Thor Ragnarok

by - décembre 18, 2017


Privé de son puissant marteau, Thor est retenu prisonnier sur une lointaine planète aux confins de l’univers. Pour sauver Asgard, il va devoir lutter contre le temps afin d’empêcher l’impitoyable Hela d’accomplir le Ragnarök – la destruction de son monde et la fin de la civilisation asgardienne. Mais pour y parvenir, il va d’abord devoir mener un combat titanesque de gladiateurs contre celui qui était autrefois son allié au sein des Avengers : l’incroyable Hulk…
Thor : Ragnarok – 25 Octobre 2017 – Réalisé par Taika Waititi

Je ne suis pas un connaisseur de comics, mais je sais que c'est idéal pour réunir divers super-héros sur un même support et les nombreux crossovers qui existent en sont la preuve, une recette qui fonctionne depuis de nombreuses années. Mais Marvel a fait bien plus fort et cela en posant des 2008 les bases de son univers partagé au cinéma! Un coup de poker fructueux et qui désormais n'en est plus un, car après 17 films produits et près de 13 milliards de dollars de recettes, Marvel Studios fait office de poids lourds que plus rien ne peut stopper, si ce n'est la lassitude …

Une chose que ne connaît pas encore le studio, ni le public ! Car régulièrement des nouveaux personnages arrivent, des nouvelles têtes font leurs apparitions et elles sont souvent prestigieuses. Puis parfois des gens que l'on aurait jamais cru attirer par ça font leur apparition, c'est le cas du néo-zélandais Taika Waititi, qui sortait du tournage de son dernier film « Hunt for the Wilderpeople »


Alors que Thor croyais son frère mort, celui-ci c'est emparé en douce du trône d'Asgard en prenant la place de leurs père Odin. C'est ainsi qu'après son combat face a Surtur, Thor victorieux revient sur Asgard et remarque quelques changements intriguants! Heimdall ne surveille plus le Bifrost, mais surtout une immense statue de Loki qui surplombe une représentation théâtrale mettant a l'honneur la bravoure de Loki. Une mascarade auquel Thor y met un terme, avec comme seule question, ou se trouve Odin? Aidé par le docteur Strange, les deux frères le retrouvent et tombe sur leur père qui leur livre son testament, quand une fois fait, Hela la déesse de la destruction vient pour s'emparer du trône d'Asgard et déclencher le Ragnarok. Thor qui ne peut la vaincre, se trouve par hasard sur la planète Sakaar et finit par devenir un gladiateur de cette étrange planète gouverner par « The Grandmaster », un espèce de gourou new-age qui s'amuse de combat en arène. Une situation qui va mettre à l'épreuve le dieu du tonnerre, notamment lorsqu'il rencontre une vieille connaissance, « Hulk » …

Taika Waititi est un réalisateur que j'ai appris à découvrir il y a peu. Chaque film n'a cessé alors de me surprendre et de me faire apprécier l'univers si fantasque de cet homme. Un mélange d'humour, d'émotion et de poésie, le tout porté par une culture populaire immense! Le voir par la suite intégrer l'univers cinématographique marvel m'a autant enthousiasmé qu'inquiété au départ, car si cela s'avère une chance pour certains, pour d'autres cela peut être un long chemin de croix! Mais des que la promo fut lancée, une partie de mes craintes s'étaient envolés. Si c'est évident que Taika Waititi s'est conformé aux exigences du studio, j'ai malgré tout très vite retrouver ce que j'apprécie dans ces différents films.

Le scénario écrit à trois bras est assez étonnant et ça pour deux choses évidentes ! L'une c'est que Marvel ne semblait pas savoir ou elle voulait amener ce fameux dieux nordique, car ce troisième opus est un quasi-reboot du personnage dans le MCU et qu'il peut aisément exister sans les deux précédents. L'autre point qui dénote et qui surprend c'est la présence du « Ragnarok », que l'on peut définir par la fin des temps dans la mythologie nordique. Un élément pivot de l'intrigue, car c'est ce qui accompagne le quasi-reboot du personnage, mais c'est surtout l'occasion pour Taika Waititi de briser les certitudes des personnages et d'amener une politisation de l'intrigue. Parce qu'il ne s'agit plus pour Thor d'éviter l'Apocalypse mais bien d'éviter l'extinction de son peuple. .

Le récit est faussement léger, même si cela ne manque pas d'humour! Thor ne pense qu'au bien de son monde, mais lorsque Hela revient, il est forcé à l'exil sur une planète lointaine ! Cette planète aux allure de décharge se nomme Sakaar. Elle est sous la coupe du « Grandmaster ». Un homme qui organise des jeux, des combats en arène, souvent mortel, avec des gladiateurs venant de tout horizon. Des combattants choisis parmi les personnes dont on ne veux plus. Un lieu ou Thor va devoir faire preuve d'humilité et de retenue pour pouvoir s'en sortir et fédérer une équipe pour empêcher Hela de déclencher le « Ragnarok ». Il retrouve un ami du travail, le fameux Hulk, une valkyrie et son frère Loki. Il perd aussi ces longs cheveux, ainsi que Mjolnir. Thor n'est alors plus celui que l'on a connu, il se définit désormais par ces actes et non par un « marteau », ou enfin débarrasser de l'ombre de son père, il devient le roi d'Asgard !

C'est clairement le jour et la nuit entre ce film et les deux précédents, car on oublie le ton grandiloquent et shakespearien pour une pure comédie d'action! Alors le style de Waititi peut déplaire et je le comprend largement car c'est de l'humour non-stop. Un mélange de burlesque, de comique de situation et d'improvisation qui exploite à merveille les talents naturels de chaque acteur pour nous faire vivre cette histoire et nous conter ce « Ragnarok » nouvelle génération. Hormis quelques reshoots mal finalisés, le film est soigné, coloré et rythmé, une vraie orgie visuelle! Ce qui nous offre par ailleurs des jolies moments. Des scènes parfois drôles, décalées, intenses ou chaque personnage, quel qu'il soit à son instant à lui pour briller; comme l'introduction avec Surtur, la dérision de la pièce de théâtre, l'arrivée d'Hela sur Asgard, l'impressionnante bagarre dans l'arène entre Hulk et Thor, la fuite en vaisseau de Sakaar avec une Valkyrie purement « Awesome » ou encore la bataille finale sur Asgard qui cristallise a elle seule tout les enjeux du film.

Si on ne retrouve pas le réalisateur à l'écriture, ce qui est dommage vu son talent, on ressent malgré tout les différents thèmes qu'il apprécie aborder ! On y parle donc de la place du père (Odin absent), de la relation qu'il peut avoir avec ces enfants (Thor préféré à Loki systématiquement), d'une fratrie dysfonctionnelle (Thor/Loki/Hela), d'un enfant rejeté (Hela), mais aussi des exclus du système (Les gladiateurs et esclaves de la planète Sakaar), ou bien encore de la guerre et du sort des migrants (Le peuple d'Asgard obligé de fuir leur terre). Le « Ragnarok » n'est alors plus quelque chose de divin, mais quelque chose de réel et tangible. Un écho à l'actualité comme on en voit trop peu dans les films du studio, qui en plus d'ajouter de la gravité a un film somme tout léger, ajoute un poil plus d'épaisseur et d'enjeu. Un humanisme qui ne m'étonne guère au vu des films précédents de Taika Waititi, lui qui n'hésite pas a aborder dans l'un de ses premiers films la place des Maoris dans la société néo-zélandaise (Boy), ou encore le traitement accorder aux délinquants Maoris (Enfant et adolescent).

Bref des thèmes qu'il ballait allègrement dans sa filmographie, du petit garçon qui attend le retour de son père dans Boy, aux drôles de vampires qui vivent dans notre monde dans « What we do in the Shadow » à Ricky Baker, l'improbable créateur de Haiku de « Hunt for the Wilderpeople » !

Il se permet même de déconstruire la figure masculine du super-héros, avec le cas de Thor ! Dans les deux premier films c'est un personnage fort, beau, au cheveu long, arrogant, voir suffisant et qui ne jure que par son marteau Mjolnir. C'est l'archétype du super-héros masculin typique, avec ce que ça représente dans l'imaginaire collectif. Le film lui enlève alors ce qui semble pour lui essentiel, sa longue chevelure et son marteau, deux symboles de virilités évidents ! Thor ne semble pouvoir s'en passer, il est défait quand il perd son marteau, hurle quand on lui coupe ses cheveux, bref il a peur de ne plus être celui qu'il était. Pourtant il va bien voir, que ce ne sont pas ces deux éléments qui font sa force, ou son aura, mais bien sa capacité à croire tout simplement en lui et en ses actes. Il devient ainsi le vrai dieu du tonnerre et de la foudre …

Le casting du film se révèle aussi à la hauteur du film. Chris Hemsworth que je n'ai presque jamais vu en dehors de ces films nous montre un talent comique des plus naturel. Le réalisateur adepte de l'improvisation exploite à merveille ce talent pour amener l'acteur la ou il le souhaite et c'est avec beaucoup d'aisance qu'il prend un plaisir non feint à l'écran, sans jamais sacrifier l'aspect iconique (enfin) de son personnage. Loki pour Tom Hiddleston est un prolongement de soi tant il semble apprécier jouer les différentes nuances de son personnage, de plus la complicité qu'il a développer avec le temps avec Chris Hemsworth rend leur relation plus palpable et sincère. Mark Ruffalo qui fait de nouveau son apparition dans le film du MCU à un peu deux rôles, celui du Hulk qu'il est depuis 2/3 ans et celui quand il est a nouveau Banner. Une situation inédite qui permet d'avoir un nouveau regard sur le géant vert, sur ce que cela engendre à rester ainsi et sur ce que cela provoque chez un Banner déboussolé! Et c'est avec une belle sensibilité que Ruffalo interprète ça! Idris Elba prend une plus grand place et montre Heimdall sous un jour plus guerrier et il fait ça de manière très convaincante.

Si les vétérans du MCU se débrouille bien, les petits nouveaux sont aussi convaincant. T. Waititi est aussi derrière la démarche bienveillant de Korg, un gladiateur révolutionnaire peu avare en bons mots. Karl Urban joue Skurge l’exécuteur, un personnage ambiguë qui cherche sa place dans un monde au bord du chaos. L’irremplaçable Jeff Goldblum prête ses traits au Grand Maître et livre une prestation jubilatoire, entre sérieux et autodérision! La déesse de la mort, la grande Hela est interprétée par Cate Blanchett. Un personnage assez redoutable, car elle n'est animée que par la vengeance et l'actrice joue ça sans aucune ambiguïté. Elle est là pour tout détruire et elle compte bien le faire, ce qui se ressent par ce que l'actrice retransmet, un vrai plaisir d’être là. Mais mon coup de cœur c'est bien le personnage de la Valkyrie jouée par Tessa Thompson, un vrai petit bijou de badasserie comme en voit que trop peu chez Marvel, avec un vrai fond et une personnalité bien à elle !

C'est plaisant d'apprécier enfin un film Marvel ... 


Affiche crée par Dan Mumford

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