Le Crime de l'Orient-Express

by - février 20, 2018



LE CRIME DE L'ORIENT EXPRESS
Kenneth Branagh

Entre les innombrables romans et nouvelles écrites par Agatha Christie dont le héros est Hercule Poirot, le meurtre de l'orient express est l'un des plus utilisés au cinéma et à la télé. J'adore les romans d'agatha christie, j'adore regarder leurs adaptations. J'ai lu ce livre, mais j'avoue ne pas m'en souvenir, j'ai vu la version de Lumet, et j'en garde un souvenir floue. Mais la version télévisée qui tourne autour d'un Poirot interprété par David Suchet (qui aura donné corps au héros belge dans toutes les aventures que lui a inventé l'écrivaine), version luxueuse, qui n'a rien à envier à un film «de cinéma» est très présent dans mon esprit, avec en prime la présence de la somptueuse Jessica Chastain dans le rôle que tient ici Daisy Ridley.

Poirot est en train de résoudre une affaire de vol à Jérusalem, quand on lui demande de rallier l’Angleterre pour résoudre un crime. Grâce à une connaissance,qui est le responsable de ce train, trop heureux de l'avoir à son bord, on lui dégote une place en première classe. Si pendant la première journée on découvre les personnes qui voyagent avec lui. Pendant la nuit suivante,un riche et désagréable marchant d'art est tué de douze coups de couteau, et le train est bloqué par une avalanche.
Cette histoire est de base très audacieuse, tant par sa richesse, son huit clos, son coupable, voire son épilogue. Et on sent la forte influence d'un fait divers qui a secoué l'opinion publique. A ma connaissance, c'est la seule fois que l'auteure le fit aussi clairement.
L'orient express est un train luxueux, où le voyage est autant une expérience, qu'un trajet. Il est plus qu'un décor, il est quasiment un personnage. Là il y a tout le coté luxueux, qui va de paire avec les personnes de bonnes compagnies. Mais on ne ressent pas le coté mythique du train, ni sa personnalité. Les décors sont justes fonctionnels.
D'autres sont vraiment too much. Je sais que l'on est souvent critique avec les écrans verts, mais là. Le coucher de soleil peint, comme les décors d'autrefois apportant une certaine poésie qui cohabitent avec les mauvais effets visuels d'une avalanche.Il y a un delta, qui est présent à divers niveaux pendant tout le film. Il m'a gênée de manière récurrente. Un peu comme un manque de cohérence.
Par exemple, vous êtes à bord d'un train, en Russie, la neige vous a bloqué. Il fait très froid, voire très très froid. Et Poirot,décide de prendre le thé dehors pour faire parler Mary. C'est tellement ridicule qu'il y a une partie de la scène où le personnage justifie ce choix. De même, toujours les deux mêmes acteurs se retrouvent dans un wagon de transports commerciaux, vides, pour parler. Alors visualisez. Les portes ouvertes sur les deux cotés du wagons; ça fait très joli avec le paysage peint derrière; ça ouvre l'horizon... mais c'est pas crédible pour deux sous. Le courant d'air devrait les congeler sur place, avec leurs petits manteaux et Mary en jupe. Que nenni ça s'installe et ça papote.

La réalisation aussi m'a posé question. On voit la volonté de Branagh d'alterner la manière de filmer en posant sa caméra de manière très classique, avec un cadre tout joli bien propre. Et puis d'un coup une fulgurance, une idée originale. Et il se sent obligé de bien la souligner pour que l'on comprenne ou qu'on la voit. Et je vous promets qu'au milieu du classicisme «branaghien» ça saute aux yeux. Par exemple il y a une scène dans un couloir, où ils sont filmés en hauteur. C'est sympa au début, mais ça s'installe et c'est tout sauf intéressant. Il y a aussi un moment où il positionne les personnages, comme dans la Cène de Da Vinci. C'est caricatural plus qu'autre chose. Ça en fait des tonnes.ici ça nous a fait rire.
Le casting et le scénario pour moi, sont encore la preuve de l'incohérence de ce film.
C'est un film avec un casting incroyable et dans lequel les personnages sont super mal écrits. Je me suis demandée s'il comptait sur ce que nous connaissions de ces personnages pour ne pas avoir à leur donner de la matière.
Prenons Jhonny Depp. Il n'a quasiment rien pour installer son personnage de sale type. Quelques lignes de textes qui sont assez incohérentes pour un homme aussi expérimenté, et qui sonnent faux. Alors oui en ce moment, il est le sale type par excellence Hollywood. Il a toujours ce jeu qui lui est propre. On l'aime ou pas. Mais c'est sur ça que s'appuie son personnage pas sur un scénario qui pourrait construire Ratchett.
Williem Dafoe est un acteur que j'apprécie, son personnage est bâclé. Il est stéréotypé de manière gênante, et comme toujours le film finit par justifier les choix scénaristiques, au lieu de nous parler personnage.
Penelope Cruz et Judith Dentch ont des rôles clés à divers niveaux, mais font surtout de la figuration.
Seules michelle pfeiffer et Daisy Ridley ont plus de place. Mais le plus souvent c'est comme sparing partner de Poirot. Elles sont aussi très charismatiques.
Le problème de ce film pour moi est l'omnipotence de Kenneth Branagh. Car si Poirot à une haute idée de lui même, il est entouré de personnes qui le rendent plus humain. Et là ce film ne parle que d'un acteur qui est en train de d'interpréter le détective. Une vraie partie de qui a la plus grande moustache. Ne rigolez pas. Si vous voulez voire, googler le personnage et ses interprètes. Et regarder qui à la plus grosse moustache.
Du coup le personnage change. Il devient élégant et svelte, alors que ce détective est petit est rond. Sachez le, Poirot ne se servira pas de sa canne comme arme, il ne partira pas à la course derrière un suspect (il en est incapable), il n'est pas imperméable aux balles. D'ailleurs je ne crois pas qu'un jour dans un roman, il en est pris une. Pour moi ces changements, cette volonté de le faire plus beau, plus jeune, plus grosse moustache.... parle du réalisateur plus que de la qualité de son film. Mais pour moi, qui adore ce personnage, ça me met dans une drôle de disposition pour le suivre. Surtout quand il ridiculise le détective en jouant de sa rigidité.
Mais ce n'est pas les seuls changements. On ne sait pas pourquoi. Le médecin du roman n'est pas le médecin dans le film. Et plein d'autres choses. Ça n'amène pas grand chose à l'histoire. Mais ils le font quand même.
Il y a une bonne idée. Il intègre un personnage noir-américain dans les années 30 Il y a des choses à raconter. Et même si le thème est juste effleuré, il est abordé sans faux détoures. En plus c'est l'un des personnages les plus cultivés, il est médecin. Le problème est qu'en recréant ce personnage il ne le font plus agir de manière cohérente, et à la fin c'est un chouia n'importe quoi. Et parallèlement ils développent un personnage germanique qui n'est qu'un stéréotype hyper gênant tout le long du film. Cela met en place un sentiment de malaise.
Je finirai par le discours sur la religion. Dans les romans Poirot est catholique. Il y transpose toute la rigidité qu'il peut mettre dans sa vie. Et là le scénario part dans un espèce de n'importe quoi, justifiant un épilogue qui est édulcoré dans le ton, par rapport à l’âpreté de l'original.

Ce film a de belles choses, il est pour moi cependant une démonstration des problèmes d'égo de son créateur. C'est pour ça que je vous conseillerai plutôt la version Suchet pour découvrir poirot.



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1 commentaires

  1. 8 dépanneurs qui déboulent avec 3 cordes et 2 marteaux pour remettre le train sur les rails, trop fort là.....
    Ca pèle dehors pourtant à aucun moment on aperçoit une quelconque haleine etc etc ......
    Baclée l'affaire, insipide et chiant le propos.

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