Visages Villages

by - juillet 25, 2017


Agnès Varda et JR ont des points communs : passion et questionnement sur les images en général et plus précisément sur les lieux et les dispositifs pour les montrer, les partager, les exposer. Agnès a choisi le cinéma. JR a choisi de créer des galeries de photographies en plein air. Quand Agnès et JR se sont rencontrés en 2015, ils ont aussitôt eu envie de travailler ensemble, tourner un film en France, loin des villes, en voyage avec le camion photographique (et magique) de JR. Hasard des rencontres ou projets préparés, ils sont allés vers les autres, les ont écoutés, photographiés et parfois affichés. Le film raconte aussi l’histoire de leur amitié qui a grandi au cours du tournage, entre surprises et taquineries, en se riant des différences.

Visages Villages – 28 Juin 2017 - Réalisé par JR/ Agnès Varda

Les documentaires ne m'attirent pas naturellement et rare sont ceux que je découvre au cinéma. Pour tout dire c'est un genre cinématographique que je regarde peu. Et pourtant il faut bien le dire, les bons documentaires n'ont rien à envier aux films classiques, ce qui est le cas de cette collaboration entre l'artiste JR et la cinéaste Agnes Varda, une plongée dans la France, entre le béton et les visages qui la composent !

Tout commence par une rencontre, poussée entre autre par la fille de Agnes Varda. Une rencontre qui en a appelé d'autres, lui photographiait la façade de sa maison, elle son visage, même si il n'a daigné enlever ses lunettes. Le début d'une amitié que l'on décèle au travers de leurs actes et de leurs mots, puis vint alors l'idée de ce documentaire. Un film qui partira loin des villes, car c'est le souhait d'Agnes Varda, ou au gré de leurs envies, ils parcourront la France, avec le camion photo de JR, à la recherche d'histoires, de femmes et du temps qui passe !

Au final, c'est un vrai beau et fort moment d'émotion que nous livre JR et Agnes Varda ! Une tournée dans la France que l'on ne regarde que trop peu, qui est parfois même clairement abandonné. Alors que ce sont des moments d'histoires qui se cachent ou des histoires d'hommes et de femmes, avec la simplicité qui les caractérise.

L'approche de JR et d'Agnes est tout aussi simple, modeste et profondément humaine, ou l'on sent que les gens les intéressent et qu'ils sont la pour les écouter, que ça soit dans le Nord auprès de Jeannine Carpentier, la dernière habitante d'un coron à Bruay-la-Buissière; ou encore auprès de ces femmes de dockers ; Nathalie Maurouard, Sophie Riou et Morgane Riou devenu des femmes totems de dix mètre après un collage des équipes de JR ! Les femmes et leurs paroles sont à l'honneur, magnifiées par l'attention et l’œil de la grande Varda qui leur rend justice.

Ils mettent aussi en lumière des territoires reculés, ou l'on sent que le temps passe à son rythme, ou tout semble avoir bougé sans jamais se détériorer. Un peu comme la réalisatrice de se documentaire, pleine de vie, mais qui doit faire face à des injections régulières dans les yeux pour préserver sa vue qui baisse. Une corvée indispensable pour ne pas la priver de son outil le plus utile, son regard profond et compatissant qui semble percer à jour la moindre image ou personne. Ce qui est le plus beau des cadeaux que nous lèguent JR et Agnes Varda, un film qui voit le monde comme il est, qui crée du lien et qui rapproche les gens, notamment par la force des images et de ceux qu'elles représentent ! 
Une très belle réussite !





You May Also Like

0 commentaires

Rechercher dans ce blog