….
Si pour notre petit « Rafa » tout sera compliqué, le film quant à lui est d'une simplicité à toute épreuve. Emilio Martinez Lazaro réalise une comédie romantique sous fond de choc des cultures entre le nord (basque) et le sud (Andalou) avec tout ce que l'on est en droit d'attendre d'une romance exubérante comme celle ci ! Mais la ou les scénaristes Borja Cobeaga et Diego San José sortent du lot, c'est dans leur façon de traiter le clivage nord/sud ( basque et andalou), en prenant partie d'embraser totalement les clichés qu'ils veulent « dénoncer ».
Ce qui donne à l'usage un ton complètement décalé. Entre absurde et fantaisie, l'intrigue mêle amour, humour, quiproquo et indépendantisme sous l’œil rieur d'un réalisateur hilare, qui se plaît à pousser progressivement le curseur de la bêtise de plus en plus haut. Pourtant cela commence doucement, avec une robe de danse sévillane ici, de la gomina par là et puis par une idée de mise en scène toute simple (la traversée d'un tunnel ou un orage surnaturel attend Rafa) Emilio Martinez Lazaro nous transporte dans un autre monde, celui du pays basque. Et de cette façon, le film est libre de ses choix car il pose une barrière entre le réel et le fictif, ce qui est idéal pour en rajouter continuellement !
Rafa prend l'accent basque pour ne pas être pris pour cible, il en fait des tonnes sur « l'ETA » en se posant en leader séparatiste et a toujours peur d’être abattu ou enlevé! Puis comment ne pas rire du comportement du père, bougon, râleur et à cheval sur des traditions aussi régionales que profondément stupides … Des clichés qui sont forts, que l'on ne connaît pas tous mais qu'Emilio Martinez Lazaro met en scène avec sobriété ! Le film sait ou il va et ménage bien ses effets comiques en alternant les moments de folies douces avec ceux un peu plus intimes pour un final plein de bon sens. Ou les personnages se retrouvent bien démunis lorsqu'ils réalisent leurs propres bêtises et qu'au fond ce sont eux qui nourrissent les préjugés …
Et pour donner un visage a ces personnages haut en couleurs, on a un casting de talent ! Dani Rovira que je ne connaissais pas avant, comme l'ensemble de l'équipe du film m'a ravi par sa performance. Il joue admirablement bien et il est aussi parfait en courtisan naïf que maladroit. Clara Lago quant à elle se révèle à l'aise dans le rôle de l'abrupte mais néanmoins sympathique Amaia. Sauf qu'au final les deux qui sont vraiment hilarants dans le film ce sont les personnages de Koldo et de Merche qui sont joués respectivement par Karra Elejalde et et Carmen Machi ! Deux acteurs talentueux pour deux personnages truculents, ou l'on sent à chaque instant l'aisance de leurs interprètes ….
0 commentaires