Rétribution

by - septembre 23, 2017


Le détective Yoshioka enquête sur plusieurs meurtres qui semblent liés entre eux. Chaque victime est découverte noyée, le corps rempli d'eau salée, cette même eau qui menace d'engloutir des quartiers désaffectés des alentours de Tokyo au prochain tremblement de terre. Tourmenté par le stress et par la crise que traverse son couple, Yoshioka découvre sur les lieux des crimes des objets familiers qui le poussent à s'interroger sur sa propre culpabilité : se pourrait-il qu'il soit le meurtrier ?
Rétribution – 29 Août 2007 – Réalisé par Kiyoshi Kurosawa

Il y a encore quelques mois, je ne connaissais ni Kiyoshi Kurosawa, ni Koji Yakusho. Mais depuis cela a bien changé, le premier est devenu l'un de mes réalisateurs préférés et le second un acteur que j’affectionne particulièrement. Surtout qu'ils ont collaboré plus d'une fois ensemble, huit pour être précis et qu'à chaque fois Koji Yakusho est étincelant ! Si bien que désormais, il suffit que je lise son nom dans la distribution d'un film pour avoir envie de le voir, un plus indéniable pour chaque films de Kiyoshi Kurosawa ou il apparaît, dont « Retribution » qui est la septième et avant dernière (pour l'instant) collaboration.

Dans les vieux quartiers de Tokyo, loin de tous, avec son lot de friches industrielles et de bâtiments abandonnés, une jeune femme vêtue de rouge vient de se faire assassiner. Le détective Yoshioka, expérimenté et instinctif est sur place pour commencer à enquêter sur ce meurtre violent. Seul lui remarque certains détails, comme l'eau que régurgite la victime ou un bouton dans une flaque, mais rien de concret à proprement parler. Tout s’accélère quand un autre meurtre est commis, puis un autre, la police est sur les dents, car elle pense avoir à faire à un serial-killer. Malgré le stress, Yoshioka ne ménage pas ses efforts pour trouver le tueur, sauf que cela se complique, quand il se trouve suspecter pour le meurtre de la femme en rouge …

Kiyoshi Kurosawa
mélange une fois de plus les genres, le thriller et le film de fantôme ! Une chose qu'il fait souvent et qu'il maîtrise, avec comme point d'orgue dans sa filmographie, le fantomatique « Kairo ». Et sans en être la copie, « Retribution » s'interroge de la même façon sur la société japonaise, et pose la question suivante, comment savoir ou l'on va, si on ne sait pas d’où l'on vient ?

Le scénario est signé Kiyoshi Kurosawa et il se concentre sur la personne de Yoshioka. Le détective qui enquête au début sur une série de crime, se trouve par la suite démunie face à son environnement qui s’effondre sur lui même, qui lui amène plus de questions que de réponses. Il synthétise ainsi les diverses obsessions des différents personnages que le récit développe, la mort, la solitude, le regret, l'oublie et l'amour. Des thématiques qui sont en parties similaires a celle de « Kairo », mais là, il s'agit non pas de penser à la jeunesse, à cette partie de la population qui au travers des écrans s'isole, mais bien au passé, aux gens que la modernisation a laissé de coté, aux laissés pour comptes, a ceux qui ne demander qu'un bonjour, un regard ou une main tendu.

Un pessimisme ambiant que K.Kurosawa nous transmet aussi par sa mise en scène, épurée, simple, avec des choix de décors judicieux, des couleurs saturées et ce sentiment inextricable d'immensité qui nous étouffe ! L'utilisation de l'eau et des miroirs pour matérialiser le monde que l'on ne voit plus, est bien vu, tant par ce que cela amène en terme de réalisation, qu'en termes de symboliques. Le rythme du film que le réalisateur maîtrise admirablement bien, agit comme un décompte, un lent mouvement, une bascule vers la folie, qui n'est autre que le chemin que Yoshioka doit suivre pour accéder à la vérité. Le casting est quant à lui de qualité, porter par l'immense Koji Yakusho, sombre, touchant et émouvant. Il porte littéralement le film sur ses épaules. Puis on trouve Manami Konishi, l'étrange femme en rouge. Une belle performance, plein de nuance, avec sa dose de mystère qui l'accompagne. Une intrigante revenante au cri perçant. 

Un film plus émouvant qu'effrayant, qui fait des fantômes le reflet de nos erreurs passées.

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