Mud : Sur les rives du Mississippi

by - avril 21, 2014


Ellis et Neckbone, 14 ans, découvrent lors d’une de leurs escapades quotidiennes, un homme réfugié sur une île au milieu du Mississipi. C’est Mud : un serpent tatoué sur le bras, un flingue et une chemise porte-bonheur. Mud, c’est aussi un homme qui croit en l’amour, une croyance à laquelle Ellis a désespérément besoin de se raccrocher pour tenter d’oublier les tensions quotidiennes entre ses parents. Très vite, Mud met les deux adolescents à contribution pour réparer un bateau qui lui permettra de quitter l’île. Difficile cependant pour les garçons de déceler le vrai du faux dans les paroles de Mud. A-t-il vraiment tué un homme, est-il poursuivi par la justice, par des chasseurs de primes ? Et qui est donc cette fille mystérieuse qui vient de débarquer dans leur petite ville de l’Arkansas ?
MUD – SUR LES RIVES DU MISSISIPI
Réalisé par Jeff Nichols
Sortie en salle le 1er Mai 2013


En l'espace de trois films, le réalisateur/scénariste Jeff Nichols est devenu un incontournable, un mec qui fait frémir d'envie les cinéphiles du monde entier a chaque fois que son nom est cité, ce qui est très fort car il ne lui aura fallu que trois films pour s'imposer dans le milieu du cinéma indépendant américain. Donc après Shotgun Stories, Take Shelter, voici Jeff Nichols sur une barque, au fil de l'eau et du Missisipi pour l'hypnotique Mud.

Ellis a 14 ans, un age charnière, une période sensible pour tout adolescent. Enfant du Missisipi, les pieds sur terre et l'esprit sur l'eau, son environnement change, ses parents traversent une mauvaise passe, sa maison va disparaître, ses hormones le travaillent et il est toujours plus prompt a vadrouiller qu'a se concentrer a l'école. C'est ainsi qu'un jour, avec son ami Neckbone, ils retournent sur une petite ile isolée, pour s'accaparer un bateau abandonné sauf qu'en l'explorant, ils découvrent Mud, un personnage affable et mystérieux qui se cache la. Les deux gamins sont surpris quand Mud lui est soulagé d'avoir de la compagnie, une présence salutaire pour un personnage en quête d'amour, un amour si fort qu'il sera prêt a tout pour être avec sa belle, un parcours qu'accompagneront Ellis et Neckbone, qui vont faire preuve de beaucoup de témérité …

Jeff Nichols réalise un film plein de mystères et de charmes, ou les récits s'entrechoquent pour mieux nous surprendre car si on parle beaucoup de « Mud » on oublie alors que le principal protagoniste à mes yeux c'est le petit Ellis qui incarne à lui seul deux visions du monde, celui qui passe et celui qui est passé. Tour a tour, l'histoire de Mud, sans fin, sans retour, pris dans un élan romanesque se confronte aux réelles préoccupations de Ellis, qui se découvre peu a peu, qui apprend les affres de la déception, claque après claque pour en ressortir meilleur, plus grand et plus adultes …

Il reste alors Mud, figure mystique, sans port ni attache, que l'on imagine sans mal traîner au bord du fleuve avec les personnages de Mark Twain. Son arrivée dans le récit est tout aussi douce que surprenante, car on ne s'y attend pas et c'est la que Jeff Nichols injecte une dose de fantastique, il instille le doute sur ce que l'on voit, est ce un reve ? Ou simplement l'imaginaire de Ellis a l'instar de Dorothy dans le Magicien d'Oz pour s'échapper de son quotidien et trouver sa dose de réconfort ? Le doute planera jusqu'à la fin, laissant a Mud le mot de la fin, lui laissant la clé de son mystère face a l’impétuosité de ce Mississippi si enivrant …

Jeff Nichols lui donne par la suite un cadre aussi brillant que son histoire, la mise en scène est magnifique, elle fait la part belle aux paysages de Louisiane, réussissant avec brio a segmenter son espace, la maison, le fleuve et l'ile ou se trouve Mud profitent ainsi d'une atmosphère propre a chaque endroit, le direct de la photo Adam Stone fait alors un boulot magnifique, très sobre, très naturelle pour un résultat brut et authentique, avec une mention particulière à l'ile qui est un tableau à elle seule … Le rythme du film est bon, c'est tres bien conté, pour une mise sous pression finale assez ahurissante, ponctuée par une superbe bande originale, ainsi que par un casting réussis et très bien dirigé.

Un casting marqué par l'un des grands de 2013, le texan Matthew McConaughey qui n'a pas a rougir de son oscar, ni de la concurrence féroce pour l'avoir tant son talent est un peu plus palpable a chaque film qu'il fait, ici avec humilité et force, il se met au service d'un petit garçon, faisant preuve d'envie, de vie et d'amour pour lui inculquer de bonne valeur, une humanité touchante qui devrait faire s'émouvoir les plus dur d'entre nous. Tye Sheridan, l'acteur qui joue Ellis est très surprenant, car il ne semble pas se démarquer des autres jeunes de son age a l'écran, pourtant il saisi a merveille l'adolescence, cet instant indicible ou tu sens que tout change, ou l'innocence n'est plus et cela avec talent …


On a tous envie de parcourir les rives du Mississipi ... 



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8 commentaires

  1. "On a tous envie de parcourir les rives du Mississipi"

    J'ai parcouru, cela dit je referai pas, pas aimé du tout le voyage. :(

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  2. Un très bon film confirmant les talents de réalisateur de Jeff Nichols. D'autant qu'on a droit une nouvelle fois à une très bonne prestation de Matthew McConaughey. Vivement son film de SF.

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    1. C'est bien vrai, une filmographie qui se diversifie avec réussite. Tandis que McConaughey ça fait quelque temps qu'il est bon, voir très bon ... (Dallas Buyers Club, True Detective)

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    2. De toutes manières, McConaughey a montré ce qu'il avait dans le ventre depuis au moins 2008 avec Tropic thunder. Maintenant qu'il a son Oscar, il est inarrêtable.

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    3. Oui clairement, il a acquis une maturité artistique et affective qui l'emmenent vers le meilleurs. Et il devrait encore prendre une autre dimension avec Interstellar en fin d'année

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  3. Mark Twain, le Magicien d'Oz, c'est exactement ça ! Mud va puiser à la source de l'Amérique, peint le visage des gens de peu qui ont amarré leur barque sur les rive d'un fleuve qui ne demande qu'à les emporter au loin. Après avoir accumulé tant de nuages noirs sur le terrifiant "Take shelter", Nichols opte cette fois pour une issue ensoleillée. Je trouve que la lumière lui va tout aussi bien.

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    1. On est d'accord ! C'est une chose qui va bien a Jeff Nichols ...
      Il s'approprie l'Amérique avec beaucoup de recul et bienveillance.

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