Paulina

by - octobre 10, 2015


Paulina, 28 ans, décide de renoncer à une brillante carrière d’avocate pour se consacrer à l’enseignement dans une région défavorisée d'Argentine. Confrontée à un environnement hostile, elle s’accroche pourtant à sa mission pédagogique, seule garante à ses yeux d’un réel engagement politique; quitte à y sacrifier son petit ami et la confiance de son père, un juge puissant de la région. Peu de temps après son arrivée, elle est violemment agressée par une bande de jeunes et découvre que certains d’entre eux sont ses élèves. En dépit de l’ampleur du traumatisme et de l'incompréhension de son entourage, Paulina va tâcher de rester fidèle à son idéal social

Paulina (La Patota) – 30 Mars 2016 – Réalisé par Santiago Mitre

Pour le premier film de la compétition du fifib 2015, le festival retrouve Santiago Mitre ! Déjà dans la sélection lors de la première édition, il vient ici présenter son second long-métrage « Paulina » ! Ce film est un remake d'une œuvre de Daniel Tinayre qui s'intitule « La Patota » sortie en 1960.

Paulina Vidal est une fille qui a grandi dans un milieu favorisé, elle n'a jamais manquait de rien et a pu faire de longues études. Un cursus qui l’amène a être avocate mais a quelques mois de son diplôme, elle arrête tout pour se consacrer a l'éducation d'enfants en milieu défavorisé. Un choix incompréhensible pour son père qui ne la voyait pas faire cela mais peu importe car Paulina ne changera pas d'avis. Elle rejoint ainsi une école située dans l'une des parties les plus pauvres de l'Argentine. Loin d’être effrayée elle entame vite son travail à l'école mais les élèves sont difficiles et malgré toute l'aide de ses collègues, l'adaptation est compliquée. Alors qu'un soir, elle passe un bon moment avec une amie, le retour sera un vrai calvaire car au détour d'un chemin non éclairé, une bande de délinquants l'agressent et la viole... Un acte d'une cruauté sans nom qui malgré tout ne brisera les convictions de Paulina.

Ce second film de Santiago Mitre n'est pas parfait mais j'aurais envie de dire que je m'en fiche un peu car l'histoire contée et l'interprétation de l'actrice principale m'ont entièrement convaincu a la fin ! Bon l'histoire m'a paru par moment convenue car j'ai l'impression qu'on a déjà vu ce genre de récit à l'écran et les transitions trop abruptes entre les différents points de vue sont tellement inattendue que l'on se plus ou on en est ! Des problèmes de narration qui posent aussi des problèmes de rythmes mais dans une moindre mesure vu que Mitre sait ou il va …

C'est dans l'ensemble plutôt bien filmé ! Les couleurs sont belles et la direction artistique est cohérente, à cela on peut ajouter le bon travail de Gustavo Biazzi comme chef-op. Par contre à sa décharge la caméra à l'épaule a ses limites, ce n'est pas toujours précis voir agréable à regarder car je trouve qu'en cadrant aussi près on ne profite pas de l'espace qui nous entoure. Ce qui est dommage vu le coup d’œil qu'a Santiago Mitre pour saisir le joli moment …

Mais le plus fort dans ce film c'est bien l'histoire de Paulina ! Et cela pour plusieurs raisons évidentes, d'une pour ce qu'elle transmet et de deux pour Paulina elle même. En s'engageant auprès d'une école défavorisée, elle réaffirme son soutien au population pauvre délaissé de ce pays, au point de faire passer sa vie au second plan et de montrer l'immobilisme des pouvoirs en place. Et lorsque que l’enquête de son viol est sur le point d'aboutir, elle voit clairement qu'on a torturé les suspects, qu'on les a battu et qu'on leur a arraché des aveux ; des méthodes inconcevables pour elle au point qu'elle les disculpera !!!

Des décisions que Paulina prend, qui sont le reflet de sa conscience et de ses convictions politiques. C'est un brin naif voir dangereux pour elle mais c'est ce qu'elle est et qui montre aussi sa position de femme forte et indépendante. Car tout au long du film, elle devra aussi faire face a une société patriarcale et dominée par les hommes, ce qui l'amène sans cesse à imposer ses choix et sa vision aux hommes qui l'entourent ! Son père s'oppose à ses choix, Paulina le fait; son copain veut la faire avorter après son viol, Paulina ne veut pas; Son copain veut qu'elle dénonce ses agresseurs, Paulina ne le fait pas …

Des choix qui ne sont pas toujours faciles à comprendre ou a accepter pour ses proches, mais ce sont les siens et quand son père lui fait remarquer qu'elle est une victime, elle le sait, elle sait que le monde est violent et cruel mais que cela ne lui sert à rien d’être une victime et qu'elle doit continuer à vivre ….

Paulina est interprétée par la magnifique Dolores Fonzi ! Une actrice incroyable qui capte la caméra avec énormément d'intensité, on sent dans son regard profond toute la force de son personnage et de ses convictions qui l'animent. Une performance vraiment saisissante qui mériterait bien des prix d'interprétations ...

Un rappel aussi fort que les événements qui secouent l'Argentine actuellement !!! Les droits des femmes sont constamment bafouées et les violences qu'elles subissent sont de plus en plus nombreuses (http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/441821/ni-una-menos-les-crimes-machistes-mis-au-pilori)
. Malgré tout le gouvernement ne bouge pas, du moins jusqu'au drame en début d'année ou une institutrice s'est fait égorger par son mari brutal pendant qu'elle était en classe. Un féminicide de trop qui a fait se lever toutes l'Argentine pour faire en sorte que cela change profondément ! Un mouvement qui a pris d'abord sur les réseaux sociaux avec le #NiUnaMenos et qui s'est vite propagée pour faire bouger cela ...

Un film puissant, intense et passionnant porté par le talent de Dolores Fonzi 


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