Snowden

by - novembre 28, 2016


Patriote idéaliste et enthousiaste, le jeune Edward Snowden semble réaliser son rêve quand il rejoint les équipes de la CIA puis de la NSA. Il découvre alors au cœur des Services de Renseignements américains l’ampleur insoupçonnée de la cyber-surveillance. Violant la Constitution, soutenue par de grandes entreprises, la NSA collecte des montagnes de données et piste toutes les formes de télécommunications à un niveau planétaire. Choqué par cette intrusion systématique dans nos vies privées, Snowden décide de rassembler des preuves et de tout divulguer. Devenu lanceur d’alerte, il sacrifiera sa liberté et sa vie privée.
Snowden – 2 Novembre 2016 – Réalisé par Oliver Stone

Oliver Stone n'est pas mon cinéaste favori, mais à chaque fois que je découvre l'un de ses films, il ne cesse de me faire m'interroger sur ce que je viens de voir à l'instant. Sur l'histoire qu'il raconte, sur les images, leurs poids, leurs sens ou leurs utilisations. Car oui Oliver Stone est un cinéaste engagé et c'est « là», la particularité première de son cinéma. Il bouscule, harangue et interroge avec une radicalité qui l'honore, cependant cela ne marche pas toujours, mais c'est le jeu avec lui, soit vous aimez, soit vous détesterez. Il n'y a pas d'entre d'eux et même si le dernier film de bon qu'il est fait à mes yeux date de 2004 avec « Alexandre », il était hors de question que je rate pour autant sa rencontre avec « Snowden »

« Le lanceur d’alerte est une personne qui, dans le contexte de sa relation de travail, signale un fait illégal, illicite et dangereux, touchant à l’intérêt général, aux personnes ou aux instances ayant le pouvoir d’y mettre fin. »

2013. La réalisatrice de documentaire Laura Poitras et le journaliste Glenn Greenwald sont à Hong-Kong pour rencontrer un certain «Edward Snowden ». Cet ancien employé et contractuel de la NSA doit leur faire d'immenses révélations sur divers programmes de surveillance de masse qu'il a put récolté lors de son dernier travail à Hawaï. Mais ils ne le connaissent pas vraiment et ne savent pas l'ampleur de ce qui va arriver. Toutefois, ce n'est pas ça qui va impressionner Laura Poitras et c'est avec bienveillance et tact qu'elle amène Snowden à se confier à eux. Tout commence en 2004 lorsque Edward Joseph Snowden alors agé de 21 ans intègre l'armée américaine, avec des principes pleins la tête. Ce n'est pas de tout repos et il donne tout, hélas le physique ne tient pas et lors d'un exercice anodin il se casse les deux tibias et se retrouve réformé. Pas abattu par ce qui lui arrive, son talent en informatique, son intelligence et son sens de la patrie, lui ouvre les portes des agences de renseignements américaines et très vite, il s'y fait une place de choix. Mais petit à petit, Snowden verra ses convictions bafouées et malmenées par les pratiques plus que douteuses de ces employeurs, jusqu'au ou il ne put plus fermer les yeux dessus …

Est ce qu'on a retrouver le grand Oliver Stone avec ce film ? Celui de l'immense J.F.K ? Malheureusement non. Mais le film n'a cependant pas a rougir du résultat, car d'une c'est un film plus que correct et surtout on retrouve enfin un Oliver Stone critique, qui transmet ce regard acerbe qu'il à sur le monde. De par son sujet, de par les questions qui soulèvent, que cela soit sur le gouvernement américain, sur les agences de renseignements, sur les hommes et femmes qui composent ces agences et sur la liberté dans son sens le plus large, « Snowden » à réussi son pari …

Le scénario est écrit par Oliver Stone et Kieran Fitzgerald. Ils se basent sur les livres « The Snowden Files » de Luke Harding et « Time of the Octupus » d'Anatoli Koutcherena, auquel on peut ajouter l'étroite collaboration d'Edward Snowden, notamment sur le fonctionnement des institutions comme la NSA par exemple. Mais là ou on pouvait s'attendre à apprendre plein de choses sur les révélations de Snowden, l'histoire prend le contre-pied de ça en montrant l'autre face de ce lanceur d'alerte, celle de l'homme derrière la machine, celle du gars qui ne veut que servir son pays. Et dans un premier temps c'est assez surprenant, car il faut se l'avouer ce n'est pas très intéressant, ses classes dans l'armée, sa rencontre avec Lindsey ... Sauf que plus le film avance et plus tout ça prend du sens, on comprend ainsi mieux les motivations du personnage, sa personnalité, son envie de bien faire et surtout de servir des grandes causes. Une composante inamovible de sa personne, qui rentre constamment en conflit avec celle prise par la place de sa chérie; une femme qui est son stricte opposé, idéologiquement comme professionnellement, le miroir d'une vie qu'il n'aura jamais mais qui paradoxalement lui donne l'envie de se battre pour ça. La recherche d'un équilibre constant que Snowden ne trouvera qu'en allant au bout de ces convictions …

« De oppresso liber » ou « libéré de l'oppression »

Cette locution latine qui sert de devise au forces spéciales américaines. Une devise que « Snowden » fait siennes et qui témoigne du jusqu'au boutisme de cet homme aux convictions sans failles, qui a choisi l'exil à une vie confortable dans l'archipel d’Hawaï. Un sacrifice qui mets en lumière bien des choses. Un monde toujours scindé en deux, ou les grandes puissances s'affrontent indirectement, ou les intérêts militaires sont toujours prédominant et ou l'on s'assoit sur les libertés fondamentales des citoyens. Un monde ou l'on est faussement libre, ou d'un clic n'importe quelle personne peut se faire espionner, voir sa vie décortiquée, sans que quiconque ne soit au courant, même pas la justice. Tout ça dans le silence coupables des dirigeants de nos nations. Et malgré le regard désabusé d'Oliver Stone, le film est porteur d'espoir, d'un espoir de fou incarner par la personne de Edward Snowden. Un homme qui ne se pose pourtant pas en exemple, car il n'a fait que ce qui lui semblait juste, à savoir rendre le choix et la connaissance aux personnes.

S'il y a deux, trois effets de style dont Stone aurait clairement pu ce passer, le film est globalement bien réalisé. Le réalisateur fait dans la sobriété et illustre son récit sans trop d'éclat, si ce n'est deux séquences dont il a le secret, comme lorsque Snowden explique à Laura Poitras le fonctionnement de la surveillance de la NSA, brillante et effrayante démonstration du pouvoir de ces programmes, ou encore lors d'un face à face saisissant avec son mentor de la CIA. Deux séquences vraiment bonnes et maîtrisées que l'on aurait aimeévoir bien plus souvent, ne serait-ce que pour donner un peu plus de cachet et de rythme à un film qui en manque parfois énormément. Malgré tout cela sied assez bien au message que Stone veut faire passer, avec une dose de bon sentiment, mais surtout beaucoup d'humanité, le final étant là pour toucher et marquer les esprits. D'ailleurs il est bien de saluer la performance du casting dans son ensemble, qui donne ce qu'il faut avec les rôles qu'on leur à attribué. Joseph Gordon-Levitt tient ici son meilleur rôle à ma connaissance, une performance de qualité, pleines de nuances et de justesse qui tient le film de bout en bout. Un dévouement à son rôle qui ira jusqu'à prendre le ton, la diction et l'intonation du vrai Edward Snowden. A ses cotés l'excellente Melissa Leo dans le rôle de Laura Poitras, le très bon Zachary Quinto dans celui de Glenn Greenwald et Tom Wilkinson dans celui de Ewen MacAskill. La jeune actrice Shailene Woodley joue Lindsay Mills, la copine de Snowden et son personnage est tellement réduit à n’être qu'un pion que son jeu s'en ressent, c'est très limité. Puis il y a Nicolas Cage, impeccable en Hank Forrester, Scott Eastwood en Trevor James ou bien sur Timothy Olyphant dans le rôle du cynique Matt Kovar. Mais l'autre grande performance reste celle de Rhys Ifans dans le rôle de Corbin O'Brian, un ponte de la C.I.A qui réserve énormément de surprise …

Un film nécessaire et d'utilité publique ! 

You May Also Like

0 commentaires

Rechercher dans ce blog