West Side Story

by - février 17, 2014

À New York, dans les années 1950, deux gangs de rue rivaux, les Jets (Américains d'origine polonaise, irlandaise et italienne) et les Sharks (immigrés d'origine portoricaine), font la loi dans le quartier West. Ils se provoquent et s'affrontent à l'occasion. Tony, ancien chef des Jets et maintenant à la retraite, et Maria, la sœur du chef des Sharks, tombent amoureux, mais le couple doit subir les forces opposées de leurs clans respectifs.
WEST SIDE STORY/Robert Wise/2 Mars 1962

Noël est une période bénie car malgré tous les tracas, on dirait qu'il ne peut rien arriver de mal. C'est aussi le moment des cadeaux et cette année comme toutes les autres, on m'offre des choses que j'apprécie énormément et ma compagne m'a offert 3 comédies musicales, « Chantons sous la Pluie » du grand Stanley Donen, un classique du cinéma américain « le Magicien d'Oz » de Victor Fleming et pour finir la comédie musicale au 10 oscars « West Side Story » réalisé par Robert Wise que je vais chroniquer ici ….

Comme pour toutes les adaptations de ce genre, l'histoire débute sur les planches, celle du Winter Garden Theater sur Broadway en 1957. Une concrétisation qui fut le fruit d'un long labeur qui commença huit ans plus tôt, sur une suggestion de l'amant du chorégraphe Jerome Robbins, qui lui donna envie de monter une comédie musicale contemporaine inspirée de Romeo et Juliette. Pour cela il propose à Leonard Bernstein (Compositeur) et a Arthur Laurents (Dramaturge) de collaborer avec lui. Il veut centrer l'intrigue sur un conflit lors de la période de Pâques, entre une famille italo-américaine catholique « Les Jets » et une famille juive « les Emeralds » vivant dans le Lower East Side. Mais divers désaccords entre eux, comme la forme de l'histoire à adopter ralentissent un peu le projet. Une fois d'accord sur le forme, Laurents écrit une ébauche qu'il intitule East Side Story, sauf qu'une fois fini, tous les trois s’aperçoivent que les thèmes abordés ont été déjà traités dans des pièces comme Abie's Irish Rose.

Suite à cela, ils abandonnèrent le projet et la pièce est mis de coté pendant cinq ans. C'est lors d'une rencontre Bernstein/Laurents, que le projet renait … Ils tombent d'accord sur la nouvelle direction a prendre, en se concentrant sur le phénomène récent de la délinquance juvénile et des gangs. Bernstein vise sur une intrigue à Los Angeles, mais Laurents impose sa vision ainsi que son choix pour Harlem et les Porto-Ricains. Ils contactent ensuite Jerome Robbins qui est enchanté de faire une pièce sur des rythmes latino. Tous les trois sur la même longueur d'onde « West Side Story » était en marche …


732 représentations a New York, plus de 1000 fois lors de son passage à Londres et un succès aussi bien critique que public qui n'est plus à prouver. C'est sans surprise qu'en 1961 le cinéma voit débarquer les « Jets » et les « Sharks ». Dans un New-York post seconde guerre mondiale, deux bandes de jeune dans le West Side se livrent une guerre des territoires sans merci. D'un coté les « Jets » américains d'origine italienne, polonaise ou irlandaise, de l'autre les « Sharks » immigrés porto-ricains, deux bandes rivales qui ne cessent de s'affronter, de plus en plus souvent et de plus en plus violemment. Riff l'actuel chef des « Jets » veut organiser l'ultime bataille, pour voir qui des deux aura le contrôle du quartier. Pour asseoir sa décision il veut faire revenir l'ancien fondateur des « Jets » Tony. Mais au cour d'une soirée de danse, Tony le « Jets » rencontre la petite sœur de Bernardo, la belle Maria et c'est le coup de foudre … Une situation que les deux camps ne peuvent accepter.

Voila un film qui dés le début vous désarçonne et vous prends à contre pieds, avec près de 5 minutes de musiques ininterrompues, sur un fond changeant de couleurs, pour nous arrêter sur une vue aérienne de New York. Une ouverture en forme de sommaire musical que Robert Wise cale pour bien nous dire face a quoi on se trouve !!! puis il enchaîne sur 8 minutes d'anthologie, de danse et de cinéma, une tache que Wise et Robbins le chorégraphe maîtrisent tous les deux à merveille, dont ils s'attellent a renouveler sans pertes de qualités pendant 2h30.

Le film est une merveille du début à la fin, les talents conjugués du réalisateur et du chorégraphe poussent à mon sens la comédie musicale encore plus loin. Robert Wise ne filme pas simplement des numéros de danses, ni de simple danseurs, il rajoute a la chorégraphie de Robbins, sa touche cinématographique et dirige les danseurs comme des acteurs, ce qui donne un résultat brillant. Chaque mouvement de caméra est limpide, en osmose avec la musique du duo Bernstein/Sondheim, les corps aussi fins soient ils, sont puissants, rapides, vifs et chaque pas, chaque attitude illustre une émotion, une posture, qui dénote selon le moment d'une rage et d'une fierté a toute épreuve sur un territoire aussi étroit qu'essentiel à leurs propres survies. La musique que je souligne un peu plus haut est aussi un élément essentiel du film, des mélodies de Bernstein en passant par les paroles de Sondheim, elles racontent des histoires, posent les problèmes et expose ses thèmes (amitié, fidélité, identité, racisme...) tout en battant la mesure avec ce claquement de doigt si hypnotisant. En cela, une fois mis bout a bout, tous ses éléments rendent le film plus fort, plus puissant et c'est ainsi que tout les moments clés du film sont bien plus intenses, poignants et tristes, que d'habitude, sans allez toutefois jusqu'à la tragédie totale de son illustre modèle « Roméo et Juliette ».

Une histoire d'amour tragique qui sert aussi de contexte à une critique sociale assez dure. Après la guerre, la situation de New-York n'est pas rose, la ville décline, le tissu industriel s'érode, des usines déménagent en masse quand dans la même période NY connaît une forte immigration porto-ricaine et une explosion de la délinquance chez les jeunes. Un phénomène nouveau qui dénote d'une certaines perte de repères des jeunes dans l’Amérique post seconde guerre mondiale. Si les deux bandes se livrent une lutte sans merci, si les Jets sont le reflet d'un racisme ambiant, ils ont aussi énormément en commun. Sous leurs airs de gros dur, ce ne sont que des adolescents, avec les problèmes d'adolescents, ils cherchent leurs identités, a affirmer leurs personnalités, tout en goûtant au plaisir de l'amour, de la vie et des emmerdes, ce que l'on voit tant ils n'ont pas conscience du risque qu'ils encourent a se battre, guider simplement par leurs émotions. Une explosion de jeunesse et de vitalité qui détonne de l'autre coté de l'Atlantique, une mise en lumière d'une société qui s'est coupé de sa jeunesse et qui se retrouve dépourvue devant elle et devant la délinquance qu'elle n'arrive pas a gérer …

Et si belle soit l'histoire, si caustique soit la critique sociétale, le film doit beaucoup à un casting sans faille récompenser aux oscars, notamment pour les seconds rôles, masculins et féminin.



Nos Roméo et Juliette sont incarnés par un duo de talent; tout d'abord l'impeccable Richard Beymer il fait preuve de beaucoup de conviction, de tact et son entrain pour jouer ce « Jets » repenti, qui trouve par dessus tout l'amour et le courage de l'exprimer, mais cela ne se fait pas sans haine, ni arme, ni violence ; sa « Juliette » est jouée par la déjà célèbre Natalie Wood, vu dans « La fureur de vivre » ou encore « La Prisonnière du Désert » elle irradie à l'écran comme les yeux de son partenaire, interprétant avec justesse son rôle de femme dans un milieu très « machiste », a la fois enjouée et sensible.
Si tous deux sont touchants, j'ai été plus attiré par les « seconds rôles », notamment ceux qui joue Riff et Bernardo, ainsi que la belle Anita …
Russ Tamblyn grille son collègue Chakiris et récupère le rôle de Riff, le chef de meute, catalyseur de toute la hargne, la fougue et la folie de son gang pour ainsi lancer les hostilités; George Chakiris (Mon chouchou) danseur professionnel transcende son personnage, lui donne une âme et une personnalité flamboyante, une interprétation solide qui lui vaudra l'oscar du meilleur second rôle en 1962, comme Rita Moreno pour sa façon de faire d'Anita, une personne clé, protectrice, charmeuse et confidente, qui brille de mille feu dans le fameux « America ». Je n'oublie pas aussi de dire bravo au doubleurs chant, Marni Nixon, Jimmy Briant et Betty Wand qui prêtent leurs voix, pour notre plus grands plaisirs.


L'Amérique moderne c'est aussi construite dans la rue. Une comédie musicale époustouflante au service d'une romance enivrante.




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